"Django" : Reinhardt, le guitariste de jazz aux doigts d'or (VIDÉO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 25 avril 2017 - 03:57
Mis à jour le 26 avril 2017 - 18:55
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Reda Kateb Film Django
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©Roger Arpajou/Pathé Films
Reta Kateb a appris à jouer de la guitare avec trois doigts pour interpréter Django Reinhardt.
©Roger Arpajou/Pathé Films
Le génial guitariste de jazz manouche Django Reinhardt fait l'objet d'un film, "Django", ce mercredi dans les salles. Ce n'est pas un biopic, il raconte quelques mois de la vie du musicien, en 1943 sous l'Occupation, quand celui-ci était courtisé par les Nazis alors que les Tsiganes étaient persécutés en Europe.

C'est le plus grand guitariste de jazz français de l'histoire. Django Reinhardt (1910-1953) fait l'objet d'un film, Django, qui sort ce mercredi 26 sur les écrans français.

Un film mais pas un biopic. On n'y raconte pas l'enfance du musicien tsigane, né en Belgique en 1910; ni l'incendie de sa roulotte en 1928 qui le priva de l'usage de deux doigts de sa main gauche; ni sa rencontre avec le violoniste Stéphane Grappelli (1908-1997) avec qui il fonda le Quintette du Hot Club de France en 1934; ni l'accueil mitigé qu'il reçut lors de sa tournée aux États-Unis après la guerre; ni sa mort, des suites d'une hémorragie cérébrale, en 1953 à l'âge de 43 ans.

Le film se concentre sur quelques mois de sa vie, en 1943, sous l’Occupation. Django Reinhardt (interprété par Reda Kateb) est au sommet de son art, il triomphe dans les cabarets et les grandes salles, et les Allemands adorent son swing aérien et sa façon de révolutionner le jazz. "Je suis musicien, je joue de la musique, peu importent les gens qui viennent m'écouter", dit-il, insouciant.

Mais pendant qu'il joue dans Paris occupé, ses frères tsiganes sont persécutés par les Allemands dans plusieurs pays d'Europe. Et quand la propagande nazie veut l’envoyer jouer en Allemagne pour une série de concerts, sa maîtresse et amie Louise de Clerck (Cécile de France), "la reine des nuits de Montparnasse", le met en garde contre le danger que cela représente pour lui et sa famille. Elle lui conseille de ne pas y aller et de s'enfuir en Suisse…

Django est le premier film réalisé par Étienne Comar, connu jusqu'à présent comme scénariste (Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, Les saveurs du palais de Christian Vincent) et comme coproducteur du film Timbuktu, du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako (7 César en 2015).

"Je ne voulais pas faire un +biopic+ de Django, en survolant toute sa vie, mais trouver le bon axe. Cette période de l’été 1943 à la Libération me permettait le mieux d’aborder les thèmes qui me sont propres et me touchent, notamment son aveuglement musical et la prise de conscience d’artiste qui s’en suit", dit-il, expliquant avoir reçu l'aval de David Reinhardt, le petit-fils de Django.

"Cette période de sa vie montre bien cette faculté qu’a la musique de vous extraire du monde. Django est alors au summum de son succès, le swing était officiellement banni, les Tsiganes étaient persécutés dans toute l’Europe mais Django ne semblait apparemment pas le voir", ajoute-t-il.

Le film se base sur certains faits réels mais racontés de manière subjective et romancée, notamment un concert privé donné par Django Reinhardt et ses musiciens à Thonon-les-Bains, dans une grande villa en présence de nombreux dignitaires allemands, qui est un des moments forts du film.

La réalisation est un peu paresseuse, convenue, sans grande originalité, entre bons sentiments et faux suspense, avec des Tsiganes parfois un peu trop folkloriques. Et la direction d'acteurs ne permet pas toujours à Reta Kateb (cheveux en arrière et petite moustache mais sans chercher le mimétisme à tout prix), et à Cécile de France d'être entièrement crédibles, malgré leurs efforts et quelques scènes émouvantes (la belle séquence finale, notamment).

Heureusement il y a les moments musicaux, que ceux qui aiment le jazz vont trouver trop rares (et les autres, trop nombreux). Reta Kateb a appris à jouer de la guitare avec une prothèse à la main gauche reproduisant la blessure de Django Reinhardt, et les morceaux ont été joués en playback par des musiciens professionnels, qui ont fait revivre le jazz manouche du génial guitariste –et c'est l'une des réussites du film.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

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