La suppression de l'ENA : un "coup de communication"

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Par AFP - Strasbourg
Publié le 16 avril 2019 - 23:13
Mis à jour le 17 avril 2019 - 07:42
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Emmanuel Macron devait annoncer lundi la suppression de l’ENA, installée à Strasbourg depuis le années 90
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© PATRICK HERTZOG / AFP/Archives
Emmanuel Macron devait annoncer lundi la suppression de l’ENA, installée à Strasbourg depuis le années 90
© PATRICK HERTZOG / AFP/Archives

Emmanuel Macron devait annoncer lundi soir, selon un projet d'allocution dont l'AFP a obtenu copie, la suppression de l’ENA, installée à Strasbourg depuis le années 90. Un "très bon coup de communication mais qui ne règle absolument pas le problème de la formation des hauts fonctionnaires", selon David Guilbaud, énarque et auteur de "L'illusion méritocratique" (Éditions Odile Jacob).

QUESTION: Faut-il supprimer l’ENA pour rétablir l'ascenseur social ?

REPONSE: Depuis des années, il y a des réflexions sur une réforme de l’ENA, le classement de sortie et le contenu de la scolarité. Sans réelle réponse du côté de l’école ou de l’exécutif. Aujourd’hui, on nous sort comme réponse miracle à la crise des gilets jaunes la suppression de l’ENA. La question c’est : que va-t-on mettre à la place? Le projet originel de l’ENA reste valable. Il était de créer une école pour avoir à la fois des fonctionnaires bien formés et indépendants. Mais la logique du classement de sortie a complètement dévoyé ce projet. Elle embarque les élèves dans une course à l’échalote au détriment des contenus intellectuels qui devraient être dispensés par l’école. La vraie question n'est pas celle de la suppression mais celle de la réforme. Elle exigerait une réflexion approfondie, au-delà d'un très bon coup de communication mais qui ne règle absolument pas le problème de la formation des hauts fonctionnaires ni celui des inégalités sociales d’accès à la haute fonction publique.

QUESTION : Quelles seraient les pistes d'une réforme de l'ENA?

REPONSE : La question centrale, c'est : veut-on, comme dans le cas des élèves externes de l’ENA (admis après au moins trois ans d'études, NDLR), que dès 25 ans, les énarques aient une carrière toute tracée? Ou veut-on un dispositif plus progressif? Il y a bien aujourd’hui le concours interne (à l’administration) pour accéder à l’ENA, destiné à des personnes qui ont une expérience et passent le concours pour franchir le plafond administratif qui les empêche de progresser. Mais ces personnes sont mises dans le même panier que les externes formatés pour les épreuves du classement de sortie. Et, de fait, les externes sont surreprésentés dans les premières places et trustent dans une large mesure l'accès aux grands corps de l’Etat. On pourrait imaginer un autre modèle, fondé sur une logique de progression de carrière.

QUESTION: C’est le modèle de l’Ecole de guerre, des officiers qui font l’école de guerre après avoir servi un certain temps et révélé leurs qualités...

REPONSE: Oui. Mais il ne faut pas exagérer. Certains critiquent l’ENA en disant que, dans l’armée, être passé par Saint-Cyr et l’Ecole de guerre ne donne aucune garantie de terminer général. Ils semblent croire que les énarques bénéficient d’un droit à occuper, plus tard, les postes les plus prestigieux de l’administration. C’est un peu simpliste. Tous ceux qui accèdent à ces très hauts postes sont énarques, mais tous les énarques n’y accèdent pas. Il y a toujours une sélection en fonction du parcours et de l’expérience. Il faut donc éviter l’écueil d’une stigmatisation des énarques en général, comme si ces derniers bénéficiaient d’une rente qui les dispenserait de faire leurs preuves.

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