Le maire de Béziers Robert Ménard jugé pour "provocation à la haine"

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Par AFP
Publié le 08 mars 2017 - 19:55
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Le maire de Béziers Robert Ménard à Béziers, en France, le 18 octobre 2016
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© SYLVAIN THOMAS / AFP/Archives
Le maire de Béziers Robert Ménard à Béziers, en France, le 18 octobre 2016
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Une amende de 1.800 euros ont été requis mercredi contre le maire de Béziers Robert Ménard, proche du FN, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris pour provocation à la haine pour avoir déclaré qu'il y avait trop d'enfants musulmans dans les écoles de sa ville.

"Il n'y a dans ce dossier qu'une seule lecture. M. Ménard montre du doigt des gosses qu'il décrit comme un poids pour la communauté nationale. Il les réduit à leur religion, peu importe qu'ils aient la nationalité française ou ne pratiquent pas cette religion", a expliqué le procureur, qui a requis une peine de 60 jours amende à 30 euros (1.800 euros).

Une peine de jours amende implique que le condamné voit cette peine transformée en emprisonnement s'il ne s'acquitte pas de la totalité de l'amende.

L'avocate du prévenu a plaidé la relaxe, appelant le tribunal à ne pas prononcer "une peine de mort de la liberté de penser". Le jugement a été mis en délibéré au 25 avril.

L'élu est poursuivi pour avoir publié sur Twitter le 1er septembre 2016 le message suivant: "#rentréedesclasses: la preuve la plus éclatante du #GrandRemplacement en cours. Il suffit de regarder d'anciennes photos de classe". Il est également visé pour avoir déclaré sur LCI le 5 septembre: "Dans une classe de centre-ville de chez moi, 91% d'enfants musulmans. Évidemment que c'est un problème".

La "provocation à la haine" est passible d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende.

A l'audience, Robert Ménard a affirmé "ne pas comprendre" en quoi ses propos "posaient problème": "Chaque fois que je m'emploie à décrire la réalité, ce n'est pas pour stigmatiser mais trouver des solutions à des questions difficiles", a-t-il expliqué, se posant en chantre de la "mixité et du vivre ensemble."

"Je ne trouve pas souhaitable pour les enfants et leurs mamans qu'il y ait des écoles ghetto. Et pour trouver des solutions, il faut dire ce qu'il en est", a-t-il avancé, estimant qu'on lui fait "un mauvais procès".

Interrogé par la présidente sur l'emploi de l'expression "grand remplacement" théorisée par l'écrivain d'extrême-droite Renaud Camus, pour qui il existerait un processus de substitution de population sur le territoire français, Ménard parle d'une expression "pragmatique" et "parlante".

"C'est vrai qu'il y a 25 ans nos écoles n'étaient pas composées des mêmes enfants qu'aujourd'hui", a-t-il observé, affirmant ne pas partager cette "théorie conspirationniste".

"Vous avez pourtant commandé à Renaud Camus un livre sur Béziers", s'est amusé le procureur. "Il écrit aussi des guides touristiques", lui a répondu M. Ménard.

La présidente lui a lu un autre tweet du 3 octobre, accompagné d'une vieille photo de classe, dans lequel il justifie ses propos: "C'est le moyen le plus simple, le plus frappant de vérifier que l'invasion migratoire n'est pas un fantasme".

Appelé à la barre par la défense, le maire PCD (Parti chrétien démocrate) de Montfermeil Xavier Lemoine a donné raison à son collègue en parlant de "bascule démographique et culturelle" avant de détailler les pourcentages d'étrangers et de Français d'origine étrangère dans sa ville.

En mai 2005, Robert Ménard avait suscité un tollé en évoquant "64,6%" d'élèves de confession musulmane dans les écoles de Béziers, une estimation basée sur "les chiffres de (la) mairie". Une enquête, finalement classée sans suite, avait été ouverte pour vérifier l'existence éventuelle de fichiers illégaux à la mairie.

A l'audience, les avocats de six associations antiracistes, parties civiles, ont dénoncé "la lâcheté" du maire de Béziers qui "n'assume pas ses propos qui "alimentent la peur et le rejet de l'autre", même si "leur sens est pour tous évident".

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