Des patriarches chrétiens du Moyen-Orient plaident pour un retour des réfugiés en Syrie

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Par Catherine MARCIANO - Bari (Italie) (AFP)
Publié le 07 juillet 2018 - 06:23
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Le pape François accueille des dignitaires religieux devant la basilique Saint-Nicolas, le 7 juillet 2018 à Bari, en Italie
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© Alberto PIZZOLI / AFP
Le pape François accueille des dignitaires religieux devant la basilique Saint-Nicolas, le 7 juillet 2018 à Bari, en Italie
© Alberto PIZZOLI / AFP

Des patriarches chrétiens de Syrie et du Liban sont venus à Bari (sud de l'Italie) pour appeler à une aide internationale au retour des réfugiés syriens dans leur pays, saisissant l'occasion d'une rencontre au sommet samedi avec le pape François.

Le pape argentin et presque tous les patriarches des Églises du Moyen-Orient se retrouvent samedi matin dans la ville portuaire pour montrer leur solidarité avec les chrétiens d'Orient.

"Nous vivrons ensemble une journée de prière et de réflexion sur la toujours dramatique situation de cette région, où tant de nos frères et soeurs croyants continuent à souffrir", a expliqué récemment le pape.

Dix hauts dignitaires orthodoxes, sept catholiques et un luthérien ont répondu à son appel. Selon la tradition chrétienne, la basilique de Bari abrite les reliques de saint Nicolas de Myre (Turquie actuelle), mort au IVè siècle et vénéré par les orthodoxes et les catholiques.

C'est là que le pape accueillera les patriarches des autres Églises, avant de pénétrer avec eux dans la crypte abritant les reliques. Ils prieront ensemble sur le front de mer, où des solistes chanteront en arabe et en araméen.

Puis ils se retireront pour des discussions à huis clos, avant de sortir sur le parvis de la basilique pour libérer des colombes remises par des enfants.

Pour le cardinal libanais Béchara Raï, le patriarche des maronites, les États occidentaux doivent désormais "encourager" les réfugiés syriens à rentrer en Syrie, "un droit de citoyen" qui doit être séparé du volet politique.

Les gouvernements doivent "aider financièrement les gens chassés de leur terres à réparer leurs maisons" au lieu de "répéter qu'il n'y a pas la paix" au moment où "les bombardements sont extrêmement localisés", explique à l'AFP ce prélat.

Pour lui, le Liban, rare pays de pluralité culturelle et religieuse de la région, est en train d’être "sacrifié" pour avoir ouvert solidairement ses portes à 1,750 million de réfugiés syriens sur une population totale de 4 millions d'habitants.

Il rejoint ainsi la position de ses proches interlocuteurs chrétiens de Syrie interrogés par l'AFP, comme l'archevêque grec-catholique d'Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart. "Le régime est une chose, le terrain une autre", confie cet homme qui n'a jamais abandonné sa ville bombardée.

Il a lancé une campagne intitulée "Alep vous attend", finançant les retours grâce à des bienfaiteurs suisses.

Sur 170.000 chrétiens de la ville avant la guerre, il en reste peut-être 60.000, calcule-t-il. Ceux qui sont partis en Occident ne reviendront pas, ce qui n'est pas le cas des réfugiés des pays limitrophes.

Malgré les critiques, le régime syrien "a le mérite d'insister sur la laïcité, le pluralisme et l'égalité de tous les citoyens", dans un pays mosaïque d'ethnies et de confessions, dit-il. Car la seule alternative, selon lui, est "un régime fondamentaliste musulman" dans un pays non préparé à la démocratie à l'occidentale.

-Aidez-nous chez nous!-

"Ce qui m'empêche de dormir c'est l'exode, le plus grand mal qui soit pour notre Église et notre pays", confie-t-il, ému, en jugeant qu'il n'est plus opportun d'organiser des "corridors humanitaires" vers l'Europe.

"Certains pensent qu'avec un visa ils ont un billet pour le ciel, mais ils vont être un numéro parmi des dizaines de milliers de réfugiés. Maintenant que la sécurité est revenue, aidez-nous chez nous!"

Le patriarche syrien-orthodoxe Ignace Ephrem II, qui vit à Damas, juge que "l'Occident a été très focalisé sur un changement de régime, or notre plus grande crainte est de remplacer un régime séculaire par un gouvernement probablement islamique".

"En tant que chrétiens nous avons le sentiment d'avoir été abandonnés", résume-t-il, "les programmes d'aide gouvernementale internationale ne nous parviennent pas, au lieu de nous aider, on nous accuse d'être des suppôts du gouvernement".

S'il se réjouit du rassemblement d'unité de Bari, il regrette les prises de position régulières du pape qui semblent "blâmer un côté seulement".

La situation en Syrie "reste grave", a déploré dimanche François, en référence à de nouveaux bombardements du régime syrien et de son allié russe dans le sud du pays (près de la Jordanie).

La semaine dernière, devant les membres des oeuvres d'aide aux Églises orientales, le pape avait évoqué "le risque d'effacer les chrétiens du Moyen-Orient", terre d'origine du christianisme.

Le pourcentage de chrétiens au Moyen-Orient est passé de 20% avant la Première guerre mondiale, à 4%, selon le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'union des chrétiens. Or "ils sont un élément essentiel d'équilibre de la région et ils participent à son identité".

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