Des millions de « Danny the Dog »

Auteur(s)
Marilis Valo, pour FranceSoir
Publié le 06 janvier 2022 - 18:00
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Danny the dog
Crédits
Pixabay
La division n’a jamais offert à aucun peuple la possibilité de retrouver sa dignité, ni sa liberté.
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TRIBUNE — Lorsque « Danny the Dog » est sorti en 2005, son propos était si violemment dérangeant qu’on était heureux qu’il ne s’agisse que d’une fiction. Le film raconte l’évolution de Danny, un jeune homme qui depuis l’enfance a été dressé comme un chien à obéir immédiatement à tout ordre donné par Bart, son « maître ». Vivant en cage, il est sévèrement puni pour toute désobéissance et la seule liberté qui lui est accordée est de laisser exploser sa violence pour servir les intérêts de Bart, attaquant et tuant sans pitié chaque fois qu’il en reçoit l’ordre. Grâce à une rencontre providentielle, Danny réalise finalement qu’il est humain. Il reconquiert alors sa dignité et malgré la haine accumulée durant ses années d’esclavage, il finit par renoncer totalement à la violence. Au cours de son cheminement, il apprend progressivement à aimer la vie et à en apprécier la beauté.

Il y a donc deux Danny : le chien humain soumis du début du film, et l’homme debout qu’il est devenu à la fin.

Par contre, il n’y a qu’un seul Bart : un personnage qui n’évolue pas, empêtré qu’il est dans la jouissance perverse qu’il tire du fait de posséder corps et âme un autre être humain, qu’il peut avilir à volonté. Pour lui en fin de compte, seule la soumission de Danny importe.

Au cours de son interview du 4 janvier 2022 accordée au Parisien, M. Macron a révélé à quel point la soumission du peuple français lui était importante, en déclarant que ceux qui n’obtempéraient pas à son injonction vaccinale n’étaient pas des citoyens à ses yeux. Cette petite déclaration me semble bien plus intéressante que le reste de ses propos, somme toute banals et prévisibles, malgré l’emploi de termes orduriers qui ont défrayé la chronique.

Lire aussi : Vaccinés, non-vaccinés, unissons-nous devant l’abjection !

Par ses paroles, M. Macron s’autoproclame seul juge de la non-citoyenneté de certains Français, de la même manière que Bart s’était désigné seul juge de la non-appartenance de Danny à l’espèce humaine. Autre similitude avec le film : à l’instar de Bart, M. Macron s’octroie le droit permanent de limiter à volonté la liberté déjà bien maigre de ceux qui lui ont obéi. Et surtout, comme Bart, il ne leur accorde pas de réelle récompense pour leur obéissance, mais seulement une absence de punition.

En effet, le passe vaccinal (pour ne nommer que lui) n’étant rien de plus qu’une autorisation temporaire de faire aujourd’hui ce qu’on avait librement le droit de faire par le passé, sa valeur perçue ne dépend que d’une chose : l’idée que se font ceux qui le possèdent des privations endurées par ceux qui ne le possèdent pas, ou ne le possèdent plus.

La plupart des Français, tous les adolescents et les adultes, se retrouvent aujourd’hui confrontés à un choix qui rappelle celui de Danny. Laquelle des deux facettes de ce personnage vont-ils décider d’incarner ? Le chien humain soumis, ou bien l’homme debout qui tient plus à sa dignité qu’à une promesse d’impunité temporaire ?

L’intérêt principal de l’histoire de Danny, c’est son renoncement final à la haine, malgré tous les efforts de son maître pour détruire définitivement sa conscience et le transformer en machine à tuer. Il fait ce choix courageux, qui va à contre-courant de tout son conditionnement. Les propos de M. Macron sont de nature à nous inciter tous à la haine, à la zizanie qui permet à celui qui la sème de régner aisément. Ne pas tomber dans ce piège demande un effort conscient et soutenu — mais un effort qui en vaut la peine, car la division n’a jamais offert à aucun peuple la possibilité de retrouver sa dignité, ni sa liberté.

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