Ocasio-Cortez, benjamine du Congrès et espoir de l'aile gauche du parti démocrate

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Par Catherine TRIOMPHE - New York (AFP)
Publié le 07 novembre 2018 - 06:55
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Alexandria Ocasio-Cortez, élue à 29 ans à la Chambre des représentants, s'adresse à ses supporters à New York, le 6 novembre 2018.
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© Don EMMERT / AFP
Alexandria Ocasio-Cortez, élue à 29 ans à la Chambre des représentants, s'adresse à ses supporters à New York, le 6 novembre 2018.
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Pari gagné pour la nouvelle égérie de l'aile gauche du parti démocrate américain: Alexandria Ocasio-Cortez est devenue à 29 ans la plus jeune élue du Congrès, où elle devrait être la figure de proue d'une vague de femmes et de minorités prêtes à bousculer les élites pour défendre les "petites gens" à Washington.

"Ce soir, nous sommes entrés dans l'histoire", a lancé mardi la jeune New-Yorkaise d'origine hispanique à ses supporters, après sa large victoire --attendue-- sur son adversaire républicain Anthony Pappas, dans une circonscription new-yorkaise qui est un bastion démocrate.

"Ce n'est pas juste une campagne ou une journée électorale", mais "un mouvement plus large pour la justice économique, sociale et raciale", a-t-elle affirmé. "Il n'y a rien de noble à préserver un statu quo qui ne répond pas aux besoins des Américains qui travaillent!"

Ocasio-Cortez, née d'une mère portoricaine et d'un père américain, est devenue ces derniers mois une star de l'aile gauche du parti démocrate.

Sa victoire surprise lors de la primaire fin juin face à un baron de la Chambre des Représentants, Joe Crowley, a érigé du jour au lendemain cette jeune femme, qui revendique l'étiquette socialiste, au rang d'enfant prodige de la politique.

- Campagne modèle -

Sa campagne est devenue un modèle pour tous les candidats à la gauche du parti démocrate.

Mardi soir encore, elle a lancé un message d'encouragement au candidat démocrate au Texas Beto O'Rourke, battu par le sénateur conservateur sortant, Ted Cruz, en déclarant: "nous arriverons à retourner le Texas, ce n'est qu'une question de temps!".

Après avoir lancé sa campagne en mai par un clip vidéo "maison" devenu viral, Ocasio-Cortez avait arpenté inlassablement sa circonscription avec deux mots d'ordre: rejet de tout financement des grands donateurs démocrates, et priorité aux classes moyennes avec des promesses de couverture santé universelle, d'universités publiques gratuites et de logements abordables. Des prises de position proches de celles du sénateur Bernie Sanders, pour lequel elle avait travaillé lors de la campagne présidentielle en 2016.

Le tout appuyé par les réseaux sociaux, son sourire généreux et un sens du contact capable de dérider les électeurs les plus apathiques, qu'elle a peaufiné en travaillant quatre ans comme serveuse dans un bar new-yorkais.

Sa réussite a rempli d'espoir de nombreux candidats issus de minorités --ethniques, religieuses ou sexuelles-- jusqu'ici peu représentées au Congrès.

D'autant qu'Alexandria Ocasio-Cortez ne s'est pas ménagée pour les soutenir: après sa victoire aux primaires, elle a sillonné les Etats-Unis pour appuyer leur campagne, souvent plus difficile à remporter que la sienne.

- "Petit poisson dans un grand bocal" -

"Elle est devenue la tête d'affiche de ce mouvement", soulignait récemment Debbie Walsh, directrice du Centre sur les femmes en politique de l'université Rutgers. "Comme une rockstar" qui utilise "son statut de vedette pour aider les autres candidats, tout en se forgeant une base".

Mais ce statut a aussi fait aussi d'elle une cible privilégiée des conservateurs.

La chaîne Fox News comme le Comité national républicain n'hésitent pas à la diaboliser, la comparant au dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, et de nombreux "memes" circulent sur les réseaux sociaux pour la ridiculiser.

Même certains démocrates ont eu du mal à digérer son ascension fulgurante, voyant dans son socialisme revendiqué une menace pour leur parti.

"Les météorites disparaissent très vite", avait ironisé un élu de Floride, Alcee Hastings.

La question maintenant est de savoir si ses idées très à gauche pourront séduire une majorité de démocrates.

"Des universités gratuites, une assurance-maladie universelle sont des idées séduisantes, mais très coûteuses", souligne Debbie Walsh. "Je ne suis pas sûre qu'elle-même croie qu'elles puissent aboutir (...). Elle va devoir faire des compromis" avec les autres démocrates.

"Elle sera clairement un petit poisson dans un grand bocal", reconnaissait récemment une de ses jeunes fans, Kaitlyn Richter, du Queens. "Mais j'ai de l'espoir. Comme elle n'a aucun lien avec les patrons, elle pourra dire ce qu'elle pense vraiment."

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