Amiante : un millier de manifestants à Paris pour réclamer un procès

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 07 octobre 2016 - 19:37
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Amiante manifestation Paris 7.10.2016
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©Jacques Demarthon/ AFP
"En 2005, on venait d'obtenir la création d'un pôle judiciaire de la santé publique. Naïvement on s'était dit que c'était une victoire, qu'on allait finir par avoir un procès pénal de l'amiante", s'indignent les manifestants.
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Un millier de personnes ont manifesté à Paris ce vendredi pour réclamer un procès pénal de l'amiante pour juger "tous les responsables". "L'amiante, ce n'est pas fini. Le combat continue", fait valoir l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), selon qui ce matériau est à l'origine de 3.000 morts par an en France.

Vingt ans après l'interdiction de l'amiante, responsable de 3.000 morts par an en France, un millier de personnes, selon une source policière, ont défilé ce vendredi 7 à Paris pour dire leur colère face à l'absence de procès pénal permettant de juger "tous les responsables". "Non! L'amiante, ce n'est pas fini. Le combat continue", insiste l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), qui organisait sa douzième manifestation nationale. La mobilisation est "plus que jamais nécessaire pour un procès pénal où tous les responsables devront être jugés et punis" et pour obtenir "une juste indemnisation des préjudices", souligne l'Andeva, en appelant aussi à faire de la prévention et la recherche des "priorités nationales". "En 2005, on venait d'obtenir la création d'un pôle judiciaire de la santé publique. Naïvement on s'était dit que c'était une victoire, qu'on allait finir par avoir un procès pénal de l'amiante", s'est indigné au micro François Desriaux, vice-président de l'Andeva.

Partis de la place de la Bourse vers 14h30, les manifestants, venus notamment d'Auvergne, de Bourgogne, ou encore des départements de Seine-Saint-Denis, Seine-Maritime, Drôme, Ardèche, Charente-Maritime et Manche, ont défilé jusqu'à proximité de la place Vendôme, où se trouve le ministère de la Justice. Une délégation y a été reçue pour "demander que ça bouge", comme l'a résumé un des responsables de l'Andeva. L'association, qui attend toujours un grand procès en France, souligne qu'en Italie, un tribunal a condamné en juillet à des peines de prison plusieurs personnalités, dont un ex-ministre du gouvernement de Mario Monti, après des décès d'ouvriers pouvant être liés à cette fibre cancérogène, interdite en France depuis le 1er janvier 1997.

Vingt-sept dossiers "amiante" sont actuellement instruits au pôle de santé publique de Paris dont les plus emblématiques: celui de la société Eternit, premier producteur français d'amiante-ciment jusqu'à l'interdiction de la fibre, de l'usine de Condé-sur-Noireau (Calvados), des anciens chantiers navals de la Normed à Dunkerque, du campus de Jussieu et de la tour Montparnasse à Paris. Selon les autorités sanitaires, l'amiante est responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et 85% des mésothéliomes (cancers de la plèvre) et pourrait provoquer jusqu'à 100.000 décès d'ici à 2025.

L'Andeva chiffre à 3.000 chaque année le nombre de morts dues à ce matériau. "Des juges s'assoient sur des milliers de cercueils pour blanchir les responsables de cette catastrophe", proclamait la pancarte de l'antenne sarthoise de l'association. "Nous, on a de la chance entre guillemets parce que notre entreprise est inscrite" sur la liste ouvrant droit à la pré-retraite amiante, observe Régis Simonneau, 60 ans, en retraite anticipée après 30 ans chez Wärtsilä (ex-Poyaud, moteurs de bateaux et de chars), à Surgères, près de la Rochelle. "Mais pour les salariés des entreprises qui ne sont pas sur la liste, c'est un vrai problème", dit-il.

Aux côtés des manifestants venus de Cherbourg et ex-salariés de l'arsenal et des chantiers navals, Guy, 64 ans, a travaillé, lui, pendant 32 ans à l'usine Areva de La Hague à un poste où il "voyait bien l'amiante". On lui a diagnostiqué au début des années 2000 des plaques pleurales. "C'est l'un des premiers (de l'usine Areva, ndlr) à avoir osé faire un dossier", souffle son épouse, en évoquant des "pressions". Fidèle au rendez-vous depuis des années, Henri Degrange, 79 ans, ex-salarié d'Eternit en Bourgogne, "se sent presque responsable" du décès de son épouse, contaminée par les bleus de travail qu'il ramenait à la maison et qu'elle a lavés pendant 17 ans. Elle est morte en 2000 à 60 ans.

 

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