Fauve impose sa griffe

Auteur(s)
VL
Publié le 27 janvier 2015 - 17:17
Mis à jour le 30 janvier 2015 - 18:47
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Le groupe Fauve.
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©Fauve/Facebook
A visages découverts sur scène, les membres de Fauve restent très discrets dans les médias.
©Fauve/Facebook
Avec leurs textes fleuves, leur son inclassable et leur mélancolie rageuse, les discrets membres du groupe Fauve ont été l'une de révélation musicale 2014 et élevé au rang de porte-parole d’une génération. Un statut qu'ils doivent confirmer avec la sortie de leur deuxième album, le 16 février prochain.

Fauve, c’est avant tout le rugissement d’une génération. Le cri d’une jeunesse coincée entre sa chance de vivre dans notre société et les démons qui la poursuivent. Ces démons dont elle n’a pas le droit de se plaindre parce que "de toute façon c’est comme ça et il y a pire ailleurs". La phrase est tirée d’un des premiers titres du groupe, Sainte Anne, du nom du célèbre hôpital psychiatrique parisien.

La psychothérapie, c’est le mode d’expression de Fauve, qui utilise la musique comme un exutoire. Le groupe se raconte, raconte ses angoisses au travers de ses textes. Du moins on l’imagine, car les membres cultivent un anonymat à la Daft Punk. Si leurs noms ne sont pas secrets, ils ne les affichent pas dans les médias, pas plus que leurs visages.

La différence comme signature

Oui Fauve –qui tire son nom du film de 1992 Les Nuits fauves de Cyril Collard– est un peu spécial, d’abord par son style musical. A vouloir le définir, on ne pourrait arriver qu’à une énumération de styles: pop, rock, new-wave, rap, techno… Bref, rien de bien clair. 

C’est pourtant simple: Fauve est différent, comme en témoigne sa griffe "≠", le signe mathématique de "n’est pas égal à". 

Ce qui différencie le collectif, c’est avant tout ses textes fleuves, bien loin du traditionnel couplet-refrain-couplet. La voix adolescente du chanteur déclame ses rimes sans temps mort, parfois à une vitesse à faire pâlir un orthophoniste. Il faut donc souvent plusieurs écoutes pour saisir l’ensemble du message… Des cris de rage, des insultes, des explosions de colère viennent soudainement larder cette logorrhée. 

Les textes de Fauve ne sont clairement pas destinés aux tout-petits. Aux plus âgés non plus, d’ailleurs, qui auront probablement du mal à se reconnaître dans les paroles comme dans le style musical. L’amour, le sexe, la peur de la mort, la dépression face à une vie quotidienne morne (Jeunesse talking blues): les thèmes abordés par Fauve ne sont pas réjouissants à première vue. Mais au détour d’une phrase ou d’une chanson (LoterieHaut les coeurs) on distingue des notes d’espoir. Le groupe se dit d’ailleurs "désespérément optimiste".

A partir de 2010 le collectif, composé de vieux copains d’école et de fac parisiens, a écumé les bars et les salles de concert. En 2013, le succès finit par se faire sentir. Avant même la sortie de leur premier EP (un album court) Blizzard en mai 2013, la jeunesse parisienne les encense sur les réseaux sociaux et se déplace en masse pour assister à leurs performances.

Clivant probablement, talentueux certainement

Car outre leur musique et leurs textes, Fauve travaille aussi sur le plan visuel. L’un des membres du groupe, vidéaste, projette des films en fonction de la musique lors des concerts.

Avec la sortie de Blizzard, la réputation de Fauve a explosé. Si bien qu’un autre artiste, Nicolas Juillard, au même pseudonyme, est obligé, après presque 15 ans sous ce nom, de l’abandonner la mort dans l’âme… 

La sortie, le 3 février 2014, de leur premier véritable album, Vieux frères, Partie-1, a encore décuplé leur popularité. Ils remplissent alors le Bataclan 20 fois de suite. La sortie de Vieux frères, Partie-2 le 16 février est donc très attendue par les fans. Pour la tournée qui s'en suivra à partir du 4 mars, Fauve affiche déjà complet pour 13 dates, dont un Olympia.

Ce succès,  les membres de Fauve s’en méfient. Le groupe a créé son propre label (Fauvecorp) pour rester indépendant. De même, cultiver un certain anonymat a été décidé à l’origine par respect pour leurs proches, à cause du caractère très intimiste de leurs textes. Par la suite, c’est devenu un moyen de se protéger. 

Un désir de discrétion facile à comprendre, car qu’on aime ou qu’on déteste, Fauve ne laisse pas indifférent. Génies novateurs pour certains, privilégiés geignards pour d’autres, ils suscitent autant de critiques dithyrambiques que d’attaques ou de parodies. Peut-être une autre preuve de succès –la caricature, après tout, est une forme de reconnaissance.

(Voir ci-dessous le clip de la chanson"Les Hautes lumières", extraite de l'album "Vieux frères, Partie-2"):

 

 

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