Mort de Clément Méric : le parquet de Paris demande un procès aux assises pour quatre skinheads
Le parquet a demandé le renvoi devant la cour d'assises pour quatre skinheads impliqués dans la rixe qui avait coûté la vie à un militant antifasciste, Clément Méric, en juin 2013 à Paris, a appris l'AFP ce jeudi de source judiciaire.
Deux des mis en examen, Esteban Morillo et Samuel Dufour, sont plus directement visés, car le parquet demande leur renvoi pour avoir frappé l'étudiant et pour avoir causé sa mort sans intention de la donner. Il appartient maintenant aux juges d'instruction de décider d'ordonner un procès.
Pour ces deux mis en cause, le parquet requiert un renvoi pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et port d'arme, en l'occurrence un poing américain. Pour les deux autres, le parquet demande le renvoi pour violences volontaires en réunion et avec arme.
Le 5 juin 2013, dans l'après-midi, quartier Saint-Lazare, Clément Méric et Esteban Morillo ne sont pas encore là quand les deux groupes se croisent par hasard dans une vente privée de vêtements prisés par les deux mouvances. Selon plusieurs témoins, des invectives partent des militants d'extrême gauche, qui disent avoir vu les skins ranger des poings américains. De leur côté, les skins appellent des renforts, dont Esteban Morillo.
L'un des vigiles demande aux antifascistes de partir, mais ces derniers, rejoints par Clément Méric, restent dans la rue. Le vigile demande aux skinheads de sortir par la droite, pour éviter toute rencontre. Mais ils choisissent de partir à gauche. Chaque camp s'accuse ensuite d'avoir provoqué l'autre.
Autre interrogation, Morillo et Dufour sont soupçonnés d'avoir utilisé un poing américain, une arme prohibée, ce qu'ils contestent malgré des témoignages. Des SMS de Samuel Dufour au soir des faits, révélés par une expertise, allaient dans ce sens. "J'ai frappé avec ton poing américain", disait l'un d'eux. "On les a défoncés", disait un autre.
La mort de Clément Méric, 18 ans, devenu un symbole pour les "antifas" (antifascistes), avait causé une vive émotion et conduit le gouvernement à dissoudre le groupuscule Troisième Voie, dont étaient issus les skinheads, et son service d'ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), que dirigeait Serge Ayoub, un vétéran de la mouvance. Ministre de l’intérieur à l’époque des faits, Manuel Valls avait évoqué un "assassinat" et le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait promis de "tailler en pièces" les groupuscules d’extrême droite.
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