Justin Trudeau, du “Golden Boy” canadien à l’impopulaire Premier ministre aux multiples scandales

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France-Soir
Publié le 25 novembre 2023 - 14:20
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Odd Andersen / AFP
Justin, pion du World Economic Forum : s'il n'y en avait juste qu'un...
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PORTRAIT CRACHE - Depuis son ascension au poste de Premier ministre au Canada il y a huit ans, Justin Trudeau s'est surtout signalé par la dégringolade de sa popularité et les nombreuses polémiques qui ont jalonné, jusqu’à aujourd'hui, ses deux mandats. Ce Young Global Leader, “Golden boy” de la scène politique canadienne après la victoire écrasante de son parti contre les conservateurs en 2015, est plus que jamais rejeté par les Canadiens. Conflits d’intérêts, ingérence dans l’enquête pour corruption visant SNC Lavalin et plusieurs fois visé par des enquêtes pour violation à l’éthique, Justin Trudeau se fait, de surcroît, l'ardent promoteur de la mise en oeuvre de programmes soutenus par le Forum économique mondial (FEM). 

“Fils de” en sirop d’érable sans le panache de Cambronne 

Avant de se lancer en politique et “marcher sur les pas de son cher père”, Pierre Elliott, Justin Trudeau, né en 1971 à Ottawa (Ontario), obtient son baccalauréat en littérature anglaise puis un autre baccalauréat en sciences de l'éducation. Il enseigne le français et l’art dramatique puis s’inscrit en 2002 à l'école polytechnique de Montréal pour y mener des études d’ingénieur, très vite abandonnées. Trois années plus tard, il s’inscrit en maîtrise de géographie environnementale à l’université McGill de Montréal.  

Sa carrière politique commence en 2007. Justin Trudeau, étroitement lié aux libéraux, vise une circonscription à Montréal, mais la direction du parti la lui refuse. En revanche, les militants le plébiscitent pour la circonscription de Papineau au Québec. Il y est élu député en 2008. 

Ses premiers mandats à la Chambre des communes sont surtout marqués par ses prises de positions hostiles au gouvernement en place, notamment sur les questions environnementales, avec une première polémique à la clé lorsqu’il qualifie le ministre de l'Environnement de l’époque, Peter Kent, de “merde”. 

En 2012, fraîchement réélu à la tête de la circonscription de Papineau, Justin Trudeau annonce se porter candidat à la tête du Parti libéral. Celui qui est accusé par ses opposants au Québec comme dans le reste du territoire canadien de profiter de son “look” et de son lien de parenté avec Pierre Elliott Trudeau dit se présenter avec “ses qualités et ses défauts”. Il mise sur sa “connaissance du pays” et promet “d’établir son prénom et sa vision”. Il prône un Canada “ouvert aux nouveaux arrivants”, doté d’une “économie forte et dynamique et d’une politique étrangère indépendante”. Des secteurs qui lui causent justement de véhémentes critiques et une perte de popularité aujourd’hui... 

Retour de gaz pour le populisme de trappeur et lune de fiel au goût de glyphosate 

Il est élu en 2013 à l’issue d’une victoire écrasante, récoltant 80 % des quelque 30 000 points possibles. Son entrée en fonction coïncide avec un scandale lié aux dépenses de sénateurs. Quelques années plus tard, Justin Trudeau est lui-même visé par une enquête pour avoir accepté des vacances de la part d’un prince.  

Il est désigné Premier ministre en 2015 après la victoire de son parti aux élections fédérales, malgré une perte de soutien chez les francophones. Le Parti libéral s’est offert une majorité absolue au Parlement canadien avec 184 élus sur les 338 de la Chambre. 

La lune de miel dure deux ans. Une baisse du chômage, une hausse de la croissance économique et une politique sociale favorable aux Amérindiens et aux immigrés, lui permettent de conserver une jolie cote de popularité. Justin Trudeau subit tout de même des critiques. Il est accusé d’avoir lâché du lest sur les questions environnementales en prenant des décisions favorables aux industries pétrolières et en autorisant l’usage du glyphosate, le controversé désherbant commercialisé par la société américaine Monsanto.  

Sa politique étrangère est aussi pointée du doigt avec la négociation de l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA), jugée défavorable pour le Canada, l’échec de ses pourparlers avec la Chine sur un accord de libre-échange et son tropisme américain, concernant notamment les relations avec la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. 

Son premier mandat est aussi entaché par un scandale, premier d’une longue série en tant que Premier ministre. Il est visé en 2017 par une enquête de la commissaire à l’éthique pour avoir accepté des vacances offertes par le prince Karim Aga Khan IV, prince et chef spirituel des ismaéliens nizârites, courant de l’islam chiite. Les cadeaux ou services payés par l’argent privé ne sont pas autorisés pour les élus.  

