Les jardiniers s'arrachent les coccinelles contre les pesticides

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Par AFP
Publié le 12 mai 2017 - 16:38
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Un employé municipal distribue des oeufs de coccinelles, mangeuses de pucerons, à Caen, le 12 mai 20
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© CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Un employé municipal distribue des oeufs de coccinelles, mangeuses de pucerons, à Caen, le 12 mai 2017
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Sans attendre l'interdiction des pesticides dans les jardins privés en 2019, les Caennais s'arrachent tous les vendredis les coccinelles, mangeuses de pucerons, distribuées gratuitement par la municipalité. Une initiative datant en 1984 que la Ville de Paris lance à son tour samedi.

"Cette année ça n'arrête pas", résume Bertrand Forget l'agent municipal qui distribue tous les vendredi de 9h30 à 11h30 près de 200 boîtes d’œufs de coccinelles à un flux ininterrompu de jardiniers amateurs à la fibre plus ou moins écologiste.

"Tous les ans on a des pucerons. Jusqu'à présent on traitait. Mais là avec l'interdiction des pesticides... On va voir si ça marche. Et puis pour les enfants c'est pédagogique", explique Lætitia Huré, assistante maternelle de 35 ans.

Près de 2.000 boîtes d’œufs de coccinelles et 500 d'œufs chrysopes, des petites mouches vertes, sont ainsi offertes chaque année par le Jardin des plantes de Caen, d'avril à juillet.

Les chrysopes sont plus voraces que les coccinelles et croquent aussi bien les pucerons que les acariens ou les cochenilles mais ils sont plus difficiles à élever. Chaque boîte contient de quoi traiter deux à trois rosiers d'un mètre de haut, selon le jardin municipal.

"J'en ai marre que mes rosiers soient abîmés par les produits chimiques qui blanchissent les feuilles", lâche de son côté Delphine Jacqueline, 39 ans, qui entend ainsi anticiper l'interdiction des pesticides.

Les habitués, nombreux dans la file d'attente, assurent que la bête à bon dieu est efficace. "Ça prend un peu de temps à déposer mais c'est génial", lance Éric Grandjean, 61 ans, qui vient depuis quatre ans chercher des coccinelles de Colleville-Montgomery, une commune à 15 km de Caen.

- 'Vraiment l'idéal' -

"C'est super. Je viens chercher des coccinelles depuis trois ans. C'est plus efficace que le savon noir que j'utilisais avant. C'est vraiment l'idéal", renchérit Annie Lejeune, 77 ans, venue pour son balcon.

A condition d'avoir déjà repéré des pucerons dans son jardin (sinon les larves n'ont rien à manger et meurent), chacun repart avec sa petite boîte en plastique et ses quelques milligrammes de poudre jaune, des œufs de coccinelles déposés sur une feuille blanche qu'il faudra agrafer sur le végétal infecté une fois les points jaunes devenus noirs, signe que des larves ont vu le jour.

"Une fois l’œuf éclos, la larve va manger 20 à 80 pucerons par jour pendant quatre semaines avant de devenir adulte. Là elle ne mangera plus que 2 à 3 pucerons par jour", explique Gérald Ollivier qui élève à quelques pas de là dans les serres du jardin des plantes les coccinelles distribuées au public et utilisés dans les espaces verts municipaux.

La ville assure ne pas avoir une idée précise du budget de l'opération qui occupe un temps plein et un temps partiel. Dans les jardineries, on trouve des lots de 50 larves pour 17,80 euros. Les boîtes de Caen contiennent potentiellement de 50 à 120 larves.

"Et attention dans le commerce on trouve souvent des coccinelles asiatiques qui sont des prédateurs de la coccinelle à deux points qu'on trouve dans nos jardins et que nous élevons", avertit en outre l'agent municipal de protection biologique.

Le Jardin des plantes pense être un des seuls jardins publics de France -voire le seul- à faire de l'élevage de coccinelles et à en distribuer.

La Ville de Paris a ainsi dû acheter les 40.000 larves de coccinelles à deux points qu'elle va distribuer gratuitement samedi et le 10 juin. Le coût de cette première reste modeste pour la capitale: 10.600 euros, kit pédagogique inclus.

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