Aube : une mère comparaît aux assisses pour avoir congelé son bébé
Nathalie De Mey, 32 ans, s'est présentée libre devant les jurés à Carcassonne où elle risque la réclusion à perpétuité. Elle devait être jugée en décembre 2015 pour "homicide volontaire sur mineur de 15 ans" mais ne s'était pas présentée à l'audience. Placée sous contrôle judiciaire depuis fin août 2012, après 16 mois de détention provisoire, la Cour avait délivré un mandat d'amener et elle avait été interpellée à son domicile de Limoux (Aude).
"Je n’étais pas préparée psychologiquement. J’ai eu trop peur et j’ai pris la fuite. Aujourd’hui, je suis là pour pouvoir tourner la page, j’assume", a-t-elle déclaré, au premier jour de son procès.
Le 2 février 2011, cette femme née à Lokeren en Flandre-Orientale, avait accouché seule, assise sur les toilettes. Elle avait coupé le cordon ombilical, nettoyé et emmailloté le bébé dans une couverture. Elle s'était douchée, avait caressé le nouveau-né durant un "temps indéterminé" puis l'avait placé dans le congélateur, pour, a-t-elle expliqué au psychiatre, "ne pas lui faire mal". Ensuite, elle était partie récupérer ses deux filles de trois et sept ans.
Le nourrisson avait été découvert dans le congélateur le 2 mai 2011 par son ancien compagnon, Roland Sanchez. La petite victime, un garçon, n'était pas de lui mais d'un autre homme, Mack Tong Van, qui était sorti de sa vie.
La jeune femme a expliqué que l'homicide lui était apparu comme "la seule solution". Quant à l'idée du congélateur, elle l'avait trouvée dans les médias évoquant des infanticides similaires.
Elle avait rencontré Sanchez, son "premier homme" de 23 ans son aîné, dès son arrivée dans l'Aude. Un "homme violent" qui la frappe, "très agressif, énervé pour un rien", dont elle finira par se séparer.
Cette serveuse, "employée modèle" de plusieurs brasseries de Limoux, aura subi trois avortements avant ce que les experts psychiatres ont décrit comme un "quatrième échec de contraception".
"Les grossesses, chez cette personne immature, c’est un peu une roulette russe. C’est une femme-enfant qui n’a jamais su gérer sa vie de femme", a ainsi déclaré le Dr Claude Aiguesvives, parlant de l'accusée comme de la citadelle de Carcassonne: "Il y a beaucoup de défenses, de portes et de fermetures qu’il faut négocier pour entrer en contact avec elle". "Une personnalité morcelée avec une intériorité en grande souffrance", a abondé la psychologue Roselyne Teissier, à propos de la jeune mère, remise en liberté après son arrestation en décembre.
L'expertise psychiatrique fait état d'une "altération du discernement au moment du passage à l'acte" mais établit que l'accusée était responsable de ses actes. C'est cette altération que son avocat Philippe Calvet veut plaider pour lui éviter la réclusion criminelle à perpétuité. Sa peine pourrait alors être ramenée à 30 ans de réclusion. Le verdict est attendu jeudi.
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