Un "nouvel" accord iranien semé d'incertitudes

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Par AFP - Washington
Publié le 25 avril 2018 - 01:45
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Le "nouvel accord" avec l'Iran que le président français Emmanuel Macron a proposé mardi à son homologue américain Donald Trump, est destiné à aller plus loin que l'accord nucléaire existant, pour répondre aux critiques des Etats-Unis.

Voici ce que l'on sait des propositions de M. Macron et des difficultés qu'elles pourraient rencontrer.

- Un nouvel accord élargi -

"Nous avons un désaccord sur le JCPOA", a reconnu M. Macron en utilisant l'acronyme anglais de l'accord de Vienne signé en juillet 2015 entre l'Iran et les grandes puissances (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) après des années de négociations, aux termes duquel Téhéran a accepté de geler son programme nucléaire jusqu'en 2025.

Quelle que soit la décision de M. Trump, qui doit dire le 12 mai s'il rompt cet accord qu'il juge insuffisant, le président français propose de baser les négociations d'un nouvel accord sur quatre questions:

- Maintenir l'interdiction d'enrichissement de l'uranium, première étape pour fabriquer l'arme atomique, comme prévu par l'accord de 2015. Si les Etats-Unis restent dans l'accord, la question est réglée. Si M. Trump décide le 12 mai de quitter l'accord, l'idée est d'ouvrir des discussions sur la façon de continuer à contrôler l'activité nucléaire iranienne malgré tout.

- "S'assurer qu'il n'y ait pas d'activité nucléaire iranienne à long terme", et donc après 2025, date à laquelle des "sunset clauses" de l'accord existant prévoient que certaines restrictions techniques aux activités iraniennes tombent progressivement, ce qui permettrait à Téhéran de reprendre l'enrichissement.

- "Mettre fin aux activités balistiques de l'Iran dans la région", une allusion au programme de missiles de courte et moyenne portées que Téhéran développe depuis plusieurs années.

- "Générer les conditions d'une solution politique qui contiendrait l'Iran dans la région, au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban". M. Macron faisait là référence aux négociations de paix en Syrie, actuellement au point mort en raison notamment de l'opposition de Moscou, allié indéfectible du président syrien Bachar al-Assad et de l'Iran, mais aussi à la guerre civile au Yémen, où Téhéran est accusé de fournir des missiles balistiques aux rebelles Houthis.

Au Liban, l'Iran soutien le Hezbollah que les Etats-Unis considèrent comme un groupe terroriste.

"On ne déchire pas un accord pour aller vers nulle part. Il faut construire un accord sur l’Iran plus large, pour la stabilité de la région", a-t-il conclu.

- Les négociations -

Un "petit groupe" de ministres a déjà commencé à travailler sur le sujet, a affirmé M. Macron, et ils se réuniront de nouveau "bientôt".

La France propose de discuter de ce nouvel accord avec ses alliés européens, mais aussi "bien sûr, avec la Russie et la Turquie".

Ankara est également impliqué dans le conflit syrien, où elle s'inquiète de l'émergence d'une région contrôlée par les Kurdes avec le soutien de Washington.

De son côté Téhéran a averti samedi qu'en cas de rupture de l'accord, l'Iran reprendrait "vigoureusement" l'enrichissement d'uranium.

- Les incertitudes -

Donald Trump est resté évasif sur sa décision sur l'accord iranien, qu'il a menacé de "déchirer" pour imposer de nouvelles sanctions sur le régime iranien, mais il n'a pas semblé rejeter l'offre de M. Macron.

"Personne ne sait ce que je vais faire le 12" mai, a déclaré le président américain. "Je pense que nous aurons une super occasion de faire un bien plus gros accord, peut-être".

"Mais on verra. On verra si je fais ce à quoi certains s'attendent. Si oui ou non il sera possible de faire un meilleur accord, avec des fondations solides", a-t-il ajouté. "Parce que c'est un accord aux fondations pourries, c'est un mauvais accord, une mauvaise structure".

M. Macron a espéré que l'atmosphère très amicale de leurs entretiens aiderait son homologue américain à changer d'avis.

"Si l'heure ou un peu plus que nous avons passée ensemble avait eu pour conclusion de dire: les Etats-Unis sortiront du JCPOA et la France veut le défendre, alors à ce moment-là notre amitié ne servirait à rien", a-t-il dit.

Mais dans l'éventualité où Washington se retirerait, les autres signataires occidentaux réfléchissent déjà à la façon de maintenir l'accord dans une "version non-US", a expliqué le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson.

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