Escalade de la crise diplomatique entre Israël et l'Espagne

Auteur(s)
Trina Banderas, France-Soir
Publié le 06 décembre 2023 - 13:00
Image
Conférence de presse Sanchez De Croo Rafah 24 novembre
Crédits
STR / AFP
Rafah, 24 novembre dernier, frontière entre l'Egypte et Gaza. La conférence de presse conjointe de Pedro Sánchez et Alexandre de Croo, les deux Premiers ministres d'Espagne et de Belgique, à l'origine des tensions entre Israël et l'Espagne.
STR / AFP

MONDE -Le cabinet de Benjamin Netanyahu a vivement condamné les remarques de Pedro Sánchez, les qualifiant de "honteuses", suite aux doutes ouvertement exprimés par le Premier ministre espagnol quant au respect du droit humanitaire international par Israël lors de son offensive contre Gaza.

Le conflit diplomatique entre l'Espagne et Israël s'intensifie alors qu'Israël prend des mesures radicales. En effet, le rapatriement de son ambassadrice à Madrid, Rodica Radian-Gordon, annoncé le vendredi 1er décembre, aggrave la situation. La décision résulte des doutes exprimés par Pedro Sánchez sur le respect par l'État juif du droit humanitaire international lors de ses bombardements de Gaza.

Déclarations poignantes et positions fortes au poste-frontière de Rafah

La crise a débuté vendredi 24 novembre, lorsque Pedro Sánchez et le Premier ministre belge Alexander De Croo ont fait des déclarations sévères lors de leur visite au poste frontière de Rafah, entre l'Égypte et Gaza. De Croo avait déclaré : "La destruction de Gaza est inacceptable. Nous ne pouvons accepter qu'une société soit détruite de la manière dont elle l'est". Sánchez, quant à lui, a affirmé qu'Israël devait respecter le droit humanitaire international. "Ce n'est pas le cas", a-t-il ajouté, en évoquant les bombardements israéliens sur Gaza.

Pedro Sánchez a également ouvert la porte à la possibilité pour l'Espagne de reconnaître unilatéralement l'État palestinien si l'Union européenne n'opte pas pour une reconnaissance coordonnée. "Le moment est venu pour la communauté internationale et l'UE de reconnaître l'État de Palestine une fois pour toutes. C'est une chose qui en vaut la peine, qui est suffisamment importante et que nous devons faire ensemble au sein de l'Union européenne. Mais si ce n'est pas le cas, l'Espagne prendra ses propres décisions", a-t-il estimé.

Une mesure diplomatique sévère

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a publiquement annoncé la convocation de l'ambassadeur d'Israël en Espagne en raison des propos jugés scandaleux du Premier ministre espagnol. Cohen a déclaré sur X (anciennement Twitter): "Suite aux accusations infondées du Premier ministre espagnol, j'ai décidé de convoquer notre ambassadeur à Madrid pour des consultations. Israël agit dans le respect du droit international. Nous continuerons la lutte jusqu'à la libération des otages et l'élimination du Hamas à Gaza. Le Hamas est le seul responsable du massacre du 7 octobre et de la situation actuelle à Gaza, commettant des crimes de guerre et contre l'humanité."

Le rappel d'un ambassadeur pour consultations, synonyme de retrait indéterminé, représente une forme diplomatique sévère pour exprimer un mécontentement et exercer une pression. Le Maroc et l'Algérie ont utilisé cette mesure contre Madrid au sujet du conflit au Sahara. Leurs ambassadeurs ont ainsi laissé leur poste vacant pendant 10 et 19 mois. Israël avait préalablement annoncé son intention de convoquer l'ambassadeur d'Espagne à Tel-Aviv, Ana María Sálomon Pérez, pour la deuxième fois en moins d'une semaine.

Tentatives d'apaisement et réaction israélienne

Sánchez, dans ses déclarations à TVE, a qualifié de "correctes" les relations de l'Espagne avec Israël. Il a justifié ses critiques envers l'armée israélienne à Gaza en affirmant: "Nous, pays amis, devons aussi nous dire la vérité". Il a de nouveau condamné l'attaque du 7 octobre, exprimé un soutien total à Israël, appelé le Hamas à libérer immédiatement tous les otages israéliens, mais a émis des doutes sérieux sur le respect du droit humanitaire international par Israël, compte tenu des images et du nombre croissant de morts à Gaza, en particulier des enfants.

Peu avant que le bureau de Benjamin Netanyahu ne manifeste son mécontentement envers Pedro Sánchez, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, avait suggéré que la crise diplomatique était en cours d'apaisement. Il avait informé qu'il avait exprimé, à Eli Cohen, son homologue israélien, la "solidarité et les condoléances" du gouvernement espagnol pour l'attentat de Jérusalem du 30 novembre.

Toutefois, la réaction actuelle est plus sévère qu'auparavant. Elle équivaut pratiquement à une suspension des relations politiques. Des sources de l'administration israélienne soulignent que ce qui importe n'est pas tant les nuances des propos de Sánchez jeudi 30 novembre, mais sa "récidive".

À LIRE AUSSI

Image
Gibraltar négociation Espagne-Royaume-Uni
Négociations entre Madrid et Londres sur le statut post-Brexit de Gibraltar
MONDE - Les négociations entre l'Espagne et le Royaume-Uni sur le statut post-Brexit de Gibraltar suscitent l'espoir d'un accord. Les discussions portent sur des aspec...
04 décembre 2023 - 12:47
Politique
Image
Irlande émeutes
Dublin sous tension : après les émeutes, la liberté d'expression en prend un coup...
MONDE - Le gouvernement irlandais utilise les troubles qui ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi 24 novembre pour promouvoir des lois draconiennes. Le gouverne...
30 novembre 2023 - 13:10
Politique
Image
Audrey Azoulay
Unesco, World Economic Forum, ONU : vers une régulation numérique globale
MONDE - Près de 60 % de la population mondiale utilise les réseaux sociaux. L'Unesco a donc décidé d’établir des directives pour encadrer les espaces virtuels, tandis ...
28 novembre 2023 - 12:25
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.