Réponse à une tribune sur les Azéris

Auteur(s)
Dr Edouard Broussalian, pour FranceSoir
Publié le 13 mars 2022 - 18:00
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Un soldat se tient à un point de contrôle frontalier entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, près du village de Sotk, en Arménie, le 18 juin 2021.
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Karen MINASYAN / AFP
Un soldat se tient à un point de contrôle frontalier entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, près du village de Sotk, en Arménie, le 18 juin 2021.
Karen MINASYAN / AFP

TRIBUNE — Toute forme de violence est condamnable et intolérable, encore plus quand des civils sont concernés. Cependant, le sujet auquel s’attaque l’auteur de "Khodjaly, 30 ans après le massacre du 26 février 1992 : quelle mémoire ?le dépasse visiblement.

Pour commencer, c’est une très grande responsabilité de discourir sur un point aussi sensible sans s’être donné la peine de le maîtriser à fond. Premier indice important à considérer : sur mille ans, si nous faisons la liste comptable des atrocités commises, la balance penche quasi exclusivement vers le côté Turc/Azéri. Aussi, la survenue d’un tel épisode devrait être prise avec des pincettes. Est-il seulement avéré ? L’évènement a donné lieu incontestablement à une très forte manipulation azérie. Nous avons eu le coup de la mère éplorée devant les corps de ses enfants, les fillettes torturées, etc. On pourra trouver ici un débunkage complet de toute cette affaire, que M. Medina ne s’est visiblement pas donné la peine d’étudier, tombant ainsi dans le panneau de la falsification et de la propagande. La profanation et la défiguration des corps et des mémoires des morts pour des objectifs indignes comme l'imitation d’événements qui ne se sont jamais déroulés est un crime qui devrait être sévèrement puni.

Mais supposons pour le besoin de la discussion que des criminels arméniens profitant du désordre de la guerre aient commis des actes de cette nature. Rédiger un tel article sans le replacer dans une perspective historique revient à placer les Azéris en victimes commémorant leur martyre tandis que l’accusation accable les seuls Arméniens. À mon niveau, je ne vois que deux explications : l’ignorance (l’européen lambda n’a aucune idée de la haine des Turcs envers les chrétiens), ou d’importants conflits d’intérêt (Bakou arrose beaucoup de gens grâce à son pétrole).

L’univers est régi par la troisième loi de Newton, le principe d’action-réaction. Personne n’y échappe, sauf à devenir chrétien et prier pour nos ennemis, chose qui dépasse complètement l’homme néo-barbare du XXIe siècle. Prenons la situation de Berlin dès avril 1945 avec l’arrivée des forces soviétiques. Monsieur Medina nous aurait fait un magnifique papier décrivant ces exactions : sans parler des victime civiles, au moins 100 000 viols pour atteindre un total de 2 millions dans toute l’Allemagne.

Ainsi ficelé, l’article de M. Medina dépeindrait les Russes sous leur pire jour. En omettant de parler de l’agression de l’Allemagne nazie, des 25 millions de morts russes, et d’un conflit géré avec la plus ultime barbarie par les Allemands, on se rend compte que quelque chose est faussé.

Les Arméniens se sont installés dans ce qui est le tiers Est de la Turquie voici près de 5000 ans. Les Turcs ont envahi le plateau anatolien au XIème siècle. Peuple nomade des steppes de l’Est, ils se convertissent à l’islam dont ils assimilent, comme aucun autre peuple, les préceptes. L’ignorance affligeante concernant l’islam qui affecte la plupart de nos concitoyens n’est pas pour aider à comprendre le dossier. On retiendra que les pires exactions (viols, meurtres, et autres tortures) sont permises et encouragées par Dieu envers les infidèles – n’en déplaise à nos islamiques de l’Ouest désireux de faire passer l’islam pour ce qu’il n’est pas, au prix de contorsions intellectuelles vraiment amusantes.

Durant huit siècles, les Arméniens ainsi que les autres minorités chrétiennes de l’empire ottoman ont subi le joug de l’islam en tant que citoyens de seconde zone, corvéables à merci. Ainsi, épigénétiquement nous portons dans nos cellules les violences terribles auxquelles furent soumis nos ancêtres qui refusaient la conversion à l’Islam. Outre les pillages systématiques, les brutalités des collectes d’impôts, demandez aux Bulgares ou aux Grecs s’ils se souviennent des descentes régulières des autorités ottomanes pour enlever les plus belles filles et les mettre dans des harems, ou l’enlèvement systématique des garçons pour en faire des janissaires fanatisés.

Alors dans ces conditions, on a l’embarras du choix pour citer les massacres depuis tout ce temps. Pour faire simple, on peut parler déjà des massacres de 1894-96, les massacres de Bakou en 1905, la situation du Caucase en 1905, etc. Je citerai brièvement l’extermination systématique de toute la population chrétienne de l’empire ottoman dès 1915 : 200 000 jeunes gens incorporés dans l’armée pour y faire office de bataillons de travaux de force, puis tous exterminés, plus d'un million de vieux, femmes, enfants exterminés dans des conditions indescriptibles, environ 300 000 enfants incorporés de force dans des familles turques ou kurdes.

Pourquoi l’auteur ne rappelle-t-il pas les pogroms anti-arméniens de Soumgaït en 1988 ou encore de Bakou en 1990 ? Plus récemment les atrocités commises par les Turcs à Kessab en 2014.

La haine contre les chrétiens, nourrie et érigée en art de vivre par les nationalistes turcs est toujours bien présente. A Décines en Octobre 20, on a vu de quoi étaient capables les partisans turcs (ce qui donne une idée de leur intégration au sein de la République). À ce titre, je suis heureux de voir que nos concitoyens endormis feront bientôt connaissance avec le vrai Islam et suis très intéressé d’avance de savoir combien de temps ils résisteront au déferlement. 

En conclusion, la vérité oblige à préciser que l’envahisseur et l’agresseur fanatisé par l’islam, c'est bien le Turc (je précise pour les ignorants que les Azéris sont une peuplade turque). Replacés dans leur contexte à le fois géographique, ethnique et religieux ces lamentables évènements ne peuvent se décrire isolément. Finalement, l’article de M. Medina se résume à de la propagande pro-azérie, ce qui est indigne d’un journal comme FranceSoir, le seul qui se soit battu avec courage devant le délire Covid. Une rétractation en grandirait l’auteur.

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