Benalla interrogé en garde à vue sur des contrats avec des oligarques russes

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Par Alexandre HIELARD - Paris (AFP)
Publié le 14 décembre 2021 - 18:22
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Alexandre Benalla à son arrivée au tribunal de Paris le 19 février 2019
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© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Alexandre Benalla, ancien responsable de la sécurité d'Emmanuel Macron, au tribunal de grande instance de Paris le 19 février 2019
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Condamné il y a un mois pour les violences commises lors des manifestations du 1er mai 2018, Alexandre Benalla a été placé en garde à vue mardi, soupçonné d'avoir joué un rôle dans des contrats avec des oligarques russes visés par une enquête pour corruption.

L'ancien conseiller d'Emmanuel Macron, ainsi que son épouse, sont interrogés par les policiers parisiens de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), dans une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF), ont indiqué deux sources proches du dossier, confirmant une information du Point et de TF1.

M. Benalla "est entendu à propos de suspicions de blanchiment de fraude fiscale aggravée, de faux et usage de faux, d'abus de biens sociaux, de trafic d'influence et de corruption", a précisé à l'AFP une source judiciaire. Leurs gardes à vue peuvent durer 48 heures.

Au moins deux contrats sont dans le viseur des enquêteurs.

Le premier est un contrat de sécurité signé en juin 2018 entre Vincent Crase, ancien gendarme et ex-acolyte d'Alexandre Benalla, et l'oligarque russe Iskander Makhmudov, via sa société Mars.

M. Makhmudov, milliardaire à la tête d'un empire industriel en Russie, et par ailleurs détenteur de plusieurs propriétés en France, a fait l'objet d'une enquête en Espagne sur des soupçons d'appartenance à une puissante organisation criminelle. Mais le dossier a été envoyé en Russie en 2011 et a fait l'objet d'un classement sans suite, selon le parquet de Madrid.

L'enquête s'intéresse au rôle qu'aurait joué Alexandre Benalla dans la signature de ce contrat avec le sulfureux oligarque, alors qu'il était en poste à l'Elysée, comme adjoint au chef de cabinet du président Emmanuel Macron en charge des questions de sécurité.

Mediapart avait révélé en décembre 2018 l'existence de ce contrat, sous-traité à une autre entreprise de sécurité, la société Velours, pour laquelle M. Benalla a travaillé entre octobre 2014 et novembre 2015.

Selon le site, M. Makhmudov aurait payé 294.000 euros pour ce contrat, dont un peu plus de la moitié - 172.200 euros - a été reversée sur des comptes de Velours.

- "contrat clair" -

Devant la commission d'enquête sénatoriale sur les violences commises le 1er mai 2018, M. Benalla avait assuré n'avoir pas pris part à la négociation de ce contrat.

L'ex-employé du parti présidentiel (LREM) Vincent Crase, également condamné pour les violences du 1er mai 2018, avait été brièvement placé en garde à vue dans ce dossier en décembre 2019.

Dès avril 2019, Vincent Crase, ancien officier réserviste de la gendarmerie, avait écarté toute irrégularité, lors d'un entretien à Paris Normandie.

C'était "un contrat tout à fait clair, signé par avocats, et non un faux contrat comme j'ai pu le lire parfois", avait raconté M. Crase, assurant n'avoir "jamais rencontré" l'oligarque russe.

Le contrat "prévoyait d'assurer la sécurité et l'accompagnement des enfants de ce monsieur, scolarisés à Monaco, ainsi que la sécurité et l'accompagnement de M. Makhmudov lorsqu'il viendrait en France. Chose qu'il n'a jamais faite durant les trois mois de ce contrat", avait-il ajouté.

Le PNF et la BRDE s'intéressent également à un contrat signé avec un autre oligarque russe, Farkhad Akhmedov.

Lors de son procès en septembre pour les violences du 1er mai, M. Benalla avait déclaré s'être installé au Maroc après son limogeage de l'Elysée et avoir fondé une structure de conseil, parlant d'un contrat avec cet homme d'affaires et ancien sénateur pour un montant de 353.000 euros, "déclarés au fisc", avait-il insisté.

Farkhad Akhmedov a fait fortune notamment dans le secteur énergétique. Il était classé en 2020 68e fortune de Russie par le magazine Forbes avec un patrimoine estimé à 1,4 milliard de dollars.

Alexandre Benalla reste visé par deux autres enquêtes sur la disparition de ses coffre-forts et pour des soupçons de faux témoignage devant le Sénat.

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