En Guadeloupe, Mélenchon salue ceux "qui ne se laissent pas mater"

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Par Baptiste BECQUART - Pointe-à-Pitre (AFP)
Publié le 15 décembre 2021 - 19:24
Mis à jour le 16 décembre 2021 - 09:54
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Jean-Luc Mélenchon le 15 décembre 2021 sur le piquet de grève devant l'hôpital de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Jean-Luc Mélenchon le 15 décembre 2021 sur le piquet de grève devant l'hôpital de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe
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"Ici c'est la Guadeloupe, les gens ne se laissent pas mater!" Un Jean-Luc Mélenchon en campagne pour renforcer son assise dans les Outre-mer est venu soutenir les soignants menacés de suspension pour leur refus du vaccin contre le Covid, mercredi devant l'hôpital de Pointe-à-Pitre.

Lors de la dernière présidentielle, l'Insoumis avait obtenu 24% des voix au premier tour en Guadeloupe, seulement devancé par Emmanuel Macron (30%).

Convaincu qu'il peut désormais passer devant le chef de l'Etat, il est venu montrer qu'il est en phase avec la défiance de nombreux Guadeloupéens contre la politique sanitaire du gouvernement.

D'autant que le territoire sort tout juste de plusieurs semaines de troubles sociaux nés du refus de l'obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers.

"Moi qui suis expérimenté de la gestion publique, c'est la première fois que je vois un tel chaos, un refus aussi obstiné et irresponsable" de la part des autorités, a affirmé Jean-Luc Mélenchon en arrivant sur le piquet de grève, accompagné de la présidente du groupe des députés LFI Mathilde Panot et de l'eurodéputé Manuel Bompard.

M. Mélenchon a échangé avec plusieurs soignants menacés de suspension en cheminant au milieu des stands des grévistes. Catherine, cadre administrative, lui a par exemple confié son désarroi devant les réclamations du Trésor public sur son salaire d'octobre. Selon l'ARS, sur près de 10.000 professionnels soumis à obligation vaccinale en Guadeloupe, 900 sont à ce jour suspendus.

Plusieurs d'entre eux ont raconté mercredi leur méfiance vis-à-vis du vaccin, nourrie par le scandale sanitaire du chlordécone. Le pesticide avait été interdit en France en 1990 mais a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu'en 1993, contaminant plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique.

- Précautions -

"Depuis toujours l'Etat nous ment, sur la gestion de l'eau, sur le chlordécone, sur les sargasses", des algues toxiques, a dénoncé Elie Domota, porte-parole du collectif LKP.

M. Domota avait fait partie de la délégation mardi qui devait parlementer avec des élus, en vain. "Je vous remercie d'être venus, de prendre des notes. Hier on avait rendez-vous avec des députés, sénateurs, élus, et ils se sont tous débinés", a-t-il déploré.

Le candidat Insoumis a pris nombre de "précautions" assumées. "Ce n'est pas à moi de vous dire ce qu'il faut faire, je sais les précautions qu'il faut vis-à-vis d'un mouvement de masse", a-t-il dit.

"Je ne vais pas vous raconter d'histoires, je suis vacciné", a-t-il aussi déclaré. Auprès des journalistes, Jean-Luc Mélenchon s'est bien gardé de flatter certaines théories infondées sur les vaccins: "On peut le déplorer mais on n'administre par les gens comme des choses."

Selon lui, "l'origine de la défiance c'est le chlordécone, le mensonge (des autorités) est dans le corps des gens. Convaincre est donc plus difficile, il ne faut pas y aller à coup de chicote (fouet, NDLR). Ici c'est la Guadeloupe, les gens ne se laissent pas mater", s'est-il exclamé, déclenchant l'approbation hilare d'une infirmière.

Une autre fonctionnaire a dit être heurtée qu'on "associe notre défiance à la superstition". "Ca s'appelle l'esprit colonial!", a cinglé Jean-Luc Mélenchon.

"J'hésite à voter pour lui, il s'exprime bien... Mais ça ne serait pas un chèque en blanc, comme on a un peu fait avec Macron", a expliqué une autre gréviste.

A son meeting du soir, il a placé la Guadeloupe à l'avant-garde de ce qui allait concerner l'hexagone dans les prochaines années, que ce soit sur le manque d'eau, la pauvreté, l'obésité ou encore le dérèglement climatique.

"Ce qui s'est passé ici va se passer là bas, vous n'êtes pas exotiques pour une demie seconde", a-t-il asséné.

Un argumentaire destiné à un citoyen comme Geroges Symphor, venu au meeting par "curiosité" mais qui pense qu'il ne votera pas: "Le vote ultra-marin n'a aucune incidence sur le résultat final". Mais il estime aussi que Jean-Luc Mélenchon, au sein d'une "gauche décevante", est "le candidat qui se rapproche le plus de Mitterrand", que le Guadeloupéen a admiré et soutenu.

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