Nuit de la solidarité : pour sortir de la rue, des logements mais pas seulement

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 08 février 2019 - 17:33
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Une personne sans-abri dort dans la rue à Paris le 16 janvier 2017
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© MARTIN BUREAU / AFP/Archives
La Nuit de la solidarité permet de mettre en évidence le manque de logement, mais aussi la complexité des situations des sans-abri.
© MARTIN BUREAU / AFP/Archives

La deuxième Nuit de la solidarité a eu lieu jeudi 7 au soir à Paris. Elle pourrait aboutir à un chiffre de sans-abri encore plus important que l'année dernière. Mais derrière cette question "comptable" relative au logement -d'urgence ou pérenne-, elle doit également permettre d'apporter des éléments pour, à plus long terme, aider des personnes aux parcours variés et difficiles à sortir de la rue.

"Pourquoi dans une ville riche comme Paris, des milliers de personnes dorment dehors? On doit pouvoir faire autrement". C'est ainsi qu'Anne hidalgo a résumé les questions et attentes de ses administrés lors du lancement, jeudi, de la deuxième Nuit de la solidarité.

Une autre interrogation revient régulièrement: une fois les sans-abri comptés et les parcours étudiés comme cela a été le cas l'année dernière, quels sont les solutions apportées? L'annonce par le gouvernement de l'ouverture en France de 4.800 places par rapport à l'hiver dernier a été salué par les associations, avec toutefois une certaine prudence, celui-ci paraissant bien faible face à l'estimation basse ressortie de la Nuit de la solidarité 2018: 3.035 sans-abri rien qu'à Paris lorsque tous les moyens d'accueils sont mobilisés.

Un chiffre qui risque d'ailleurs d'augmenter malgré l'ouverture de nouvelles places. Les parcs et parkings n'avaient en effet pas pu être explorés lors de l'édition 2018. Cela a été possible jeudi notamment grâce au concours de Paris Habitat. Par ailleurs, les questionnaires ont été complétés, adaptés aux situations observés lors de la première édition.

Sur l'exploitation de ces données Anne Hidalgo répond avec l'exemple de l'accueil de jour mis à la disposition des femmes à l'Hôtel de Ville. Conséquence directe de la première opération qui avait révélé que 12% des personnes seules sans-abri étaient des femmes, alors que les estimations tablaient sur 2%. "Pour bien réagir, il faut connaître les chiffres mais aussi les parcours", juge la maire de Paris.

Voir: Nuit de la solidarité: à la rencontre de la réalité des sans-abri

La question de l'hébergement d'urgence reste bien sûr centrale, mais elle est enrichie d'autres interrogations. La première Nuit de la solidarité avait été marqué par les déclarations de l'exécutif sur le nombre estimé de personnes dormant dehors l'hiver. L'enquête avait montré une toute autre réalité comptable, mais aussi les différences de situations.

Alors que les associations critiquent régulièrement la gestion "dans l'urgence" ou "au thermomètre", plusieurs évoquent aussi l'intérêt de cette opération pour, au-delà de loger les sans-abri, leur fournir l'aide nécessaire pour sortir de la rue, qui apparaît souvent comme une prison. Selon les conclusions de l'édition 2018, 44% des personnes interrogées n'avaient jamais bénéficié d'une solution d'hébergement, deux tiers n'appellent pas le 115.

"Il faut penser à l'étape d'après. Il y a de l'espoir, il y a une vie après la rue", fait-on remarquer à Emmaüs. Les parcours racontés par les sans-abri lors des maraudes témoignent d'une détresse qui va bien au-delà d'une simple impossibilité financière de se loger. Le rapport de l'association Abbé Pierre publié la semaine passée avait déjà pointé le fait que nombre de sans-abri sont des personnes qui ont connu de grandes difficultés avant de se retrouver à la rue, après avoir été "abandonnées par les institutions".

La Nuit de la solidarité se veut comme un moyen d'aiguiller les politiques publiques. Et elle montre bien qu'il ne s'agit pas que d'une affaire de logements d'urgence, même si, rappelait au cours de la maraude une cheffe d'équipe "ces personnes en détresse s'en sortiront toujours beaucoup plus facilement avec un toit au-dessus de la tête".

Lire aussi:

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Plan grand froid: derrière les chiffres, le piège de la gestion "au thermomètre"

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