Pour venir à bout des déchets, la mairie de Marseille déploie les grands moyens

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Par Juliette RABAT - Marseille (AFP)
Publié le 01 février 2022 - 20:08
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Des agents de la mairie de Marseille ramassent les poubelles qui débordent, le 1er février 2022
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© Christophe SIMON / AFP
Des agents de la mairie de Marseille ramassent les poubelles qui débordent, le 1er février 2022
© Christophe SIMON / AFP

Face à une grève qui s'enlise et des tas d'ordures qui grossissent, le maire de Marseille a fait appel mardi à des entreprises privées pour ramasser les détritus qui menacent d'atteindre la mer, une mesure inédite dans la deuxième ville de France.

A proximité de la célèbre corniche marseillaise, plusieurs éboueurs et leurs deux petits camions-bennes tentent de venir à bout d'un imposant tas d'immondices qui déborde sur le trottoir. Une tâche rendue encore plus ardue par le mistral et ses rafales à plus de 120 km/h.

Face à ce qu'elle décrit comme un "danger grave et imminent" pour la sécurité des Marseillais, et cette troisième grève des éboueurs en quatre mois, la mairie a donc décidé d'agir.

"Ce sont des tonnes de déchets qu'il y a encore aujourd'hui", et ces déchets "qui s'envolent, c'est autant de pollution qui s'accumule sur nos plages", commente, près du littoral, Yannick Ohanessian, l'adjoint au maire socialiste chargé de la sécurité et de la prévention.

"Hier matin, j'ai ouvert mon magasin, j'avais un rat qui dormait devant, en plein centre ville. On est dans le tiers monde", dénonce Célia, une tatoueuse d'une trentaine d'années face à l'amoncellement d'ordures situé à un mètre à peine de son commerce.

Outrepassant ses prérogatives, puisque le ramassage des déchets incombe normalement à la métropole Aix-Marseille-Provence, dirigée par Martine Vassal (LR), la municipalité a mobilisé six camions-bennes mardi, appartenant à des entreprises privées, pour ramasser les déchets dans des zones prioritaires, soit environ 5 tonnes au total.

"L'objectif c'est de tout faire pour sortir de cette situation qui devient insupportable pour tout le monde", insiste l'élu marseillais, en se défendant de vouloir "casser" le conflit social opposant, autour de la réforme du temps de travail, le syndicat majoritaire FO à la ville, à la métropole et à ces dirigeants.

- Mythe de Sisyphe -

"Le choix du maire est un choix courageux, difficile, mais il fallait prendre une initiative", plaide M. Ohanessian: à cette "situation exceptionnelle", il fallait une "réponse exceptionnelle".

Un coup de main que la métropole dit "prendre volontiers", estimant que ce qui compte est "que le stock d'ordures ménagères sur la voie publique", actuellement d'environ 2.000 tonnes, "soit évacué le plus rapidement possible", a indiqué à l'AFP Yves Moraine, chargé des négociations avec les syndicats.

"On est tous les jours dans de la dentelle pour faire sortir un maximum de bennes", a assuré l'élu LR, soulignant que depuis jeudi, environ 900 tonnes d'ordures ont pu être ramassées en plus des tournées classiques.

"Notre priorité, c'est d'abord d'assurer une présence massive sur la totalité du littoral, pour aller là où ça devient dangereux, là où ça bloque des rues, là où il y a un vrai danger pour l'écologie et notre environnement", a encore expliqué Yannick Ohanessian.

"Si suite à cet épisode de mistral s'ensuit un épisode pluvieux, c'est la catastrophe sanitaire assurée, et donc on doit aller très vite", précise-t-il, évoquant également le risque d'incendie face aux nombreux feux de poubelles déclenchés par des habitants excédés.

Depuis ce week-end, "nous avons une petite quinzaine par jour de feux de poubelles", détaille le contre-amiral Augier, commandant du bataillon des marins-pompiers de Marseille. Et le risque, "avec ce fort vent, c'est d'aller vers un drame", complète-t-il, craignant que les flammes gagnent des immeubles adjacents.

Bonnet noir vissé sur les oreilles, vent oblige, Marco tasse les déchets dans la benne du petit camion: "le privé plus la métropole, on s'y met tous, donc ça devrait se rétablir dans pas longtemps", veut croire le +ripeur+, qui travaille habituellement pour la collecte des ordures dans les écoles.

Adrien Piquera, porte-parole de l'association "1 déchet par jour", se montre lui moins optimiste: "Je ne vois plus la différence entre ramasser des déchets et le mythe de Sisyphe".

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