Après le "joker" de Collomb sur les 80 km/h, Edouard Philippe inébranlable

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Par Damien GAUDISSART - Paris (AFP)
Publié le 18 mai 2018 - 15:39
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Edouard Philippe prononce un discours à l'ENA à Strasbourg, le 18 mai 2018
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© FREDERICK FLORIN / AFP
Edouard Philippe prononce un discours à l'ENA à Strasbourg, le 18 mai 2018
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Un mini-couac pour le 1er anniversaire du gouvernement? Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui n'a pas voulu défendre lors d'un meeting la limitation controversée de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, a provoqué vendredi une ferme mise au point d'Edouard Philippe.

"L'ensemble du gouvernement est mobilisé" pour défendre la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, a assuré le Premier ministre, toujours "prêt à assumer" la mesure au lendemain du "joker" du ministre de l'Intérieur.

Lors d'une réunion publique jeudi soir, Gérard Collomb, interpellé sur cette limitation, avait répondu "Je prends un joker sur la question", enchaînant dans un sourire avec la question suivante.

La déclaration de l'ancien maire de Lyon, jugée "inepte" par la présidente de la Ligue contre la violence routière Chantal Perrichon, a relancé les critiques autour du futur plafonnement de la vitesse, appelé à entrer en vigueur le 1er juillet sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central.

Sur BFMTV, Mme Perrichon a dénoncé un "mépris, un désintérêt total [du ministre] en ce qui concerne la vie de ceux qui vivent dans les départements".

Sur Twitter, le député Les Républicains Philippe Gosselin (Manche) a jugé que "ce manque de solidarité gouvernementale montr[ait] bien l’entêtement d’Édouard Philippe sur le sujet", avant de l'inviter à "reculer et revenir au bon sens".

Même son de cloche du côté de Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, opposée à la mesure: "Quand on entend Édouard Philippe, on a l'impression qu'il est le seul à y être attaché", a-t-il regretté vendredi matin sur BFMTV. M. Chasseray, dont l'association apporte "son entier soutien" à Gérard Collomb dans un communiqué, a accusé le Premier ministre de rester "campé dans une posture politique".

Enfin, le député Front national Sébastien Chenu a affirmé sur RMC que la récente séquence illustre une mesure gouvernementale "mal pensée, mal instruite, mal communiquée, qui ne répond pas aux exigences de sécurité sur lesquelles le gouvernement a essayé de la faire passer".

- "Bordélisation" -

Face à ces critiques, Édouard Philippe s'est dit "prêt à assumer" l'"impopularité" de la mesure. "Réduire le nombre de morts et de blessés sur les routes françaises est un véritable enjeu de politique publique", a-t-il déclaré depuis Strasbourg.

Le chef de l'exécutif a ajouté "pouvoir compter sur l'engagement du ministre de l'Intérieur pour faire en sorte que cette décision du gouvernement soit mise en œuvre dans d'excellentes conditions".

Le secrétaire d'État en charge des Relations avec le Parlement Christophe Castaner a abondé dans ce sens. Si au sein du gouvernement "chacun peut avoir ses réserves", la déclaration de Gérard Collomb est à ses yeux un "joker, pas un couac", a-t-il dit sur franceinfo.

"Il faut avoir un peu de fermeté sur ces sujets-là", a encore estimé le patron de La République en marche, lui aussi "prêt à assumer sa part d'impopularité si elle sauve des vies".

Revenant sur ses propos, Gérard Collomb a souligné sur BFMTV et RMC que "le but recherché est un bon but, on a beaucoup de morts sur les routes de France".

Il a également relevé que nombre des routes concernées étaient gérées par les départements, souhaitant qu'on puisse "travailler davantage" avec eux sur la mise en oeuvre des 80 km/h.

"Tout ce que fait le Premier ministre me plaît par définition", a conclu Gérard Collomb dans une tentative de clore la polémique.

En avril, les sénateurs Jean-Luc Fichet (PS), Michel Raison (LR) et Michèle Vullien (Union centriste) avaient déjà suggéré d'organiser des "concertations départementales", afin de surmonter le "souci d'acceptabilité" de la limitation à 80 km/h.

M. Collomb a abattu son "joker" alors que son collègue de la Transition écologique Nicolas Hulot se pose ouvertement la question de son maintien au gouvernement, affirmant mercredi qu'il évaluera à l'été "les leçons" de son action.

Pour Sébastien Chenu, ces deux prises de parole dénotent une "bordélisation de l'action gouvernementale", et "probablement un problème d'autorité du Premier ministre".

Plus tôt dans la matinée, Christophe Castaner avait au contraire estimé que "depuis un an, les couacs ont été très rares" dans l'exécutif.

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