Stockage des déchets radioactifs : un débat sans issue à Troyes

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Par Dominique CHARTON - Troyes (AFP)
Publié le 19 septembre 2019 - 11:48
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Des employés du Centre de Stockage de déchets radioactifs de l'Aube arrivant sur le site, à Soulaines-Dhuys, le 16 avril 2018
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© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP/Archives
Des employés du Centre de Stockage de déchets radioactifs de l'Aube arrivant sur le site, à Soulaines-Dhuys, le 16 avril 2018
© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP/Archives

Soulaines-Dhuys, petit village de l'Aube, peut-il accepter un deuxième centre de stockage de déchets radioactifs ? Entre militants écologistes et tenants du développement économique, la frontière semble dressée, comme l'a illustré un récent débat à Troyes.

Ce mardi soir de septembre, la Commission nationale du débat public (CNDP) fait étape à Troyes. Au menu: la question de la gestion des déchets radioactifs "faible activité à vie longue" (FAVL), dont il n'existe aujourd'hui en France aucun site de stockage définitif.

La France produit pourtant chaque année quelque 250.000 m3 de ces résidus issus de la fabrication du combustible à l'uranium et déchets du démantèlement des centrales de première génération. "Un bric à brac", ironise Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association Robin des Bois, membre du Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire, dont la durée de vie varie de 30 à plus de 100.000 ans.

Dans cette salle de l'espace Argence, centre culturel installé dans une belle demeure à l'architecture XIXe siècle, les 250 participants, plutôt âgés, semblent d'abord un rien étourdis par la présentation technique.

"C'est une conférence ou un débat ? Quand est-ce que l'on débat ?", interpelle soudain une militante du groupe troyen de Greenpeace.

C'est le moment choisi par Patrice Torres, de l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), pour rappeler que "seul Soulaines s'est positionné favorablement" pour accueillir ce centre.

- "Pas la poubelle nucléaire de la France !" -

C'est dans ce bourg de 400 habitants, à une soixantaine de km à l'est de Troyes, qu'est déjà implanté le Centre de stockage de l'Aube, d'une capacité d'un million de m3 de déchets de faible et moyenne activité à vie courte, géré par l'Andra.

Ce territoire, outre sa couche d'argile imperméable et protectrice, dispose d'un autre atout pour l'éventuelle installation du futur centre: sa disponibilité politique.

Son maire Philippe Dallemagne explique ainsi que, pour son "territoire rural qui résiste mieux que les autres", l'Andra est "le premier acteur économique". "Nous avons doublé la population, créé de l'emploi, maintenu les services", affirme-t-il.

"L'Aube apporte une grande contribution, au-delà de ce qu'elle devrait. Mais c'est une question de solidarité nationale. Il y a une contrepartie financière parce qu'on rend service", assure à son tour le président sans étiquette du conseil départemental Philippe Pichery, concluant vigoureusement: "le territoire n'a pas été vendu!".

"Il a été acheté !" réplique du tac au tac au premier rang Michel Guéritte, président de l’association auboise "La qualité de vie", en allusion à un autre important site nucléaire de l'Aube, la centrale de Nogent-sur-Seine.

Puis deux de ses militants déploient une large banderole. "Non! La Champagne n'est pas la poubelle nucléaire de la France" et traversent en silence le devant de la grande salle.

Alors, faut-il "donner du temps au temps", comme le demande aussitôt après par visio-conférence l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, avocate de "La qualité de vie"?

Faut-il au contraire accélérer sur les études de faisabilité techniques, comme le suggère l'Andra?

Faut-il encore, comme le présente Jacky Bonnemains, "ne pas privilégier les régions géologiquement conformes" et que "chaque territoire prenne sa part", au nom de la solidarité nationale?

Au bout du compte, personne n'a vraiment convaincu personne. Mais "au moins, on s'est parlé", conclut la magistrate Isabelle Harel-Dutirou (CNDP) tandis que la salle se vide.

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