Hamon critique Macron "clignotant" tantôt à gauche tantôt à droite

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 04 février 2017 - 16:19
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Benoit Hamon, le 1er février à Paris
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© bertrand GUAY / AFP
Benoît Hamon n'a pas fermé la porte à des discussions avec Emmanuel Macron mais attend que ce dernier éclaircisse sa position.
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Benoît Hamon n'a rien contre le fait "de dialoguer" avec Emmanuel Macron, mais il n'envisage pas un rapprochement car, pour lui, le candidat de En Marche! n'a pas de ligne directrice et a un programme ambigü.

Emmanuel Macron est un "clignotant" tantôt de gauche tantôt de droite, qui apparaît "comme un candidat de substitution à François Fillon", s'est moqué le candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon dans une interview au Monde publiée ce samedi 4.

Alors que certains à gauche l'appellent à se rapprocher du candidat d'En Marche! plutôt que du leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, M. Hamon a semblé écarter ce rapprochement-là.

"Je veux bien dialoguer avec lui... Mais sur quelle base? Emmanuel Macron, c’est un clignotant: un jour c’est la droite orléaniste, un autre c’est la gauche progressiste. Il faut tomber le bon jour de l’éclipse!", a ironisé le vainqueur de la primaire socialiste élargie et ancien ministre.

"Je suis surtout impatient qu’on sache ce qu’il propose car, pour l’instant, l’ambiguïté le sert. La preuve, il apparaît comme un candidat de substitution à François Fillon! Moi, je ne suis pas un candidat ambigu", a encore critiqué M. Hamon, qui sera officiellement investi comme candidat dimanche 5 à La Mutualité. Et d'ajouter: "On aura des débats, c’est certain".

Le candidat socialiste s'en prend notamment à la proposition de l'ancien ministre de l'Economie d'exonérer d'impôt sur la fortune le patrimoine financier, tout en continuant à taxer le patrimoine immobilier.

Comme "ce sont les plus riches dont la part du patrimoine est constituée principalement d’actifs financiers", a souligné le député PS des Yvelines, il s'agit là d'"une conception dépassée" et "démentie" de "l'ordre ancien", "qui veut qu’en aidant les plus riches on aiderait, par ruissellement, les plus pauvres".

Les difficultés de la droite peuvent-elles lui servir alors que plusieurs sondages l'ont montré en forte hausse? "Nous ne profitons pas d’un quelconque transfert de voix de François Fillon. Le fait que la gauche se rapproche du second tour de la présidentielle ne doit pas tant à l’affaire Fillon qu’au fait qu’un espoir s’est levé", a répondu le candidat PS.

"Avec la légitimité donnée par la primaire, les choses se sont accélérées. On était encalminé à 6% d’intentions de vote il y a encore quelques jours ! Mais je reste prudent avec les sondages, j’en vois la fragilité. J’en déduis toutefois qu’il existe une gauche vivante", a ajouté ce député des Yvelines.

L'ancien ministre a aussi réaffirmé qu'il ne changerait "pas de cap", mais que son "projet peut être enrichi".

"Sur la question européenne par exemple, j’ai beaucoup insisté sur la question d’un traité de l’énergie, en reprenant l’idée de Jacques Delors, sur la nécessité d’un plan d’investissement de 1.000 milliards d’euros de l’UE, que je partage avec Vincent Peillon. La discussion que j’ai eue avec François Hollande me conforte dans l’impératif besoin de construire une stratégie de défense européenne", a détaillé ce membre de la commission des Affaires étrangères.

Il a ajouté une proposition travaillée avec l’économiste Thomas Piketty d’un "traité budgétaire européen" avec l'objectif de "disposer demain d’une capacité de gouvernance de la zone euro qui repose sur une assemblée parlementaire de l’union monétaire, et sur une approche de l’harmonisation fiscale européenne".

Quant à la règle des 3% de déficit, "la position allemande n'est pas homogène", a assuré l'élu PS. "J'ai reçu nombre de messages de l’Europe et du monde après ma victoire à la primaire", une "nouvelle gauche est en train de monter en puissance en Europe. Nous ne sommes pas seuls", selon lui.

Sur un éventuel soutien de François Hollande, Benoît Hamon a rétorqué: "S’il me soutient, je ne le vivrai pas comme un boulet. Mais je ne demande rien".

Quant à la demande de Bernard Cazeneuve de défendre le bilan du quinquennat, il a lancé: "Le bilan n’est pas le sparadrap du capitaine Haddock", même s'"il y a des acquis du quinquennat que je revendique: mariage pour tous, créations de postes dans l’éducation nationale et dans la police, compte pénibilité…" Mais "je ne serai pas un candidat ligoté", a-t-il insisté.

Interrogé par le quotidien sur le fait de savoir si un retrait du candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, était "envisageable", M. Hamon, qui espère constituer un accord de majorité avec M. Mélenchon et l'écologiste Yannick Jadot a répondu: "Cela ne me paraît pas l’hypothèse la plus probable".

La gauche peut-elle être au second tour avec les candidatures simultanées de Benoît Hamon, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron? Le vainqueur de la primaire socialiste élargie a dit entendre "laisser s’épanouir les dynamiques politiques et sociales" mais a indiqué qu'il prendra "des initiatives plus concrètes" après son investitur.

"J’ai lancé des invitations, j’ai des contacts avec des personnalités, avec leur entourage. Après l’investiture, je prendrai des initiatives plus concrètes. Ce qui est certain, c’est que plus on sera nombreux, moins on aura de chances. Plus on parviendra à rassembler et à diminuer le nombre de candidats, mieux ce sera", a ajouté le député des Yvelines et ancien ministre.

Selon un sondage BVA-Salesforce publié ce samedi, Benoît Hamon est crédité de la quatrième place avec 16% à 17% d'intentions de vote, devant Jean-Luc Mélenchon à 11%-11,5%. Il est toujours devancé par Marine Le Pen (25%, stable), Emmanuel Macron (21-22%, en hausse) et François Fillon (18-20%, en baisse). L'écologiste Yannick Jadot recueillerait 1% à 1,5%. 

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