Des scandales aux abysses 

A la fin de son premier mandat, le bilan de Justin Trudeau apparaît bien contrasté. Des opposants comme d’anciens conseillers lui rappellent son échec à faire “revenir le Canada sur le devant de la scène internationale”. Pire, les relations d’Ottawa avec plusieurs puissances, y compris alliées, comme les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et même la France, sont tendues. Le Parti libéral remporte à nouveau les élections fédérales en 2019, sans conserver la majorité obtenue en 2015. Justin Trudeau tente de la reconquérir à travers des élections anticipées organisées à mi-mandat en 2021, mais échoue de nouveau, formant un gouvernement minoritaire. 

Son deuxième mandat débute en 2019 avec un nouveau scandale, cette fois-ci lié à une ingérence dans une enquête pour corruption visant SNC-Lavalin. Justin Trudeau et son entourage auraient exercé des pressions sur sa ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, pour que cette dernière renonce aux poursuites judiciaires visant l’entreprise québecoise de BTP, impliquée dans un scandale de corruption en Libye. Le groupe est accusé d’avoir versé entre 2001 et 2011 pas moins de 48 millions de dollars canadiens de pots-de-vin à des responsables libyens pour décrocher des contrats, lorsque le pays était encore dirigé par Mouammar Kadhafi.  

La troisième enquête d’éthique concernant le Premier ministre canadien survient à peine un mois plus tard, une nouvelle fois pour des soupçons de conflits d’intérêts. La presse canadienne révèle que Trudeau a contribué à l’octroi d’un contrat gouvernemental conséquent à une association caritative, We Charity, qui a rémunéré des membres de sa famille pour un total avoisinant les 300 000 dollars canadiens. 

La popularité du Premier ministre, qui s’effritait déjà avec toutes ces controverses, plonge lors de son troisième mandat, la faute à sa politique sanitaire, le mouvement du convoi de la liberté et l’état d’urgence décrété pour y faire face. A ses mesures décriées par de nombreux États fédéraux s’ajoute ... un scandale supplémentaire ! Une enquête de Radio-Canada révèle en janvier 2023 que son gouvernement a payé 30 fois plus d’argent au cabinet de conseil en stratégie McKinsey & Company que les conservateurs lorsqu’ils étaient au pouvoir. Les sommes versées à McKinsey sont ainsi passées en neuf ans de 2,2 millions de dollars à... 66 millions.  

Tout comme en France, où les relations entre le cabinet et le président Emmanuel Macron font l’objet d’une enquête de la justice, le Bureau de la vérificatrice générale du Canada, équivalent de la Cour des comptes, annonce l’ouverture d’une instruction sur les contrats accordés par le gouvernement de Justin Trudeau. 

Le Pinocchio transatlantique de tonton Schwab 

Depuis l’été 2023, les sondages enfoncent Justin Trudeau et son parti quant aux intentions de vote en cas d’élections. Ses opposants lui reprochent une baisse du pouvoir d’achat et une crise de logement dont le Premier ministre avait pourtant promis de faire “la priorité numéro un”. En plus de l’inflation, les Canadiens doivent aussi s’acquitter d’une taxe carbone, en vigueur depuis 2019 et en hausse chaque année de 15 dollars canadiens, qui suscite l’ire du Parti conservateur. 

Des députés de cette formation politique n’hésitent d’ailleurs pas à dénoncer l'affiliation de Trudeau au Forum Économique Mondial (WEF) et l’accusent de “faire son ignoble danse avec la classe de Davos” en amassant des richesses et en côtoyant la jet-set tout en “taxant le petit gars pour s’être simplement rendu au travail en voiture”.   

Ancien Young Global Leader, un programme du WEF qui sélectionne les futurs “maîtres du monde”, ceux qui vont “façonner la politique, la société et le monde qui les entourent”, Justin Trudeau a maintenu depuis son ascension au poste de Premier ministre une relation étroite avec le WEF. Non content de participer régulièrement au forum de Davos et de financer l’organisation, il a maintes fois rencontré, en sa qualité de “nouveau visage de la jeunesse”, les Global Shapers, une autre organisation du Forum rassemblant les jeunes de moins de 33 ans pour qu’ils "apportent leur contribution à la construction du monde".

Autre proximité avec le WEF : le premier ministre canadien est un des présidents des défenseurs des objectifs de développement durable des Nations unies, un programme de l’ONU soutenu par Davos et visant à “atteindre 17 objectifs de développement durable”. 

 

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