Une bonne fois pour toutes, on a dépassé la Borne

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France-Soir
Publié le 09 janvier 2024 - 11:30
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Démission Borne
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Paul Faith / AFP
Au revoir Elisabeth, bornée au 49.3 !
Paul Faith / AFP

FRANCE - Elisabeth Borne n'est plus Premier ministre. Elle a lundi 8 janvier 2024 donné sa démission au président Emmanuel Macron, qui l’a acceptée. Le nom du nouveau Premier ministre n’est pas encore connu et Mme Borne règle les affaires courantes à Matignon, comme le veut la tradition. Dans sa lettre de démission, celle qui a fait l’objet d’une trentaine de motions de censure et qui a recouru à 23 reprises à l'article 49.3 de la Constitution souligne avoir été “passionnée par sa mission” et affirme qu'il est "plus que jamais nécessaire de poursuivre les réformes". En attendant l’annonce de l’Elysée, l’hypothèse de voir Gabriel Attal la remplacer est de plus en plus insistante, après que plusieurs noms aient été évoqués.

La loi sur l’immigration sonne le glas pour Borne

Le départ du Premier ministre était prévisible, sinon attendu depuis les tensions générées par la loi immigration. Celle-ci, portée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a été rejetée par l’Assemblée nationale à travers une motion de rejet. Le locataire de la place Beauvau avait d’ailleurs présenté immédiatement après le vote du Parlement sa démission au chef de l’État, qui l’avait refusée. La loi a finalement été adoptée le 19 décembre 2023 par la commission mixte paritaire (CMP) après d'âpres négociations entre la majorité et les républicains (LR). Un échec politique cuisant pour Gérald Darmanin.

C’est d’ailleurs le souvenir que des figures de l’opposition semblent déterminées à garder de Borne. "Au moment de la démission d’Élisabeth Borne, je pense au gâchis inouï qu’a été la loi immigration", déplore l’écologiste Sandrine Rousseau sur X (anciennement Twitter). "Élisabeth Borne restera surtout comme la Première ministre d'une réforme des retraites imposée aux Français et d'une loi immigration inspirée du Front national", a déclaré, de son côté, le socialiste Boris Vallaud.

Dans sa lettre de démission, Elisabeth Borne affirme avoir été “guidée par le souci constant (...) d'aboutir à des résultats rapides et tangibles pour nos concitoyens". Elle laisse entendre, sans prendre de gants, que son départ n’est pas de sa propre initiative, en “actant la volonté” d’Emmanuel Macron de “nommer un nouveau Premier ministre”.

Elisabeth Borne estime qu’il est "plus que jamais nécessaire de poursuivre les réformes, afin de donner sa chance et des perspectives à chacun au sein de la République et de bâtir une France plus forte et plus juste dans une Europe plus souveraine”. Elle s’est, en outre, félicitée d’avoir fait adopter “dans des conditions inédites au Parlement, les textes financiers, dont la réforme des retraites, la loi relative à l'immigration, et plus de cinquante lois qui répondent aux défis de notre pays et aux préoccupations des Français”, que ces derniers récusent dans leur majorité.

Les textes évoqués par celle qui fut de tous les gouvernements depuis 2017 ont été adoptés sans vote grâce à 23 recours à l’article 49.3 de la Constitution.

L’opposition ironise sur le recours excessif au 49.3

"Elle n'a pas démérité, mais elle paie les pots cassés après la loi immigration et une certaine lassitude dans notre camp. On avait tous envie d'autre chose", confie un député macroniste. Selon un ministre dont l’identité n’a pas été dévoilée, Macron “ne voulait pas au départ remanier, mais remplacer uniquement Olivier Dussopt si celui-ci était condamné à l’issue de son procès”. Cependant, le rejet par l’Assemblée de la loi sur l’immigration et surtout, le départ de certains ministres après son adoption l’ont mis “dans une colère noire”.

Le chef de l’État lui a rendu hommage dans un post X, qualifiant “d’exemplaire” son travail “au service de notre Nation”. “Vous avez mis en œuvre notre projet avec le courage, l’engagement et la détermination des femmes d’État. De tout cœur, merci”, lit-on.

La Présidence n’a divulgué aucun nom s’agissant du successeur de Borne à Matignon. Dans les coulisses, c'est celui de Gabriel Attal qui revient toutefois le plus. S’il est nommé, l'actuel ministre de l'Éducation nationale, âgé de 34 ans serait le plus jeune Premier ministre, un record détenu par Laurent Fabius, nommé en 1984 à 37 ans.

Les réactions de l’opposition à ce départ d’Elisabeth Borne étaient évidemment prévisibles. Pour les Insoumis, Elisabeth Borne laisse derrière elle "une démocratie salement amochée". La formation fondée par Jean-Luc Mélenchon exige "un vote de confiance au Parlement" pour son successeur, sinon "une motion de censure" sera déposée. Sébastien Chenu, vice-président du RN et vice-président de l'Assemblée nationale, ironise sur le recours excessif au 49.3. "Elisabeth Borne ne dépassera pas le record de 49.3. Elle était pourtant bien partie", a-t-il écrit sur Twitter.

Les membres du gouvernement réglaient déjà “les affaires courantes” depuis une quinzaine de jours, selon les médias. Le remaniement était attendu par les cabinets, qui ont suspendu la validation des gros projets. Dimanche, Emmanuel Macron avait déjà reçu son Premier ministre pour évoquer "des dossiers importants", la sommant de donner des réponses aux sinistrés du Pas-de-Calais après les inondations en série qui ont frappé le territoire ces dernières semaines.

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