Présidentielle : Eric Woerth, une prise de guerre pour Macron, Pécresse affaiblie

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Par Antonio RODRIGUEZ avec le service politique de l'AFP - Paris (AFP)
Publié le 09 février 2022 - 13:27
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Des opposants au pass vaccinal forment un "Convoi de la Liberté" à Nice, le 9 février 2022
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© Valery HACHE / AFP
Des opposants au pass vaccinal forment un "Convoi de la Liberté" à Nice, le 9 février 2022
© Valery HACHE / AFP

A deux mois de la présidentielle, le candidat non déclaré Emmanuel Macron a réalisé mercredi une importante prise de guerre avec le ralliement d'un ex-ministre sarkozyste, Eric Woerth, affaiblissant sa rivale Valérie Pécresse (LR), déjà sous pression de l'extrême droite.

Mais le chef de l'Etat doit surveiller dans le même temps la mobilisation d'opposants au pass vaccinal qui veulent "rouler sur Paris" samedi dans le cadre d'une action baptisée "convois de la liberté", inspirée par celle des routiers canadiens. Une nouvelle crise de type "gilets jaunes", alimentée par la flambée des prix du carburant, serait du plus mauvais effet avant une annonce officielle de candidature, attendue d'ici la fin du mois.

"Je n'adhère pas au discours de LR", qui décrit une France "recroquevillée sur elle-même", a affirmé dans un entretien au Parisien Eric Woerth, président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale et ancien ministre du président Nicolas Sarkozy.

En conséquence, M. Woerth, qui a indiqué se mettre "en congé" de LR, soutient le président Macron, donné largement en tête depuis des mois dans les sondages avec environ 25% d'intentions de vote. Selon lui, le chef de l'Etat est "le mieux à même de défendre l'intérêt de la France et des Français".

Furieux, le président de LR Christian Jacob lui a aussitôt demandé de quitter le parti et la présidence de la Commission des finances de l'Assemblée nationale. Il ne peut "en aucun cas" rester LR, a-t-il affirmé à l'AFP, en disant sa "déception" et ses "regrets", même si M. Woerth est, selon lui, "un parlementaire en fin de carrière" et que "ses affaires judiciaires ont sans doute pesé" dans sa décision.

L'ex-ministre du Budget, ancien trésorier de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, est mis en examen depuis 2018 pour "financement illégal de campagne électorale", dans l'enquête sur les soupçons de financement libyen de cette élection. Il a aussi été mis en examen en juillet 2021 dans l'enquête sur un coup de pouce fiscal accordé à Bernard Tapie dans l'affaire du Crédit lyonnais.

Valérie Pécresse a pour sa part demandé à ses troupes de rester "impassibles" en assurant: "la technique des débauchages n'est pas la nôtre. Nous sommes un parti de conviction et notre projet sera un projet de conviction".

- "La plus fragile" -

Après avoir été élu en 2017 avec de nombreuses voix de gauche, Emmanuel Macron, grand adepte du "en même temps", avait bénéficié de l'arrivée de plusieurs personnalités de droite (Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Thierry Solère, Franck Riester, Jean Castex), tous promus au gouvernement.

Le ralliement d'Eric Woerth, précédé par celui de l'ancienne ministre chiraquienne Catherine Vautrin, intervient alors que certains LR s'inquiètent d'un faux plat de Valérie Pécresse, qui marque le pas dans les sondages, et l'appellent à donner plus de chair à sa campagne, à quelques jours de son grand meeting dimanche à Paris.

Selon un dernier sondage de l'institut Elabe pour BFMTV, L'Express et SFR la candidate RN Marine Le Pen et Valérie Pécresse perdent toutes les deux un point, respectivement à 15,5% et 15%. Juste derrière elles, le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour se rapproche (13%).

Les mauvaises nouvelles volant souvent en escadrille, le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau a dit à Marianne refuser pour l'instant de parrainer Mme Pécresse, tant qu'elle "ne fixera pas de ligne rouge claire entre Zemmour, Le Pen et LR".

Avec une droite sous pression, une extrême droite divisée, une gauche totalement fragmentée, le camp du président Macron peut continuer à préparer l'entrée officielle en campagne de leur champion, en mettant en avant l'absence d'alternative crédible, la gestion de la crise du Covid et le rebond de l'activité économique.

Mais les "convois de la liberté" pourraient perturber le calendrier présidentiel. La mobilisation est difficile à évaluer pour l'heure mais Jean Castex a renoncé par précaution à un déplacement samedi dans l'Orne sur les stupéfiants, préférant surveiller depuis Paris les éventuels débordements des manifestations.

Si les organisateurs affirment être "apolitiques", les oppositions les plus radicales ne comptent pas laisser passer l'occasion.

Marine Le Pen a dit "comprendre" ce mouvement. "Les revendications sont parfaitement légitimes" et traduisent une "colère sociale très forte", a renchéri le président par intérim du RN Jordan Bardella sur BFMTV, le président Macron ayant selon lui a "échoué à résoudre la fracture sociale".

De son côté, le numéro 2 de La France insoumise Adrien Quatennens a "encouragé" "les Insoumis qui souhaitent à y aller".

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