Déchets nucléaires : le projet d'enfouissement à Bure décalé d'un an

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Par AFP
Publié le 17 juillet 2017 - 19:23
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Des opposants au projet Cigéo, le 22 février 2017 à Mandres-en-Barrois
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© Jean Christophe VERHAEGEN / AFP/Archives
Des opposants au projet Cigéo, le 22 février 2017 à Mandres-en-Barrois
© Jean Christophe VERHAEGEN / AFP/Archives

La construction du projet Cigéo, qui prévoit d'enfouir à Bure (Meuse) les déchets nucléaires les plus radioactifs, ne débutera pas avant 2022, a annoncé lundi l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), pour qui l'existence de ce site ne mettra pas fin au débat sur le nucléaire.

Dans un entretien avec l'AFP, Pierre-Marie Abadie, le directeur général de l'Andra, explique que le dépôt de la demande d'autorisation de construction, prévu mi-2018, aura finalement lieu "mi-2019". L'instruction de cette demande exigeant environ trois ans, "cela repousse le début de la construction à 2022", ajoute-t-il, pour un lancement de la phase pilote autour de 2025.

"Il faut continuer à avancer avec constance mais on n'est pas à six mois près car nous avons des possibilités pour entreposer les déchets en surface", relativise le dirigeant alors que le projet est régulièrement contesté devant les tribunaux et via l'occupation permanente d'un bois appartenant au site de l'Andra à Bure.

Si Pierre-Marie Abadie juge "la guérilla judiciaire" contre Cigéo "classique", il s'inquiète davantage de "la contestation sur le terrain" qui s'est renforcée depuis l'été 2016 et qui est source de "tension" avec les habitants. "Il y a une tension permanente entretenue par des incivilités comme des dégradations de bâtiments, des tags, etc.", accuse-t-il.

Le lieu retenu pour Cigéo n'a pas d'équivalent en France. Il doit accueillir les déchets les plus radioactifs actuels et futurs du parc nucléaire français dans des galeries à 500 mètres sous terre.

Les déchets déjà produits sont stockés de manière temporaire en surface sur différents sites, les plus radioactifs ne représentant que 3% du total.

Le décalage d'un an va permettre à l'Andra d'intégrer à la fois ses propres études d'alternatives sur la conception du site et les remarques de l'Institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN) qui, le 4 juin, a notamment demandé que l'impact d'un éventuel incendie souterrain sur la partie des déchets intégrés dans du bitume soit revu.

- Interrogations sur l'atome -

"Le sujet, ancien, des bitumes est un enjeu pour toute la filière nucléaire, pas seulement pour Cigéo", fait valoir M. Abadie.

Face à ce risque spécifique, il faudra décider soit "de renforcer la conception de Cigéo", soit de "traiter les fûts pour les rendre inertes et les stocker en surface", explique le dirigeant. Les déchets bitumés étant variés car produits à des époques différentes, un mix de ces deux options pourrait aussi être décidé.

L'Andra attend aussi un avis prochain de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur Cigéo, qui prévoit un stockage réversible des déchets pendant 100 ans.

"La construction par tranche (sur plusieurs décennies) et l'exploitation vont aller de front avec une capacité d'adaptabilité très importante", souligne M. Abadie pour qui le débat sur le stockage de ces déchets "va continuer".

Selon lui, la construction de Cigéo n'ouvrira pas davantage un boulevard aux partisans de l'atome. "Ce n'est pas parce qu'on aura Cigéo qu'on aura réglé le débat sur l'avenir du nucléaire", dit-il, alors que de fortes interrogations demeurent sur la place de l'atome dans la politique énergétique française.

Si la loi prévoit de faire passer le nucléaire de 75 à 50% dans la production d'électricité vers 2025, il n'existe aucun calendrier ni méthode pour y parvenir.

Vu qu'"une partie des déchets sont déjà produits" et qu'il existe "des capacités de stockage" temporaires, entraver le projet Cigéo en espérant ainsi porter tort à la filière nucléaire "c'est un mauvais combat", juge aussi le dirigeant, qui a rencontré Nicolas Hulot la semaine dernière.

Le ministre de la Transition écologique semble favorable au projet même s'il doit "nous pousser encore plus à réfléchir" en raison "des déchets que l'on délègue aux générations futures". Ces déchets, "il va falloir les prendre en charge", a-t-il dit dimanche dans Ouest-France, et "mon travail est de vérifier que leur stockage se fasse dans des conditions de sécurité absolue".

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