Macron accélère dans le nucléaire, plus sélectif sur l'éolien

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Par Laurence BENHAMOU, Paul AUBRIAT - Belfort (AFP)
Publié le 10 février 2022 - 01:16
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La centrale nucléaire de Cattenom, dans l'est de la France, le 17 octobre 2017
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© JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP/Archives
La centrale nucléaire de Cattenom, dans l'est de la France, le 17 octobre 2017
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Emmanuel Macron a annoncé jeudi, à deux mois de la présidentielle, un vaste plan de relance du nucléaire civil, avec la construction de 6 à 14 réacteurs pour 2050, et l'essor de l'éolien marin, mais un coup de frein sur les éoliennes terrestres.

Le président a demandé à EDF la construction de six réacteurs de nouvelle génération EPR2, pour une première mise en service à l’horizon 2035. A cela s'ajoute l’étude pour huit de plus pour la fin de la décennie 2040.

"Concrètement, nous allons engager dès les semaines à venir les chantiers préparatoires", a dit Emmanuel Macron, promettant "des financements publics massifs de plusieurs dizaines de milliards d’euros" et de "sécuriser la situation financière d’EDF", lourdement endetté.

"Je souhaite qu’aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l'avenir", a aussi martelé le chef de l'Etat, alors qu'une douzaine devaient fermer d'ici 2035 en plus des 2 de Fessenheim, déjà arrêtés.

Attendu sur la relance du nucléaire, le président sortant et quasi-candidat a plus largement présenté sa vision de l'avenir énergétique de la France, engagée à la neutralité carbone en milieu de siècle pour contrer le réchauffement.

Et pour cela, "oui, il nous faut développer massivement les énergies renouvelables", a-t-il insisté, commençant même par cela. La filière, entravée par les recours quasi systématiques et les lenteurs administratives, réclamait "une parole politique claire".

Construire un nouveau réacteur nucléaire ce n'est pas avant 15 ans: on a donc besoin des énergies renouvelables tout de suite, a expliqué le président.

Emmanuel Macron a fixé jeudi l'objectif de doter la France d'une cinquantaine de parcs éoliens en mer pour "viser 40 gigawatts en service en 2050", un seuil très ambitieux alors que le tout premier site doit commencer à fonctionner en avril, avec 10 ans de retard.

D’ici 2050, il veut multiplier par près de dix la puissance solaire installée pour dépasser 100 gigawatts, contre 13,2 GW aujourd'hui disponibles.

En revanche, sur les éoliennes terrestres, il souhaite multiplier par deux la capacité actuelle en 30 ans, plutôt qu'en 10 ans comme prévu jusqu'à présent. Il s'agit du "point un peu négatif du discours", selon Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui à l'image d'autres acteurs du secteur a délivré pour le reste un satisfecit au chef de l'Etat pour son "intention d'un développement massif de tous les renouvelables confondus".

- "ça ou l'arrêt" -

Ce discours-cadre du chef de l'Etat trace une perspective de long terme, mais doit aussi lui permettre d'occuper d'ores et déjà l'un des sujets majeurs de la campagne.

Le nucléaire est l'un des thèmes de la campagne présidentielle de 2022, certains candidats en prônant une sortie plus ou moins rapide (écologistes ou insoumis) tandis que d'autres (notamment à droite et à l'extrême droite mais aussi au parti communiste) sont favorables à cette énergie.

Emmanuel Macron s'est exprimé à Belfort, sur le site de fabrication des turbines Arabelle dont EDF a annoncé jeudi même le rachat à l'américain GE.

Tout un symbole pour le président qui en 2015 alors ministre de l'Economie, avait accepté qu'Alstom les cède au groupe américain.

L'occasion pour lui de justifier jeudi cette décision devant les salariés: C'était ça ou l'arrêt", a-t-il dit, plaidant aussi "le choix d'une entreprise privée".

Ce discours aux allures de programme énergie du futur candidat illustre l'évolution pro-nucléaire d'Emmanuel Macron, lui qui en 2017 insistait surtout sur son engagement de réduire le nucléaire à 50% de la production électrique, hérité de François Hollande.

C'est aussi un signe pour assurer aux Français que le coût de l'énergie ne dépendra pas des importations, dont la hausse des cours contribue lourdement à peser sur le pouvoir d'achat, autre thème majeur de la campagne.

Pour autant, la construction des futurs réacteurs sera un défi technologique et financier.

La France ne construit actuellement qu'un seul nouveau réacteur nucléaire EPR, à Flamanville (Manche), en chantier depuis quinze ans pour un coût très élevé.

Construire six réacteurs EPR2, sur des sites existants, coûtera une cinquantaine de milliards d'euros, a déjà prévu EDF.

Le groupe propose de les construire par paires sur trois sites: d'abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme).

pab-leb-jmi-jk-cho-jmt/cs/

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