Insémination post-mortem : le Conseil d'Etat donne son autorisation

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 31 mai 2016 - 18:08
Image
Une nouvelle étude.
Crédits
©Suzanne Plunkett/Reuters
Mariana Gonzalez-Gomez-Turri a obtenu le droit de récupérer le sperme congelé de son mari décédé en juillet 2015.
©Suzanne Plunkett/Reuters
L'Espagnole Maria Gonzalez-Gomez-Turri va pouvoir récupérer le sperme de son mari, décédé d'un cancer en juillet 2015 en France, pour une insémination post-mortem dans son pays. Le Conseil d'Etat s'est prononcé ce mardi et a rendu une "décision extraordinaire".

Une jeune veuve espagnole a obtenu mardi le droit de récupérer le sperme, congelé en France, de son mari, en vue d'une insémination post-mortem dans son pays, une décision exceptionnelle de la justice française. Le refus d'exportation est "une atteinte manifestement excessive à son droit au respect de la vie privée et familiale", a estimé la plus haute juridiction administrative à l'appui de sa décision. L'application de la loi française, qui interdit l'insémination post-mortem, "entraînerait des conséquences manifestement disproportionnées", a-t-elle ajouté dans un communiqué. Aussi, le Conseil d'Etat a-t-il ordonné de prendre "toutes les mesures nécessaires pour permettre l'exportation des gamètes vers l'Espagne".

"Il s'agit d'une décision extraordinaire au sens premier du terme qui est tout à fait liée à la situation exceptionnelle" de Marianna Gonzalez-Gomez-Turri, a déclaré à l'AFP David Simhon, l'un de ses avocats. "Nous sommes extrêmement satisfaits de cette décision. Nous souhaitons le transfert des gamètes dans les plus brefs délais, dans les meilleurs conditions possibles", a-t-il ajouté. Car, si l'insémination post-mortem est autorisée en Espagne, la loi prévoit un délai maximum d'un an après le décès, en l'espèce jusqu'en juillet.

"La famille et Mme Turri sont extrêmement heureuses de cette décision et nous nous en réjouissons", a également réagi Me Jean-Pierre Chevallier, autre conseil de la jeune veuve qui n'était pas présente lors de l'annonce de la décision. De son côté, Martin Pierlot, oncle par alliance de Nicolas Turri, s'est dit "bouleversé par cette réponse qui va permettre à Marianna de poursuivre son chemin qui n'est pas encore terminé".

Le Conseil d'Etat a suivi en tout point l'avis du rapporteur public, Aurélie Bretonneau, qui s'était déclaré vendredi favorable à la demande de Mme Gonzalez-Gomez-Turri, relevant elle aussi la nature "exceptionnelle" de la situation.

Mariana Gomez-Gonzalez était mariée à un Italien, Nicola Turri, mort d'un cancer en juillet 2015 à Paris où le couple résidait alors. Lorsque son conjoint était tombé malade, il avait fait congeler ses gamètes à Paris, la chimiothérapie ayant pour conséquence de rendre stérile. Depuis son décès, son épouse, se battait pour obtenir l'exportation du sperme de son mari en Espagne, la France réservant la procréation médicalement assistée aux couples en âge de procréer. La jeune veuve avait entamé ces démarches au nom du respect de leur projet de conception d'un enfant et de son droit à décider elle-même de sa vie. Mais sa demande avait été précédemment rejetée par un tribunal administratif qui appliquait strictement l'interdiction française.

Mardi, le Conseil d'Etat, qui représentait le dernier recours de la jeune femme, a expliqué que la situation actuelle de Mme Gonzalez-Gomez-Turri "résultait de la maladie et de la brutale détérioration de l'état de santé de son mari, qui avait empêché les époux de mener à bien leur projet durablement réfléchi d'avoir un enfant et, notamment, de procéder à un autre dépôt de gamètes en Espagne, pays autorisant l'insémination post-mortem". Il a également noté que la veuve, revenue vivre en Espagne auprès de sa famille après la mort de son mari "sans avoir eu l'intention de contourner la loi française, se retrouve dans une situation où l'exportation des gamètes conservés en France constitue la seule façon pour elle d’exercer la faculté que lui ouvre la loi espagnole".

M. Turri avait manifesté de son vivant le désir d'être père. Le couple avait d'ailleurs déjà tenté une première insémination qui s'était révélée infructueuse. Malgré la gravité de son état, Nicola Turri voulait concrétiser son projet parental. Il était décédé, "une heure avant le rendez-vous chez le notaire pour donner son consentement à la PMA (Procréation médicalement assistée) de son vivant", avait souligné Me Simhon, avant l'audience de vendredi.

La décision du Conseil d'Etat "ne fera pas jurisprudence", avait par ailleurs expliqué vendredi Me Chevallier. En d'autres termes, une telle décision "ne fera pas tomber l'interdiction de l'insémination post-mortem en vigueur en France", avait-il souligné.

 

À LIRE AUSSI

Image
Une recherche dans un laboratoire.
Insémination post-mortem : le Conseil d'Etat favorable au transfert du sperme
Le Conseil d'Etat s'est prononcé en faveur de la requête de Mariana Gonzalez-Gomez, une Espagnole souhaitant avoir un enfant de son époux décédé en 2015 et qui réclame...
27 mai 2016 - 18:25
Société
Image
Une recherche dans un laboratoire.
Insémination post-mortem : le Conseil d'Etat doit trancher
Le Conseil d'Etat examine vendredi la requête d'une jeune femme, désireuse d'avoir un enfant de son mari décédé, qui réclame le transfert vers l'Espagne de son sperme ...
25 mai 2016 - 12:20
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.