Exclu - Burn-out chez Orange : harcelé pendant son arrêt de travail, un ex-salarié raconte

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DD.
Publié le 31 octobre 2018 - 14:53
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L'opérateur français Orange rachète Basefarm, le spécialiste anglais des services informatiques dématérialisés
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© ALAIN JOCARD / AFP
Le témoin décrit le harcèlement subi y compris lors de son arrêt de travail.
© ALAIN JOCARD / AFP
EXCLU. La justice a condamné l'entreprise Orange à verser 25.000 euros de dommages et intérêts à un ancien salarié licencié sans cause réelle et sérieuse. L'homme décrit le harcèlement qu'il aurait vécu de la part de l'entreprise alors qu'il était en arrêt maladie, souffrant d'un grave burn out.

EXCLUSIF. C'est un homme qui se décrit lui-même comme "foutu à cause de cette entreprise". Un ex-employé d'Orange a obtenu gain de cause devant la cour d'appel (après une décision aux prud'hommes en première instance) qui a condamné l'entreprise (dont l'Etat possède encore un quart du capital environ) pour licenciement sans cause réelle et sérieuse à 25.000 euros de dommages et intérêts. L'ancien salarié, qui dit ne plus pouvoir travailler depuis trois ans, évoque de plus des méthodes de harcèlement de la part du géant des télécoms qu'il a dû subir alors même qu'il était en arrêt maladie.

L'ex-salarié embauché au centre Orange de Nancy comme commercial –contestant les pratiques managériales de son entreprises– décrit une ambiance de travail détestable sur le plateau avec "des pompiers venant chercher des salariés faisant des malaises". Jusqu'à ce jour de 2013 où il tombe à son tour. Diagnostic: burn-out, et repos obligatoire. Le salarié ne se pliera pas à cette recommandation. "J'ai été embauché en CDI en 2011. Pour moi c'était un honneur de travailler pour cette entreprise. Obtenir un contrat à durée indéterminée c'était comme décrocher un oscar" confie-t-il à France-Soir.

Alors l'ex-salarié au repos forcé, ordonné par un médecin, va faire du zèle. Depuis son ordinateur personnel, il va consulter sa boîte email professionnelle, accessible à distance, où ses managers continuent de lui envoyer des messages, lui proposant de fait de maintenir son activité. "C'est vrai que c'est moi qui regardait mes emails dans un premiers temps. Ils ne me demandaient pas directement de travailler".

Pourquoi avoir cédé? "L'arrêt de travail conduisait à des retards sur une masse de travail qui était déjà au-delà de nos capacités. Si je ne travaillais pas pendant mon arrêt, ce travail allait s'accumuler. On me l'aurait reproché à mon retour. Alors toutes les semaines, je demandais à mon médecin de m'autoriser à revenir travailler". Le commercial finit par retourner au travail, où il sera victime d'un malaise sur son lieu de travail:"J'ai tenu cinq jours..."

Nouvelle spirale pour le salarié dont la santé se dégrade et qui dénonce une entreprise qui ne lui a jamais permis de prendre une porte de sortie. "J'ai demandé une mutation à Montpellier, dans un poste moins exposé. J'ai participé à un processus de sélection sur ce site et il ne me restait plus qu'un entretien pour valider mon départ. Orange Nancy m'a interdit faire cet entretien. Ma responsable est venu à mon poste me dire que «que tout ça va mal se terminer»".

Lire aussi: Suicides à France Telecom: le procès prévu au printemps à Paris

Dernier acte troublant: le 7 octobre 2014, l'ex-salarié sort d'un rendez-vous médical et apprend par son père au téléphone que la police le cherche. Arrivé chez lui, il découvre que la fenêtre de son appartement a été brisée. "J'ai contacté la police qui m'a expliqué qu'ils sont intervenus à mon domicile avec les pompiers. Orange les a appelés pour me dire que comme ils ne parvenaient pas à me joindre au téléphone, ils pensaient que j'allais me suicider. Ils sont donc intervenus" explique consterné celui qui assure avoir reçu ce jour-là "un unique coup de téléphone en numéro caché auquel (il) n'a pas répondu". "Il n'y avait pas de message vocal".

Le salarié assure en outre qu'un autre de ses collègues a été victime d'un procédé similaire avant d'être licencié.

Photo de l'intervention des pompiers, fournie par le salarié

En 2014, après des mois d'arrêt de travail "travaillés" à distance, le salarié est finalement licencié pour faute, à savoir des "actes d'insubordination", "une utilisation manifestement excessive de sa messagerie professionnelle à des fins personnelles" et des "comportements et propos agressifs" supposés. Autant de motifs qui ont donc été annulés par la justice quatre ans plus tard. Déclaré invalide de catégorie 2 (sur une échelle de 3) suite à cette affaire, il envisage aujourd'hui de poursuivre devant la justice pénale Orange. Le nouveau combat d'un homme "foutu" qui refuse de baisser les bras.

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