Faute d'accord européen, la France introduira une taxe Gafa en 2019

Auteur:
 
Par AFP - Paris
Publié le 06 décembre 2018 - 09:25
Image
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire le 5 décembre 2018 à Paris
Crédits
© ludovic MARIN / AFP
La France introduira "dès 2019" un taxe nationale sur les géants du numérique si les discussions en cours pour mieux les imposer au niveau européen n'aboutissent pas, a assuré jeudi le ministre des Finances Bruno Le Maire.
© ludovic MARIN / AFP

La France introduira une taxe nationale sur les géants du numérique dès 2019 si les discussions en cours au niveau européen n'aboutissent pas, a annoncé jeudi le ministre des Finances Bruno Le Maire, appelant l'UE à faire preuve de "courage" face aux exigences des citoyens.

"Nous avons obtenu hier un accord avec le vice-chancelier allemand sur ce sujet-là et je me donne jusqu'au mois de mars pour qu'on obtienne une taxation des géants du numérique", a déclaré M. Le Maire, invité de l'émission Les quatre vérités sur France 2.

En cas d'échec des négociations, "nous le ferons au niveau national", a promis le ministre. "Nous le ferons dès 2019 au niveau national: nous taxerons les géants du numérique si les États européens ne prennent pas leurs responsabilités", a-t-il insisté.

Les pays européens discutent depuis le mois de mars d'une directive présentée par la Commission européenne qui prévoit la mise en place d'une taxe sur le chiffre d'affaires des "Gafa" (Google, Amazon, Facebook, Apple), le temps qu'une solution soit négociée à l'échelle mondiale pour mieux imposer les géants du net.

La France, à l'origine de cette proposition, espérait à l'origine faire approuver avant le 31 décembre cette directive. Mais plusieurs pays européens, comme l'Irlande et le Danemark, se sont opposés ces derniers mois à ce projet. l'Allemagne - qui craint des mesures de rétorsion américaines pour son industrie automobile - a également montré des réticences.

Pour tenter de sauver un accord, Paris a proposé mardi avec Berlin une version édulcorée du projet, prévoyant l'adoption de la directive au plus tard en mars 2019, pour une entrée en vigueur en 2021.

Cette nouvelle proposition réduit considérablement l'assiette de taxation par rapport à ce qui était prévu dans ce projet de la Commission, puisqu'elle propose de se concentrer seulement sur la taxation de la vente de publicités en ligne, par conséquent essentiellement sur Google et Facebook.

- "prendre ses responsabilités" -

"Je ne lâcherai rien", a toutefois assuré jeudi Bruno Le Maire. "L'argent, il est chez les géants du numérique, qui font des profits considérables grâce aux consommateurs français, et qui payent 14 points d'imposition en moins que les autres entreprises", a-t-il ajouté.

S'exprimant quelques heures plus tard lors d'un forum économique entre la France et la Roumanie, qui doit assurer au 1er janvier la présidence tournante de l'Union européenne, le locataire de Bercy a de nouveau évoqué la possibilité d'une décision unilatérale si l'Europe ne prenait pas "ses responsabilités".

"Nous avons franchi une première étape mardi matin. Est-ce que c'est autant que je le voulais? Non, j'ai la franchise de le reconnaître. Mais au moins c'est un point de départ", a souligné le ministre, jugeant nécessaire d'aller plus loin sur se sujet.

"Si cette fois-ci, nous parvenons à l'unanimité européenne sur un projet de taxation (...) ça montrerait que l'Europe a du courage. Et ce qui fait le plus défaut à la politique en Europe, c'est le courage", a-t-il martelé, avant de mettre en garde ses homologues européens contre la montée des "populismes".

"Ayons à cœur de défendre les intérêts des peuples européens, ils nous en seront reconnaissants. Si, en revanche, ils ne voient des dirigeants que tremblants face aux risques de réactions, face aux sourcils qui se lèvent, et bien ils choisiront d'autres dirigeants, moins responsables et pas forcément les mieux avisés pour obtenir gain de cause."

Des initiatives pour taxer les Gafa et autres géants du numérique ont déjà été prises au niveau national dans plusieurs pays, comme le Royaume-Uni et Singapour. Mais les mesures en ce sens, restent à ce stade timorées. En Italie, les députés ont ainsi voté en fin d'année dernière une taxe sur des transactions internet, mais la loi n'entrera finalement pas en vigueur.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.