Japon : l'ancien Premier ministre Shinzo Abe a été assassiné

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FranceSoir
Publié le 08 juillet 2022 - 19:05
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L'ex premier ministre japonais
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VLADIMIR SIMICEK / JIJI PRESS / AFP
Le 25 avril 2019, le Premier ministre japonais Shinzo Abe quitte le château de Bratislava après une réunion des pays du groupe de Visegrad (V4) et du Japon à Bratislava.
VLADIMIR SIMICEK / JIJI PRESS / AFP

L’ex-Premier ministre Shinzo Abe est mort le 8 juillet 2022, à 67 ans, des suites de ses blessures. Un homme, Tetsuya Yamagami, âgé d'une quarantaine d'années, a tiré à bout portant dans le dos de Shinzo Abe, avec ce qui semble être un fusil artisanal à deux canons juxtaposés, alors que l’homme politique s’exprimait lors d’un meeting public à Nara dans le cadre élections sénatoriales partielles. L’assassin présumé serait apparemment un ancien membre de la Force maritime d'autodéfense.

Récit des faits

Shinzo Abe, 67 ans, a été la cible de coups de feu vers 11 h 30 (4 h 30 à Paris), alors qu’il prononçait un discours public à un carrefour, près de la gare de Yamato-Saidaiji, à Nara, dans l’ouest du Japon. Touché, il s'est effondré et saignait au cou. Il a été immédiatement transporté à l'hôpital alors qu'il était en arrêt cardiorespiratoire – un terme utilisé au Japon indiquant l'absence de signe de vie et précédant généralement un certificat de décès officiel.

Le Japon n'a rien connu de tel « depuis plus de 50 à 60 ans », selon Corey Wallace, maître de conférences à l'université de Kanagawa et spécialiste de la politique nippone. Selon lui, le dernier incident similaire au Japon remonte à 1960, lorsqu’un étudiant proche de l'extrême-droite avait poignardé Inejiro Asanuma, le dirigeant du Parti socialiste japonais.

Qui était Shinzo Abe ?

L’ex-Premier ministre était célèbre pour sa longévité à la tête de l’État (du 26 septembre 2006 au 26 septembre 2007 et du 26 décembre 2012 au 16 septembre 2020).

Membre du Parti libéral-démocrate, Shinzo Abe était aussi réputé pour sa volonté d’un rapprochement politique et militaire avec les États-Unis. Il avait notamment accepté de signer le traité de la Haye, le 22 mai 2013, sur l’enlèvement international des enfants, ainsi qu’un accord sur le renforcement de la coopération dans la prévention et la lutte contre les formes graves de criminalité (Agreement on Enhancing Cooperation in Preventing and Combating Serious Crime, ou PCSC accord) en 2014. Il fut par ailleurs le premier dirigeant étranger à se rendre aux États-Unis pour féliciter Donald Trump de son élection, les deux hommes entretenant une relation étroite. L'homme d'État japonais avait aussi cherché à développer les relations avec la Russie. Plutôt conservateur sur le plan des mœurs, il souhaitait réviser la Constitution afin de constituer une véritable armée japonaise.

Certaines polémiques ont toutefois entaché son mandat : « Des soupçons de trafic d’influence au profit de structures éducatives privées (Moritomo Gakuen et Kake Gakuen) dirigées par des proches », pouvait-on lire dans Le Monde.

De multiples hommages des dirigeants à travers le monde

De très nombreux chefs d’État ont déploré la mort de Shinzo Abe. D'abord, l'actuel Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a assuré ce jour « ne pas trouver de mots » après l'assassinat par balles de l'ancien dirigeant nippon. « Je priais pour que sa vie soit sauvée, mais malgré cela, j'ai appris la nouvelle [de sa mort]. C'est vraiment regrettable. Je ne trouve pas de mots. Je présente mes sincères condoléances et prie pour que son âme repose en paix », a-t-il déclaré par la suite.

