L'Europe prépare des sanctions contre la junte malienne (Le Drian)

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Par Daphné BENOIT, Valérie LEROUX - Paris (AFP)
Publié le 12 janvier 2022 - 21:17
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Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian dans son bureau au ministère des Affaires étrangères à Paris, le 12 janvier 2022
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© Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian dans son bureau au ministère des Affaires étrangères à Paris, le 12 janvier 2022
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Sous impulsion française, l'Union européenne va prendre des sanctions contre le Mali, dans la lignée des mesures économiques et diplomatiques vigoureuses décidées par les dirigeants ouest-africains pour sanctionner l'intention de la junte de se maintenir au pouvoir, a assuré mercredi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

"Nous allons proposer de soutenir les décisions africaines, de les reprendre pour une partie d'entre elles", a déclaré le chef de la diplomatie française dans un entretien à l'AFP. "Nous allons en débattre à Brest (nord-ouest de la France) demain" lors d'une réunion informelle des ministres européens de la défense et des Affaires étrangères "mais l'hypothèse la plus vraisembable est que cela sera suivi", a-t-il assuré, alors que la France assure depuis le 1er janvier la présidence semestrielle tournante de l'Union européenne.

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a décrété dimanche la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, sanctionnant durement le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années, au lieu d'organiser comme promis le 27 février des élections présidentielle et législatives.

La junte a appelé mardi les Maliens à manifester vendredi contre ces sanctions, tout en se disant ouverte au dialogue.

"La situation au Mali et au Sahel est une affaire africaine et européenne, ce n'est plus une affaire franco-malienne, a fait valoir M. Le Drian, en référence à la participation de 10 pays européens au groupement de forces spéciales Takuba déployé au Mali à l'initiative de la France.

Le président Emmanuel Macron avait affirmé mardi que la France et l'UE soutenaient les "sanctions inédites" prises dimanche par les dirigeants ouest-africains contre la junte au pouvoir au Mali, et avait entrouvert la voie à des sanctions européennes.

- jeu de dupes "inacceptable" -

Outre les dirigeants ouest-africains et les Européens, le voisin algérien a également encouragé les militaires maliens à "une attitude responsable et constructive".

"L'Algérie prend une position modérée, de facilitateur, nous le notons avec interêt", a réagi M. Le Drian, qui a par ailleurs rappelé la réunion "dans les prochaines semaines" de la soixantaine de membres de la Coalition pour le Sahel "pour prendre une position collective".

"La junte essaie de duper l'ensemble de ses partenaires. Il y a une fuite en avant, un appel confirmé à une milice extérieure (des mercenaires russes de la société paramilitaire Wagner, ndr), et le calendrier de transition est tout à fait inacceptable", a insisté Jean-Yves Le Drian. "C'est maintenant à la junte de prendre ses responsabilités. Sinon elle prend le risque de voir ce pays être asphyxié".

La France, dont des milliers de militaires se battent contre les jihadistes au Sahel, a cherché en vain à dissuader Bamako de faire appel aux services du groupe russe Wagner.

De plus en plus nombreux, des instructeurs russes ont été déployés ces dernières semaines, notamment à Tombouctou, selon des responsables militaires maliens.

Au terme de près de neuf ans de présence, la France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus au nord du Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso. Ce plan prévoit une réduction des effectifs, de 5.000 actuellement, à 2.500/3.000 d'ici 2023.

Interrogé sur la capacité de l'armée française à poursuivre son activité au Mali dans ce contexte tendu et incertain, M. Le Drian a botté en touche. "C'est au Mali de prendre les mesures nécessaires pour que la transition puisse se faire dans les plus brefs délais et que nous puissions continuer ensemble à combattre le terrorisme".

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