Paris : nouveau bras de fer mairie-préfecture autour des consommateurs de crack

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Par AFP - Paris
Publié le 25 janvier 2022 - 21:04
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Evacuation par la police de consommateurs de crack d'un campement de fortune Porte de la Villette à Paris, le 24 janvier 2022
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© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Evacuation par la police de consommateurs de crack d'un campement de fortune Porte de la Villette à Paris, le 24 janvier 2022
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

La mairie de Paris et la préfecture de police s'opposent de nouveau au sujet, sensible, des consommateurs de crack dans la capitale, le chef des forces de l'ordre ayant décidé de les déplacer hors du nord-est de la capitale, leur zone historique de regroupement.

Dans un communiqué diffusé mardi soir, la préfecture de police a précisé avoir, sur demande du ministre de l'Intérieur, repéré un lieu appartenant à la SNCF dans le XIIe arrondissement (est) afin d'y installer les consommateurs de crack, regroupés depuis fin septembre porte de La Villette, dans le XIXe (nord-est).

Selon la préfecture, le groupe public a "donné son accord" à l'Etat pour "le prêt et la mise à disposition" d'une de ses parcelles située "à l'intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski".

C'est dans cette friche industrielle que doit surgir d'ici quelques années le projet urbain Bercy-Charenton, un nouveau quartier composé de logements, de bureaux, de commerces, et d'espaces verts.

Pour le préfet, ce site satisfait "le mieux possible" aux critères de recherche: "le plus possible éloigné des quartiers résidentiels, commerçants ou des nœuds de transport" mais tout de même "accessible aux services sanitaires et sociaux".

Mais pour Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) de la maire Anne Hidalgo, le choix de cette zone d'aménagement concerté est une "absurdité absolue" et une "décision solitaire prise sans concertation aucune".

Il a indiqué à l'AFP l'intention de la Ville de "faire obstacle à cette stratégie dans les heures qui viennent" et demande une réunion en urgence avec les autres partenaires du plan crack, la préfecture d'Ile-de-France et l'Agence régionale de santé.

M. Grégoire, lui-même élu du XIIe arrondissement, dénonce un "simple déplacement du problème" et le choix d'un site "absurde de l'avis des professionnels comme des associations".

L'adjointe à la santé, Anne Souyris (EELV), s'est dite "sidérée" par cette décision. "On les met dans un autre terrain vague et tout ça de force, sans mise à l'abri, sans perspective", déplore-t-elle.

Dans un courrier adressé lundi au préfet, Anne Hidalgo avait réaffirmé son "opposition claire et ferme" à un nouveau déplacement organisé des consommateurs de ce dérivé bon marché et très addictif de la cocaïne.

"Déplacer les usagers de drogue ne permet pas de résoudre définitivement la problématique du crack, mais c'est un devoir vis-à-vis des riverains du XIXe et du XVIIIe qui ont trop longtemps été éprouvés par la présence des usagers de drogue", explique M. Lallement.

"Les usagers de drogue ont besoin d'une prise en charge globale, sociale et sanitaire à laquelle la succession d'opérations de police ne répond aucunement", rétorque Mme Hidalgo.

- 25 millions d'euros -

Fin septembre, malgré le désaccord de la mairie, déjà, le préfet avait décidé de délocaliser des toxicomanes des jardins d'Eole, où ils étaient regroupés depuis le printemps pour soulager le quartier voisin de Stalingrad, vers la porte de La Villette.

Si ce déplacement aboutit il s'agira donc de leur troisième déplacement en l'espace de neuf mois.

Lundi matin porte de La Villette, sur ordre de la préfecture, des pelleteuses ont détruit les abris en dur fréquentés selon Mme Souyris par 150 à 200 toxicomanes. Le soir, une centaine de riverains ont manifesté pour demander qu'une solution pérenne soit trouvée pour mettre à l'abri ces toxicomanes.

Entre 2019 et 2022, la Ville et l'Etat ont mobilisé pour leur plan anti-crack 25 millions d'euros au lieu des neuf millions initialement prévus. Cet argent a principalement permis d'héberger 450 toxicomanes, sans apporter de solution pérenne à leur errance dans les rues du nord-est de la capitale.

Mi-septembre, la situation semblait s'être débloquée avec la lettre du Premier ministre Jean Castex annonçant le soutien du gouvernement à la création de nouveaux lieux "d'accueil et de repos", solution prônée par Mme Hidalgo.

Mais, devant la mobilisation des riverains, la mairie actait au même moment l'abandon d'un projet de ce type situé près d'une école, rue Pelleport dans le XXe.

Aucun proposition n'a émergé depuis.

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