"Pourquoi eux et pas nous ?" : au procès de Brétigny, les victimes s'expriment

Auteur:
 
AFP - Évry
Publié le 31 mai 2022 - 11:55
Image
Le déraillement du train Intercités Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013
Crédits
AFP/Archives - Kenzo TRIBOUILLARD
Le déraillement du train Intercités Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013
AFP/Archives - Kenzo TRIBOUILLARD

La voix nouée par l'émotion et les yeux souvent embués par les larmes, les parties civiles ont commencé à raconter mardi au tribunal d'Evry les conséquences sur leur vie de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, qui a fait 7 morts et des centaines de blessés en 2013.

C'est Jean-Luc Marissal, le vice-président de l'association des victimes de Brétigny (EDVCB), qui le premier a pris la parole pour lire la lettre d'une victime une femme d'une soixantaine d'années, incapable de se rendre au procès car encore trop bouleversée.

Cet après-midi du 12 juillet 2013, Dominique D. se trouvait à bord du train Intercités Paris-Limoges, voiture 2, place 32, "adossée au petit espace à bagages".

En traversant la gare de Brétigny-sur-Orge (Essonne), quand une éclisse, sorte de grosse agrafe reliant deux rails, se retourne et provoque le déraillement du train, elle voit "un monsieur éjecté de son siège".

Dominique D. se souvient encore "du bruit, du chaos, de la montagne de ferraille" qui l'entoure.

Dans ce wagon renversé où il n'y a "plus de plancher", elle a dû "ramper pour sortir", passant à côté de "cette dame dont (elle) était persuadée qu'elle n'avait plus de jambes".

Marquée physiquement - "les fractures, les hématomes" - et psychologiquement - "des crises d'angoisse qui arrivent et resteront" - elle en a pour trois ans de kiné et deux ans d'arrêt de travail.

"Depuis deux mois", a-t-elle encore expliqué dans sa lettre lue au tribunal, "je travaille à rentrer dans la gare, aller sur les quais, sans train puis avec train".

"La première tentative avec un train qui arrive a été terrible", raconte-t-elle, décrivant des "fourmis dans les jambes" au moment de l'arrivée de la locomotive.

"La prochaine étape sera de faire un trajet court", espère-t-elle, un "Libourne-Bordeaux".

L'arrivée du procès a particulièrement perturbé Dominique D., qui se demande encore "Pourquoi eux et pas nous?" en pensant aux morts.

Après son témoignage, d'autres parties civiles, des blessés ou des familles des personnes décédées pendant l'accident, ont pris la parole.

Plus d'une trentaine d'entre elles doivent s'exprimer pendant trois jours, après six semaines d'audiences plutôt techniques.

En tout, 435 victimes ont été identifiées et parmi elles, 184, dont 9 personnes morales, se sont portées parties civiles.

Le cadre qui a réalisé la dernière tournée de surveillance, SNCF Réseau (ex-RFF) et la Société nationale SNCF sont jugés jusqu'au 17 juin pour "homicides involontaires" et "blessures involontaires".

À LIRE AUSSI

Image
La rame renversée après l'accident de Bretigny.
Brétigny : un soulagement teinté d'amertume chez les victimes enfin reçues par les juges
Reçues pour la première fois lundi par les juges depuis l'accident de Bretigny, les parties civiles ont salué le fait d'avoir été enfin entendue, mais regrette l'absen...
09 mai 2016 - 22:45
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Lula
Lula Da Silva : une barbe cache-misère politique ou masque de l’autoritarisme ?
Luiz Inácio Lula da Silva est un personnage simple en apparence mais complexe en substance. Sous sa barbe blanche, ses fossettes et son sourire aux dents refaites, le ...
27 avril 2024 - 14:36
Politique
26/04 à 18:30
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.