Secret de la confession : la protection des enfants érigée en priorité absolue

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Par Arthur CONNAN - Paris (AFP)
Publié le 12 octobre 2021 - 02:14
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Jean-Marc Sauvé photographié le 28 septembre 2021 à Paris
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© JOEL SAGET / AFP/Archives
L'évêque catholique Eric de Moulins-Beaufort (C), président de la Conférence des évêques de France (CEF), s'adresse à la presse lors de la publication du rapport d'une commission i
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La République et l'Eglise catholique affichent leur réconciliation. Gérald Darmanin a exhorté mardi les prêtres ayant connaissance de faits de pédocriminalité à "porter" ces faits "à la justice" après un entretien avec le président de la Conférence des évêques de France (CEF) qui a assuré la "détermination de tous les évêques" à "faire de la protection des enfants une priorité absolue".

"La République française respecte tous les cultes (...) respecte toutes les confessions, à partir du moment où elles respectent la République et les lois de la République", a assuré le ministre de l'Intérieur, chargé des relations avec les cultes, devant l'Assemblée nationale, après avoir reçu Mgr de Moulins-Beaufort, à la demande d'Emmanuel Macron.

Au centre de l'entrevue, la formule du président de la CEF assurant que le secret de la confession est "plus fort que les lois de la République", au lendemain de la publication, le 5 octobre, du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase), estimant à 216.000 le nombre de victimes de pédocriminalité dans l'église de 1950 à 2020.

Revenant sur les propos du prélat, le ministre a affirmé lui avoir "redit comme (il) le dit à chacun des cultes qu’il n’y a ()en effet aucune loi qui est supérieure aux lois de l'Assemblée nationale et du Sénat et qu'il n'y a aucune loi au-dessus de celle de la République".

Gérald Darmanin a rappelé que le secret de la confession était "depuis quasiment 200 ans" dans le droit connu comme un secret professionnel.

"Il souffre cependant d'exceptions en ce qui concerne notamment les crimes commis pour des enfants de moins de 15 ans et qu'il est évident qu'il ne peut y avoir aucune sanction contre tout religieux ou toute personne qui a connaissance de faits d'abus sexuels contre des enfants et que ceux-ci doivent le porter pour la protection des enfants à la justice de notre pays", a-t-il ajouté.

Eric de Moulins-Beaufort a, de son côté concédé une "formulation maladroite". Et a demandé "pardon aux personnes victimes et à tous ceux qui ont pu être peinés ou choqués par le fait que le débat suscité (...) ait pris le pas sur l'accueil du contenu du rapport et la prise en considération des personnes victimes", dans une déclaration.

- "Détermination" -

Plusieurs associations de victimes ont exprimé leur lassitude voire leur indignation face aux propos de l'épiscopat, estimant qu'il s'agissait d'une polémique qui détournait du sujet principal.

L'archevêque de Reims "a tenu à redire la détermination de tous les évêques et, avec eux, de tous les catholiques, à faire de la protection des enfants une priorité absolue, en étroite collaboration avec les autorités françaises", précise un communiqué de la CEF.

"L’ampleur des violences et agressions sexuelles sur mineurs révélées par le rapport de la Ciase impose à l’Eglise de relire ses pratiques à la lumière de cette réalité. Un travail est donc nécessaire pour concilier la nature de la confession et la nécessité de protéger les enfants", ajoute le prélat.

Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a rappelé vendredi le cadre juridique dans une note envoyée aux procureurs. Il les y invite à "procéder systématiquement à l’ouverture d’une enquête préliminaire, y compris pour les faits susceptibles d’être prescrits", comme le prévoit la loi contre les violences sexuelles sur les mineurs d'avril 2021.

Dans son rapport, la Ciase, présidée par Jean-Marc Sauvé, préconise que les autorités de l'Eglise relaient un message clair sur l'obligation faite au confesseur de signaler aux autorités judiciaires et administratives les cas de violences sexuelles sur un mineur ou une personne vulnérable.

Une levée du secret de la confession que M. Sauvé a une nouvelle fois justifiée lundi dans un entretien à Famille chrétienne: "L’obligation de protéger la vie des personnes est, de notre point de vue, supérieure à l’obligation du secret de la confession qui vise en particulier à protéger la réputation du pénitent", a-t-il réaffirmé.

M. Sauvé a toutefois souhaité que "l’arbre du secret de la confession ne cache pas la forêt de l’ensemble des recommandations" (45 au total) de sa commission.

Dans un texte transmis à l'AFP, trois personnalités, dont le cofondateur de l'association de victimes La parole libérée (aujourd'hui dissoute) François Devaux, ont réclamé lundi "la démission collective de l'ensemble des évêques en exercice", "comme un signe d'espoir et de renouveau".

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