Un collectif ambitionne d'accompagner les éleveurs qui arrêtent le lait et la viande

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Par Myriam LEMETAYER - AFP
Publié le 31 octobre 2023 - 17:45
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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TP Nature et Environnement
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F. Froger / Z9, pour FranceSoir
F. Froger / Z9, pour FranceSoir

Produire des pois chiches à la place du lait : un collectif embryonnaire a été lancé mardi en France pour accompagner la reconversion d'éleveurs vers le végétal, démarche soutenue par l'association L214 qui milite pour la fin de l'exploitation des animaux.

Le collectif, baptisé Terres en transition, attend d'être contacté par des éleveurs qui veulent se réorienter pour leur proposer un "accompagnement de long terme", "sur mesure", a expliqué Virginia Markus lors d'une présentation à Paris devant quelques dizaines de personnes, principalement des militants de la cause animale.

"On peut les mettre en lien avec un acheteur de pois chiches par exemple", a-t-elle dit, même si certains décideront peut-être "de revendre la ferme et partir vers un autre corps de métier".

L'initiative repose aujourd'hui principalement sur deux personnes : la Suisse Virginia Markus, une militante antispéciste qui a créé l'association Coexister en 2018, et un sanctuaire accueillant d'anciens animaux de ferme dans le canton de Vaud.

Elle dit accompagner une douzaine d'éleveurs en Suisse romande et va créer une antenne en France.

À ses côtés, le Français Silvère Dumazel, "petit-fils d'éleveur", ingénieur informatique de formation, à la tête de l'association Transiterra, créée il y a moins d'un an pour accompagner les éleveurs "vers des productions écologiques et génératrices de revenus".

À la différence de Coexister, il ne se dit pas contre le principe même de l'élevage, mais met en avant des productions alternatives 100% végétales (champignons, chanvre, micropousses, spiruline) "pour des raisons de durabilité".

Transiterra n'a encore accompagné aucun agriculteur. "On a tout à construire", reconnaît-il.

La création du collectif est toutefois applaudie par l'association L214 qui diffuse régulièrement des vidéos tournées dans des élevages et des abattoirs pour dénoncer le traitement des animaux.

Jusqu'à maintenant, "on n'avait pas de solution concrète à proposer aux agriculteurs en détresse qui nous contactent", dit à l'AFP Bérénice Riaux, de L214.

"Sortir du système"

Prix non rémunérateurs, pénibilité, départs à la retraite... La France compte déjà de moins en moins d'éleveurs. De 2010 à 2020, 33.000 fermes (-27%) ont ainsi arrêté d'élever des bovins (à viande et à lait), selon le recensement agricole.

Silvère Dumazel dénonce l'"hypocrisie du gouvernement" qui compte sur la poursuite de la baisse du cheptel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France, mais sans l'assumer publiquement ni accompagner les éleveurs.

Dans un rapport en mai, qui avait suscité la colère des éleveurs bovins, la Cour des comptes soulignait qu'une "réduction importante du cheptel" était "nécessaire" pour respecter les engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane, dont les ruminants sont un important générateur.

Elle recommandait en premier lieu de "renforcer l'accompagnement des éleveurs souhaitant se réorienter vers d'autres systèmes de production ou changer d'orientation professionnelle".

"Il faut trouver des alternatives pour les gens qui veulent sortir du système, veulent un autre modèle", plaide Philippe Grégoire, éleveur laitier bio en Maine-et-Loire et coprésident du Samu social agricole national, une association qui vient en aide aux agriculteurs en difficultés.

En comptant simplement sur l'élevage, "vous ne pouvez pas gagner votre vie, vous tournez à 1.000 euros max. Beaucoup de gens en ont ras-le-bol. Mais une fois que vous avez fait l'emprunt, vous êtes piégé, sinon il faut revendre et piéger quelqu'un d'autre", a témoigné ce critique du système agroalimentaire actuel à l'invitation du collectif.

À 57 ans, lui-même aimerait bien arrêter les vaches, mais ses terres ont un maigre potentiel pour faire du blé. Il aurait moitié moins de rendement qu'en région parisienne.

Devant l'assistance acquise à la cause animale, il tente de dire que l'élevage extensif mérite de continuer à exister, notamment dans des zones peu favorables aux cultures.

Et donne au collectif quelques obstacles à surmonter : la nécessité de trouver une activité rémunératrice pour rembourser la dette, ou celle de tenir compte du fait que certains éleveurs n'ont pas de terres pour faire du végétal, dans les systèmes hors-sol par exemple...

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