Femme et plus de 45 ans, des stéréotypes à surmonter pour retrouver un emploi

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Par Fabrice RANDOUX - Paris (AFP)
Publié le 07 février 2019 - 10:50
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Pour lancer leur activité, 10.000 indépendants se tournent vers les coopératives d'activité et d'emp
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L'association "Force Femmes" aide les femmes au chômage
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Lorsque Christelle Cochard se retrouve à 45 ans au chômage, elle va avoir "le sentiment de ne plus rien valoir sur le marché du travail". Avant que sa rencontre avec l'association Force Femmes, qui aide les femmes "en deuxième partie de carrière", ne lui prouve le contraire.

Après 15 ans comme attachée de presse, Mme Cochard est licenciée en 2014. Vivant seule avec sa fille, elle a "deux contraintes: retrouver un poste, avec un salaire et des horaires assez cadrés. C'était très bloquant dans les entretiens", se souvient-elle.

Elle a beau se former à de nouveaux logiciels, "à chaque fois il manquait quelque chose, je me sentais dévalorisée", ajoute-t-elle.

Salaire trop élevé, sur-dimensionnement des compétences, faible adaptation aux nouvelles technologies ou difficulté à être "managée" par un jeune... Mme Cochard a été confrontée à tous les "stéréotypes" qui freinent l'embauche des femmes de son âge, selon Stéphanie Lecerf, du cabinet de recrutement Michael Page.

Au quatrième trimestre 2018, 757.000 femmes de plus de 50 ans étaient demandeuses d'emploi (avec ou sans activité) contre 673.000 hommes. Un chiffre en hausse de 0,4% par rapport au trimestre précédent, alors qu'il baisse dans les autres catégories d'âge.

"Seule et en proie au découragement", sa chance sera d'être mise en contact avec une bénévole de l'association Force Femmes qui accompagne les femmes de plus de 45 ans vers le retour à l'emploi.

"Elle a sorti les points positifs de mon CV, m'a appris à valoriser mon expérience. C'était une bulle de bienveillance", se félicite Mme Cochard qui, grâce au "réseau", retrouve un CDD d'un an, puis un CDI comme assistante de direction.

Depuis 2005, cette association, soutenue par des grands groupes et s'appuyant sur des cadres, a "coaché" 25.000 femmes, leur proposant un accompagnement personnalisé et différents ateliers pratiques (organiser sa recherche d'emploi, sa visibilité sur les réseaux sociaux, valoriser ses atouts, etc).

"En 2018, nous avons eu 46% de retour à l'emploi", se félicite sa présidente Véronique Morali.

Selon une enquête réalisée par l'association auprès de 1.200 femmes de plus de 45 ans sans emploi, 69% d'entre elles pensent que l'âge est "un frein à leur projet professionnel" et 35% qu'être une femme l'est également.

"Expérience", "autonomie", "intelligence relationnelle"... selon cette même enquête, ces femmes ont cependant conscience de leurs atouts à faire valoir auprès des recruteurs.

"Les entreprises ont quand même pris conscience ces dernières années que l'intergénérationnel est une force, qu'elles ont besoin aussi de chefs de projet expérimentés", reconnaît Mme Morali.

- "Moins d'ambitions qu'un homme" -

L'association a aussi aidé un millier de femmes à créer leur entreprise.

Comme Odile Dussaucy. A 47 ans, alors que la dernière de ses trois enfants est en terminale, cette responsable de production dans une société de compteurs d'eau, qui avait toujours été salariée, se dit que "c'est le moment de créer sa société", un site web sur le tourisme culturel à destination des particuliers et des entreprises.

Mais, après avoir conclu sa rupture conventionnelle en 2014, elle n'a aucune idée "sur comment on fait". Pôle emploi l'oriente vers Force Femmes qui la forme "en marketing, présentation de soi, etc" et fait en sorte que "son projet passe du virtuel au réel".

"L'association m'a aidée à être plus sûre de moi, à être le porte-drapeau de ma société. Car j'avais tendance à me sous-évaluer, à ne pas me sentir légitime tant que je ne maîtrisais pas complètement le sujet. Je pense que j'avais moins d'ambition qu'un homme", témoigne-t-elle.

Responsable France du réseau social professionnel LinkedIn, Fabienne Arata constate aussi que "les femmes s'autolimitent dans les offres auxquelles elles pourraient postuler parce qu'elles n'ont pas 100% des compétences décrites dans le poste".

Ceci alors que vu l'évolution rapide des métiers, les entreprises sont de plus en plus attentives à des qualités comme la "capacité à s'adapter" et à "créer une équipe", des compétences plus générales, souligne-t-elle.

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