Gilets jaunes : une autre face de la répression dévoilée

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FranceSoir
Publié le 30 septembre 2020 - 10:39
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Manifestation des gilets jaunes le 4 mai 2019 à Bordeaux
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© MEHDI FEDOUACH / AFP
Amnesty International dénonce la "criminalisation des manifestants"
© MEHDI FEDOUACH / AFP
Mauvais temps pour la doctrine du « maintien de l’ordre à la française ». Alors que sort ce mercredi en salles le documentaire « Un pays qui se tient sage », Amnesty international publie un rapport accablant : « La loi comme arme de répression des manifestants pacifiques en France ».
 
Le documentaire du journaliste David Dufresne s’attache à décrire les affrontements de ces deux dernières années entre forces de l’ordre et manifestants, les blessés et les violences policières. C’est en quelque sorte la face immergée de l’iceberg, des images 1001 fois vues sur les télévisions et les réseaux sociaux – que les différentes parties et des observateurs analysent dans le documentaire.

 

Le rapport publié mardi par l’ONG Amnesty International s’attache à décrire une autre répression, moins visible, mais tout aussi dangereuse pour les libertés publiques, et en premier lieu le droit de manifester. 
 
Arrestations préventives
 
« Depuis 2018, la répression des manifestations a été d’une ampleur inédite. Manifester pacifiquement expose au risque de violences policières, mais aussi à celui de finir en garde à vue »
Arrestations arbitraires, arrestations préventives, acharnement judiciaire, etc., le tout sur la base de « lois vagues » : Amnesty International rappelle ainsi que 40000 personnes, des citoyens lambdas qui n’avaient commis aucune, ont ainsi été condamnées. 
 
11203 gardes à vue entre novembre 2018 et juillet 2019, 5962 libérations sans poursuites... Toujours selon l’ONG, « certains ont été poursuivis et parfois condamnés pour des activités qui ne devraient pas constituer des infractions pénales ». 
 
Une banderole déployée ou un slogan crié en manifestation ont pu donner lieu à des condamnations pour « délit d’outrage ». 20280 personnes ont ainsi été contraintes de verser des amendes et/ou d’effectuer des travaux d’intérêt général en 2019. 
 
Gonfler un ballon de baudruche (jaune) sur les Champs-Elysées un 14 juillet ou accrocher une banderole « Macronavirus, à quand la fin ? » sur la façade de sa maison ont aussi valu des gardes à vue aux auteurs de ces actions.
 
Présumés coupables
 
Une autre arme fréquemment utilisée par les forces de l’ordre, agissant évidemment sur ordres, a été « la participation à un groupement en vue de commettre des violences ». Les arrestations sont ainsi permises, non pour ce que tel ou tel manifestant aurait commis, mais « pour ce que les autorités pensent qu’ils pourraient faire », souligne Amnesty International.  
 
De nombreux gilets jaunes, parfois même des journalistes, se sont ainsi retrouvés pendant 24 heures dans les cellules crasseuses d’un commissariat. Et ce avant même d’avoir mis un pied en manifestation, simplement parce qu’ils avaient dans leur sac des lunettes de natation ou un masque pour se protéger des gaz lacrymogènes, dont la toxicité a par la suite été démontrée
 
Taper au portemonnaie des contestataires a encore été un moyen de dissuasion efficace, avec des amendes de 150€ pour « participation à une manifestation interdite », sans même que les personnes concernées le sachent, y compris sur un bon nombre de ronds-points. 
 
La peur de la répression
 
« Les autorités françaises doivent cesser de transformer les manifestants en délinquants »
 
Amnesty International monte ainsi au créneau, avec ce rapport de 63 pages et une pétition, pour défendre le droit de manifester en France. Un droit en danger selon l’ONG, avec des citoyens qui ne se rendent plus en manifestation par peur de la répression, et une situation ubuesque depuis le déconfinement : alors que la loi dite anticasseurs de 2019 interdit toute dissimulation du visage pendant une manifestation, le port du masque est également obligatoire dans la plupart des grandes villes françaises. 
 
Le rapport d’Amnesty International n’est pas le premier signal d’alarme. En 2019, parmi d'autres, la Haute commissaire aux droits de l’Homme de ONU avait demandé (en vain) une enquête pour « usage excessif de la force » à l’encontre des gilets jaunes. Jacques Toubon, alors défenseur des droits, s’était inquiété à plusieurs reprises de pratiques comme les « interpellations déguisées » sous couvert de contrôles d’identité. 
 

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