Au moins 70 civils tués dans de nouveaux raids du régime près de Damas

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Par AFP - Saqba
Publié le 06 février 2018 - 15:04
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Photo prise le 5 février 2018, dans un hôpital de campagne de Zamalka, de civils blessés par des bombardements aériens attribués au régime sur l'enclave rebelle de la Ghouta orientale près de Damas
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© Amer ALMOHIBANY / AFP
Photo prise le 5 février 2018, dans un hôpital de campagne de Zamalka, de civils blessés par des bombardements aériens attribués au régime sur l'enclave rebelle de la Ghouta orient
© Amer ALMOHIBANY / AFP

Au moins 70 civils dont des enfants ont péri mardi dans de nouvelles frappes de l'armée de l'air syrienne contre une enclave rebelle, malgré l'accroissement des pressions internationales sur le régime accusé d'avoir perpétré des attaques chimiques.

Craignant une "aggravation de la crise humanitaire", l'ONU a appelé à une trêve humanitaire d'au moins un mois dans toute la Syrie, pays ravagé par une guerre dévastatrice qui a fait plus de 340.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes depuis mars 2011.

Au lendemain de la mort de 31 personnes dans des raids sur la Ghouta orientale, les avions du régime ont bombardé mardi plusieurs localités de cette enclave , tuant au moins 70 civils dont 18 enfants et blessant une centaine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Il s'agit des raids les plus meurtriers depuis le lancement il y a six semaines d'une opération du régime à la périphérie de la Ghouta orientale une région proche de la capitale Damas, a précisé l'ONG.

A Saqba, l'une des localités de la Ghouta orientale assiégée depuis 2013, les Casques blancs, ces secouristes dans les régions rebelles, ont réussi à sortir des décombres une petite fille au visage ensanglanté. A Kafr Batna, secouristes et habitants, dans un épais nuage de poussière, ont transporté sur des civières ou à mains nues des blessés ensanglantés, au milieu d'un océan de décombres.

Dans la morgue d'un hôpital, une femme s'effondre en larmes. Elle vient d'identifier son mari.

La Ghouta orientale est la cible quasi-quotidienne de bombardements du régime, et ses quelque 400.000 habitants vivent une grave crise humanitaire, avec des pénuries de nourriture et de médicaments.

En représailles, les rebelles ont tiré des roquettes sur Damas, bastion du régime, où trois civils ont été tués mardi, selon l'agence officielle Sana. Plusieurs écoles ont annoncé la suspension des cours sine die à cause des violences.

- Attaques chimiques -

Outre les frappes sur la Ghouta, le régime a intensifié ces dernières semaines ses bombardements contre la province d'Idleb (nord-ouest), contrôlée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et où sont présents plusieurs groupes rebelles syriens.

La veille, 16 personnes ont péri dans les raids à Idleb.

La Ghouta orientale et la province d'Idleb font partie des quatre zones de désescalade mises en place en Syrie en vue de parvenir à un cessez-le-feu global.

Des violences "qui tournent en dérision ces soit-disant zones de désescalade", a dénoncé une commission de l'ONU chargée d'enquêter sur les crimes de guerre en Syrie. "Ces dernières 48 heures, l'ampleur et la férocité des attaques ont considérablement augmenté".

Cette même commission a annoncé qu'elle enquêtait sur des attaques chimiques présumées du régime à Saraqeb, une localité de la province d'Idleb, où 11 cas de suffocation ont été rapportés, mais aussi dans la Ghouta orientale.

Le 22 janvier, l'OSDH a rapporté 21 cas de suffocation dans la Ghouta, des habitants et des sources médicales évoquant alors une attaque au chlore.

Le régime de Bachar al-Assad a nié utiliser ces armes.

Les Etats-Unis, hostiles au régime syrien, l'ont accusé d'y recourir et affirmé qu'ils n'excluaient pas de procéder à des frappes en Syrie.

Lundi au Conseil de sécurité, les Etats-Unis et la Russie, alliée de M. Assad, se sont vertement affrontés à propos d'un texte d'inspiration américaine condamnant des attaques chimiques présumées du régime, que Moscou a voulu amender sans pouvoir recueillir l'accord de Washington

La France a elle jugé trop tôt "à ce stade" pour confirmer de nouvelles attaques chimiques.

- 'Extrême danger' -

Déplorant "une situation extrême" en Syrie, les différentes agences de l'ONU basées à Damas ont réclamé "une cessation immédiate des hostilités pour au moins un mois", selon un communiqué.

L'objectif est de "permettre la distribution d'aide humanitaire, l'évacuation des blessés et des malades dans un état critique, et alléger la souffrance" des civils.

Sur un autre front de la guerre en Syrie, des centaines de personnes, venues des régions kurdes du nord-est, ont manifesté à Afrine (nord-ouest) pour dénoncer l'offensive militaire turque contre l'enclave aux mains des Kurdes, en cours depuis le 20 janvier.

"Entre la Ghouta orientale, Idleb, Afrine, c'est la première fois que nous avons plusieurs fronts avec des gens en situation d'extrême danger, sans une solution en vue", a déploré le coordinateur régional du bureau des affaires humanitaires de l'ONU pour la crise en Syrie, Panos Moumtzis.

Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays régionaux et étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé. Toutes les tentatives pour trouver une solution politique ont échoué jusque-là.

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