"Le Prince oublié" : Omar Sy, papa conteur (vidéo)

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France-Soir
Publié le 10 février 2020 - 20:35
Mis à jour le 31 janvier 2020 - 01:42
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Omar Sy François Damiens Film Le Prince Oublié
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©Julien Panié/Pathé Films
Pritprout le méchant (François Damiens, à gauche) et le Prince (Omar Sy): ennemis mais complices.
©Julien Panié/Pathé Films

SORTIE CINÉ – Pour un enfant, "grandir est la plus belle des aventures", lit-on sur l'affiche. Mais pour ses parents, ce n'est pas de tout repos: c'est ce que raconte le film Le Prince oublié, qui sort sur les écrans ce mercredi 12 février, avec Omar Sy en vedette.

C'est le nouveau film de Michel Hazanavicius, qui fait preuve d'un bel éclectisme dans sa carrière de réalisateur: tour à tour deux comédies d'action loufoques (les deux 0SS 117 en 2006 et 2009), un film muet en noir et blanc couvert d'Oscars et de César (The Artist, 2011), un drame poignant sur la guerre en Tchétchénie (The Search, 2014), un biopic audacieux sur Jean-Luc Godard (Le Redoutable, 2017), et maintenant cette comédie familiale en forme de conte fantastique.

Lire les critiques:

> The Search: Michel Hazanavicius s'en va en guerre (vidéo)

> Le Redoutable: Godard hargneux, drôle et amoureux (vidéo)

Veuf depuis quelques années, Djibi (Omar Sy) élève seul sa fille Sofia, 8 ans, à qui il raconte une histoire différente tous les soirs pour l'endormir. Ces récits qu'il invente prennent vie dans un monde imaginaire et merveilleux dont l'héroïne est toujours la princesse Sofia et son père le Prince courageux, qui la protège des multiples dangers et du méchant de l'histoire, le bouffon Pritprout.

Mais Sofia grandit. Elle a maintenant 11 ans, elle rentre au collège et, un soir, pour la première fois, elle dit qu'elle n'a plus besoin d'histoire pour s'endormir: "Papa, j'ai 11 ans. Je peux me les faire toute seule mes histoires maintenant, tu comprends?".

C'est la fin

Dans le monde imaginaire du Prince, c'est la révolution, la catastrophe, l'apocalypse: "C'est la fin, mon pote", lui dit Pritprout. Dans la vraie vie, le père, désarmé, doit accepter que sa fille grandisse, qu'elle s'éloigne de lui, qu'il ne soit plus son seul héros quotidien…

Le film comporte deux niveaux de lecture pour le spectateur, celui de la réalité et celui des histoires imaginaires: un procédé souvent employé au cinéma, comme dans Le Magnifique de Philippe de Broca en 1973, avec un Jean-Paul Belmondo jouant à la fois un modeste écrivain dans le réel et son héros super-espion dans ses histoires.

"Ce que je voulais mettre en place, ce sont les deux niveaux de l’histoire­: un dans le monde réel, l’autre dans l’imaginaire qui est une sorte de projection mentale très stylisée de l’univers du père joué par Omar Sy", explique le réalisateur. "Et si ce qui se passe dans la réalité est assez simple, voire banal (un papa confronté au fait que sa fille grandit), dans l’imaginaire, les conséquences sont énormes, ça devient une aventure épique­!"

Père attentionné et touchant

Pour le monde réel, Omar Sy est un papa attentionné et touchant, avec deux jeunes actrices très à l'aise pour jouer Sofia à deux âges différents (Keyla Fala à 8 ans, Sarah Gaye à 11 ans) et une voisine (Bérénice Bejo, vu récemment dans Fais de beaux rêves) elle aussi célibataire, tiens, tiens: c'est le côté comédie sentimentale et familiale du film.

Le côté conte fantastique, lui, met en scène un monde imaginaire coloré qui ressemble à un décor géant de cinéma, dans lequel le Prince porte une collerette façon fraise du XVIe siècle et des collants aux rayures mauves et jaunes, avec des oiseaux invisibles, un éléphant tricotté, un homme-aquarium, un poulpe en peluche et un Pritprout (François Damiens) plus complice que méchant.

Lire les critiques:

> Yao: Omar Sy sur la terre de ses ancêtres (vidéo)

> Ôtez-moi d'un doute: François Damiens et ses deux pères (vidéo)

> Fais de beaux rêves: l'obsession d'un orphelin (vidéo)

Le Prince a peur de perdre sa place dans le monde imaginaire car le père a peur de perdre la sienne auprès de sa fille dans la vie réelle: leurs destins sont liés. "Quand nos enfants commencent à nous échapper, notre inconscient lui aussi est bouleversé­: nous ne sommes plus de jeunes parents et les rapports changent, deviennent moins ludiques. (…) Tout cela crée forcément des tensions et je crois que la fameuse «­crise d’adolescence­» est souvent une crise des parents", dit Michel Hazanavicius, père (avec Bérénice Bejo) d'un fils de 11 ans et d'une fille de 8 ans, et de deux grandes filles de 21 et 17 ans (nées d'une précédente union).

L'envers du décor

"J’ai voulu m’adresser d’abord aux enfants, sans pour autant oublier les parents qui les accompagnent", ajoute-t-il. Hommage à la paternité, le film mélange habilement ses deux histoires, avec quelques belles astuces de réalisation et de jolis moments. Il donne aussi à réfléchir sur l'envers du décor de l'industrie du cinéma (comme le faisait The Artist) et, plus généralement, avec poésie et tendresse, sur le passé, le présent, le futur, la mémoire et les souvenirs –le temps qui passe et qui fait grandir les enfants.

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