"Salafistes" : la limite d'âge abaissée de 18 à 16 ans

Saisi en urgence, le tribunal administratif de Paris a abaissé à 16 ans la limite d'âge attribuée au film "Salafistes". Le ministère de la Culture avait décidé de l'interdire aux moins de 18 ans en raison des discours radicaux et sans analyse complémentaire qui y sont tenus.

La justice a abaissé jeudi à 16 ans l'interdiction du documentaire controversé sur l'islam radical Salafistes que le ministère de la Culture avait, lui, interdit aux moins de 18 ans, a annoncé l'avocat du ministère.

"Nous sommes surpris de la décision du juge des référés du tribunal administratif de Paris car nous pensions que le fait d'abaisser l'âge d'interdiction pour un film relevait du pouvoir du ministre de la Culture", a déclaré à l'AFP Me Jacques Molinié.

Le tribunal avait été saisi en référé (procédure d'urgence) par les auteurs du documentaire, François Margolin et Lemine Ould Salem, qui contestaient la décision prise le 27 janvier par Fleur Pellerin, alors ministre de la Culture, d'interdire le film aux mineurs en raison de "l'extrême violence" de certaines scènes diffusées sans commentaires.

Tourné au Mali, en Irak, Algérie, Tunisie et Mauritanie, Salafistes, qui entend montrer les djihadistes "tels qu'ils sont", selon ses auteurs, donne la parole à des responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et à des autorités religieuses salafistes, adepte d'un courant radical de l'Islam.

Il est entrecoupé d'images de propagande et de vidéos djihadistes, sans voix off, ni commentaires et montre de façon très crue l'application de la charia au quotidien.

Alors ministre de la Culture, Fleur Pellerin avait annoncé en janvier dernier suivre l'avis de la commission de classification des œuvres cinématographiques (CNC) -chargée d'émettre un avis pour le ministère- en maintenant l'interdiction aux moins de 18 ans.

Le CNC avait jugé que "ce film qui donne sur toute sa durée et de façon exclusive, la parole à des responsables salafistes, ne permet pas de façon claire de faire la critique des discours violemment antioccidentaux, anti démocratique de légitimation d’actes terroristes, d’appels au meurtre d’infidèles présentés comme juifs et chrétiens, qui y sont tenus. Les images parfois insoutenables soutiennent ces propos en dépit de la volonté des réalisateurs de les utiliser en contre-point".

Il est extrêmement rare que l'interdiction aux moins de 18 ans, réservée habituellement aux films jugés trop violents ou trop pornographiques, touche un documentaire.

Outre la limite d'âge, le documentaire a rencontré une grande frilosité de la part des salles de cinéma. Seules quelques unes ont accepté de le diffuser. Le film est en revanche disponible sur Internet.