Héberger un réfugié : "c'est l'émotion qui va nous faire bouger"

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 14 mars 2016 - 13:53
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Un réfugié hébergé chez un couple.
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©JRS
Hamid, demandeur d'asile afghan, a été hébergé plusieurs semaines par Martine et Jacques via le réseau Welcome de JRS.
©JRS
Depuis 2009, l'association JRS propose de mettre en relation des demandeurs d'asile et des familles d'accueil. Une "expérience d''hospitalité réciproque" qui a pris une nouvelle dimension ces derniers mois avec la crise des migrants, comme l'explique à "FranceSoir" Marcela Villalobos, coordinatrice du réseau Welcome France.

Il y a six mois, l'Europe et le monde découvraient la photo du petit Aylan, tragique illustration de la crise des migrants. Dans les semaines qui ont suivi, nombreux furent les témoignages de solidarité et les appels à agir, notamment en hébergeant chez soi des demandeurs d'asile.

Une action que mène l'association JRS (Service jésuite des réfugiés) depuis déjà sept ans avec son réseau Welcome France en organisant l'accueil des demandeurs d'asile chez des familles bénévoles ou au sein de communautés religieuses. "C'est une expérience d'hospitalité réciproque", explique à FranceSoir Marcela Villalobos, coordinatrice du réseau.

La photo du corps de l'enfant, mort noyé début septembre, a eu un effet immédiat pour l'association. "De septembre à novembre, nous avons reçu plus de 7.000 sollicitations pour devenir famille d'accueil ou s'engager avec JRS", raconte-t-elle. Cela alors que l'association reste "une petite structure". "En 2014, nous avions 200 lieux d'accueil, 164 personnes accueillies pour 6.300 nuits offertes". Des chiffres qui ont décollé l'année suivante avec 266 personnes accueillies par 644 familles ou communautés religieuses pour 15.018 nuits offertes.

"Depuis l'année passée et grâce à ce grand élan de solidarité qui a touché la France, il y a des collectifs nouveaux qui accueillent des demandeurs d'asile mais aussi des réfugiés, parfois des familles pour un court séjour", détaille Marcela Villalobos. "Il y a eu une émotion très forte. C'est grâce à cette émotion qu'on peut prendre conscience de la réalité du drame des réfugiés, et qui va nous faire bouger".

L'émotion a été si forte qu'il a fallu "canaliser cette énergie pour qu'elle puisse être traduite en engagement dans la durée". "Nous n'avons pas pu répondre à toutes les sollicitations par manque de moyens. On ne peut pas non plus répondre à ceux qui disent: +je veux accueillir une personne de telle origine+. Ce n'est pas notre mission car JRS est ouvert à toutes confessions religieuses, origines et appartenances politiques".

L'émotion passée, les nouveaux bénévoles se sont faits plus rares. Une baisse "normale" et attendue par l'association, qui se réjouit cependant que les demandes restent "constantes".

JRS propose aux familles d'héberger un demandeur d'asile qui n'a pas de place en CADA (Centre d'accueil pour demandeurs d'asile) pour 4 à 6 semaines. Son séjour au sein du réseau dure de 3 à 9 mois.

"Ce sont des personnes en situation régulière", rappelle Marcela Villalobos, "d'origines très variées" selon les régions. "En Ile-de-France ce sont d'abord des Afghans puis des Syriens. Mais la région n'est pas représentative de la France et JRS n'est pas représentatif de toutes les associations".

Le profil des familles d'accueil a évolué avec le temps. A l'origine, la plupart étaient des retraités, mais l'association constate parmi les nouveaux bénévoles de plus en plus "de familles avec enfants, adolescents ou en bas âge, de milieux sociaux, idéologiques ou religieux très différents".

A côté de cet accueil, JRS mène également une action de plaidoyer auprès des pouvoirs publics. Elle plaide pour "accueillir autrement" en favorisant l'intégration par l'apprentissage de la langue, en demandant un meilleur accès des demandeurs d'asile à la formation et au marché du travail ou "un principe contraignant de solidarité en Europe".

 

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