"Foxcatcher" : Steve Carell sérieux candidat à l'Oscar du meilleur acteur

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 20 janvier 2015 - 05:20
Mis à jour le 24 janvier 2015 - 01:59
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Steve Carell dans "Foxcatcher".
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©Mars Distribution
Steve Carell est nommé pour l'Oscar du meilleur acteur pour ce rôle dans "Foxcatcher"
©Mars Distribution
Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, "Foxcatcher", du réalisateur américain Bennett Miller, est sorti sur les écrans français ce mercredi 21 janvier. Le film a obtenu cinq nominations pour les Oscars, dont celui du meilleur acteur pour Steve Carell, fascinant en milliardaire obsessionnel et paranoïaque.

C'est l'histoire vraie d'un milliardaire cyclothymique qui rêvait d'être lutteur et a consacré son temps et son argent à ce sport avant une fin tragique. Dans son film Foxcatcher, nommé pour les prochains Oscars, le réalisateur Bennett Miller dresse le portrait inquiétant et sombre de John du Pont, héritier de la famille fondatrice de la célèbre entreprise américaine DuPont de Nemours.

Mark Schultz (Channing Tatum), médaillé d'or de lutte aux Jeux olympiques de 1984, est entraîné par son grand frère Dave (Mark Ruffalo), qu'il adore mais dont il subit l'ascendant. Quand il est invité par le riche héritier John du Pont (Steve Carell) à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour préparer les Jeux de Séoul en 1988 au sein d'une équipe baptisée "Foxcatcher", il saute sur l'occasion.

Flatté d’être l’objet d’attentions de la part du milliardaire et ébloui par l’opulence de son monde, Mark voit chez son bienfaiteur un père de substitution, dont il recherche constamment l’approbation. Et il en profite pour s'éloigner de son frère Dave et desserrer l'emprise que celui-ci a sur lui.

Mais les motivations de John du Pont sont obscures. Goût de la manipulation, paranoïa, obsession de gagner enfin le respect de sa mère qui le juge durement, volonté refoulée de devenir lutteur, pulsions crypto-homosexuelles, comportements excentriques, passion pour la chasse et les armes à feu: tout cela va mal finir...

"Ma volonté de découvrir les subtilités et les non-dits dépasse toujours l’intérêt superficiel d’une histoire. Dans chaque histoire, il y a des secrets bien enfouis, et ce qui me plaît, c’est d’étudier moi-même la documentation et de découvrir des éléments inattendus", explique le réalisateur Bennett Miller, dont c'est le troisième film, tiré d'une histoire vraie comme les deux précédents: Truman Capote en 2005 (qui avait valu l'Oscar du meilleur acteur à Philip Seymour Hoffman) et Le Stratège en 2011 (dans lequel Brad Pitt incarnait Billy Beane, ancien coach de l'équipe de baseball des Athletics d'Oakland).

Les rapports complexes entre les deux frères puis les rapports encore plus troubles entre eux et John du Pont sont décrits dans une mise en scène sobre, sombre, sans musique ni artifices, avec des silences de plomb, des sous-entendus, une atmosphère lourde, une lumière blafarde. Le film a reçu le Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, et est en course pour l'Oscar du meilleur réalisateur (mais pas du meilleur film) qui sera décerné le 22 février.

Autre Oscar possible, celui de meilleur acteur pour lequel est nommé Steve Carell, 52 ans, très remarqué à Cannes, impressionnant et inquiétant dans son personnage mutique, affublé d'une prothèse nasale pour mieux ressembler au vrai John du Pont. L'acteur, longtemps abonné aux rôles de comique (Bruce tout-puissant, 40 ans toujours puceau, Max la menace, Crazy Stupid Love), est enfin célébré par Hollywood, après un premier rôle "sérieux" dans Little Miss Sunshine en 2006.

Il donne une épaisseur à ce personnage énigmatique de John du Pont, qui avait exploré plusieurs voies (l’ornithologie, la conchyliologie, la philatélie, la philanthropie, le pentathlon olympique et le sponsoring de toutes sortes de sports) avant de se consacrer à la lutte et de finir dans la rubrique des faits divers.

Etrange destin que celui de cet héritier de DuPont de Nemours, entreprise de fabrication de poudre à canons et d'explosifs fondée en 1802 par des immigrants français, puis créatrice au XXe siècle du nylon, du téflon, du kevlar et du lycra, et aujourd'hui multinationale de la chimie, de la biologie et des industries scientifiques, présente dans plus de 70 pays. Une entreprise où l'on fredonne rarement "C'est la lutte finale"...

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

 

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