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a qualifié sa mort d’acte de « terrorisme » en période électorale, qui a attaqué « le fondement même de la démocratie ». Il a également envoyé une lettre de condoléances à la femme d’Abe, Akie. Le plus haut diplomate philippin, Enrique Manalo, a dit qu’il sera « très regretté ».

De son côté, le Premier ministre indien Narendra Modi a qualifié Abe de « cher ami » et a déclaré que son pays célébrerait un jour de deuil national samedi, « en signe de notre plus profond respect ». Méfiant des velléités chinoises, Abe a développé des liens étroits entre le Japon, la démocratie la plus riche d’Asie, et l’Inde, une des régions les plus peuplées. Il était un ardent défenseur du Quad, un réseau informel regroupant le Japon, l’Inde, l’Australie et les États-Unis, qui est considéré comme un contrepoids à Beijing.

Un porte-parole de l’ambassade de Chine au Japon a déclaré qu’Abe avait « contribué à améliorer les relations entre la Chine et le Japon pendant son mandat », a rapporté Reuters. « Nous exprimons nos condoléances à l’occasion de son décès et offrons nos condoléances à sa famille. »

Du côté des États-Unis, les trois derniers présidents ont exprimé leurs condoléances. Le président Biden s’est dit « stupéfait, outré et profondément attristé par la nouvelle ». « C’est une tragédie pour le Japon et pour tous ceux qui l’ont connu », a-t-il ajouté. « Même au moment où il a été attaqué, il était engagé dans le travail de la démocratie. » Joe Biden a ajouté que « la violence armée laisse toujours une profonde cicatrice sur les communautés qui en sont affectées », référence implicite au débat sur le port d’armes qui agite les États-Unis.

L’ancien président Barack Obama a tweeté son choc après l’assassinat de son « ami ». Il se souvient des visites « émouvantes » à Hiroshima et à Pearl Harbor avec Abe, en 2016, et souligne l’alliance extraordinaire entre les États-Unis et le Japon.

Enfin, Donald Trump, qui a tissé des liens étroits avec Abe pendant qu’il était au pouvoir, a publié un message sur sa plateforme de médias sociaux en saluant Abe comme un « rassembleur », un homme qui « aimait et chérissait » sa nation, assurant qu’il n’y « aura jamais d’autre comme lui ». L’ex-président a également appelé à une punition rapide et sévère pour le tueur d’Abe.

En Europe, Emmanuel Macron a adressé ses condoléances sur Twitter :

Ursula von der Leyen, quant à elle, a dénoncé un « meurtre brutal et lâche qui choque le monde entier ».

Le Kremlin « condamne fermement » le meurtre, a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « Je vous souhaite (...) du courage face à cette lourde perte irréparable », a pour sa part déclaré Vladimir Poutine dans un télégramme de condoléances adressé à la mère et à la veuve de Shinzo Abe, selon un communiqué du Kremlin.

Volodymyr Zelensky, lui aussi, a tweeté : « Cet acte de violence odieux n’a aucune excuse ».

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a quant à lui salué le « leadership mondial » de l'ex-Premier ministre japonais Shinzo Abe.

« Nous nous tenons aux côtés du Japon en ces heures difficiles », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz, ajoutant que l’assassinat l’avait « choqué et profondément attristé ».

Au Brésil, un deuil national de trois jours a été décrété par le président Jair Bolsonaro. « J'ai décrété un deuil officiel de trois jours dans tout le pays, pour témoigner de notre respect à l'égard du peuple japonais, de notre reconnaissance à Shinzo Abe et de notre solidarité devant une cruauté injustifiable », a écrit le président brésilien sur Twitter, en publiant une photo sur laquelle il serre la main d'Abe.

Enfin, Macky Sall, président du Sénégal, salue sur Twitter sa mémoire et présente ses condoléances émues à sa famille, au gouvernement et au peuple japonais ami.

Lire aussi : Sommet du G7 : les dirigeants occidentaux mettent en scène leur "front anti-Poutine"

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