Rixe à Paris en 2018 : le rappeur MHD sera jugé aux assises pour meurtre

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Par Eleonore Dermy et Guillaume Daudin - Paris (AFP)
Publié le 12 novembre 2021 - 21:05
Mis à jour le 13 novembre 2021 - 11:45
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La justice continue d'imposer son propre tempo au rappeur MHD: soupçonné d'être impliqué dans une rixe aux conséquences fatales en 2018 à Paris, il sera jugé aux assises en compagnie de huit autres personnes.

La juge d'instruction en charge de l'enquête concernant la mort d'un jeune homme de 23 ans, tabassé en plein Xe arrondissement en juillet 2018, a signé mercredi une ordonnance de mise en accusation renvoyant l'artiste et huit autres personnes devant la cour d'assises de Paris pour "homicide volontaire", a appris l'AFP de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.

Mohamed Sylla, 27 ans, plus connu du grand public sous son nom de scène "MHD", encourt donc une peine de 30 ans de réclusion criminelle. De quoi faire planer une sérieuse menace sur la carrière du "prince" de l'"afro-trap" (mélange de rap et de musiques africaines).

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, Loïc K., 23 ans, a été renversé par une voiture, passé à tabac puis blessé à l'arme blanche dans le Xe arrondissement de la capitale.

Une dizaine de personnes se sont acharnées sur lui, une scène filmée sur un téléphone portable par un témoin depuis une fenêtre, un élément-clé du dossier. Loïc K. est très rapidement mort de ses blessures.

Rapidement, l'enquête s'oriente sur la piste d'un règlement de comptes entre groupes rivaux du nord-est parisien issus de deux quartiers: Chaufourniers et Cité rouge d'un côté, Grange-aux-Belles de l'autre.

La voiture du rappeur originaire du XIXe arrondissement, une Mercedes noire reconnaissable, est celle qui a renversé le jeune homme, mais plusieurs acteurs du dossier ont témoigné du fait que le rappeur la prêtait très régulièrement.

Dans son ordonnance, la juge retient à décharge que "le profil génétique de Mohamed Sylla n'a pas été retrouvé sur la scène de crime" et "qu'il n'est pas contesté que ce véhicule était utilisé par plusieurs personnes de son entourage".

Elle estime toutefois les "charges suffisantes" pour renvoyer aux assises MHD notamment au vu de "plusieurs témoignages" l'identifiant sur place, ainsi que par ses déclarations "très évolutives et en contradiction avec certains éléments du dossier s'agissant de son emploi du temps la nuit des faits".

Le rappeur a constamment nié les faits.

- "Très faibles charges" -

"Nous avons apporté tout au long de l'information judiciaire de nombreux éléments objectifs disculpant notre client", a commenté Me Antoine Vey, avocat du musicien au côté de Me Elise Arfi.

"Or, l'ordonnance de mise en accusation retient absolument les mêmes idées qu'au départ", a-t-il ajouté, estimant "positif" de passer au stade de l'audience. "C'est un dossier qui repose sur de très faibles charges qui pourront être balayées lors du procès".

Cet homicide a quoi qu'il en soit mis un net coup d'arrêt à la carrière de MHD, qui s'était fait connaître notamment par un tube à la gloire du PSG et a suscité l'intérêt de Madonna ou Drake.

En janvier 2019, MHD avait été mis en examen pour "homicide volontaire" et écroué dans cette affaire de règlement de comptes supposé.

Après un an et demi de détention, il a été remis en liberté à l'été 2020 sous contrôle judiciaire, interdit de se rendre à Paris, obligé de pointer au commissariat chaque semaine et astreint à un cautionnement de 150.000 euros. Il a sorti depuis un nouvel album.

L'enquête a permis d'établir que ce meurtre était intervenu à la suite de plusieurs échauffourées précédentes entre résidents de quartiers opposés, et en représailles à des faits étant intervenus quelques heures auparavant, une intrusion violente au domicile de l'une de personnes mises en cause, plus tôt dans la soirée.

Mais le procès aux assises visera notamment à distinguer les différentes responsabilités entre les neuf mis en cause.

"Ce non-lieu est logique et conforme au droit" s'est de son côté félicité Me Adrien Gabeaud, avocat de l'une des deux personnes qui ont fait l'objet d'un non-lieu au terme de l'instruction.

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