Soupçons de maltraitance dans une école talmudique : 7 mises en examen requises

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Par AFP - Meaux
Publié le 04 février 2022 - 21:18
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L'entrée de l'école talmudique de Bussières, en Seine-et-Marne, le 1er février 2022
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© Maryam EL HAMOUCHI / AFP/Archives
L'entrée de l'école talmudique de Bussières, en Seine-et-Marne, le 1er février 2022
© Maryam EL HAMOUCHI / AFP/Archives

Le parquet de Meaux a requis vendredi les mises en examen de sept membres d'une communauté juive ultra-orthodoxe gérant une école talmudique en Seine-et-Marne, notamment soupçonnés d'avoir soumis des élèves mineurs à des violences physiques ou psychologiques, a annoncé la procureure.

"Au terme des gardes à vue, sept personnes ont été déférées ce (vendredi) matin et sont présentées actuellement devant le juge d'instruction" désormais en charge de l'enquête, a expliqué devant la presse la procureure de Meaux, Laureline Peyrefitte. Outre leur mise en examen, leur placement sous contrôle judiciaire a été requis.

Lundi, 17 membres de cette communauté juive ultra-orthodoxe avaient été placés en garde à vue, lors d'une opération qui avait mobilisé 130 gendarmes, principalement de la section de recherches de Paris.

La yeshiva Beth Yossef est située à Bussières, un village de 500 habitants à 60 km à l'est de Paris. Réputée pour ses méthodes strictes, elle accueillait une soixantaine d'élèves, âgés de 13 à 18 ans, en majorité israéliens mais aussi quelques-uns de nationalités américaine, belge, roumaine ou encore irlandaise.

L'enquête a été ouverte pour séquestration en bande organisée, violences aggravées, privation de soins et d'aliments, abus de faiblesse aggravé.

Les personnes mises en cause - responsables du site, membres de l'équipe enseignante, surveillants, - "ont globalement nié les faits même si certains ont pu décrire des actes comme des claques et des coups", a déclaré la procureure.

"L'état de sujétion psychique a pu être relevé chez certains d'entre eux de même qu'une souffrance psychique", a décrit la procureure, selon laquelle les élèves étaient "non-déclarés scolarisés" et "aucun ne parlait français".

"Certains ont pu confirmer, sans toujours les critiquer, des actes de violences physiques et psychologiques", a-t-elle ajouté, précisant que des faits d'agression sexuelle avaient été rapportés par l'un d'eux et faisaient l'objet d'une enquête.

- Remis à leurs parents -

"D'après leurs déclarations, ils étaient totalement isolés du monde extérieur à l'exception d'un contact téléphonique avec leurs parents sous autorisation". "Leur passeport était confisqué", ils étaient "très limités dans leur accès au soin" et vivaient "dans des conditions de logement insalubres et un état de délabrement général", a poursuivi la magistrate.

Pris en charge par l'aide sociale à l'enfance (ASE) de la Seine-et-Marne, une partie des mineurs "sans autorité parentale sur le territoire français" seront récupérés par leurs parents ce week-end, a indiqué le département. Pour les autres, la prise en charge se poursuivra en lien avec la Croix-Rouge.

L'établissement avait fait l'objet de "divers signalements préoccupants dont un émanant de la Miviludes" (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), d'après la procureure.

De juillet à décembre 2021, trois étudiants s'étaient échappés de la yeshiva, accélérant l'enquête sur cette école.

Avi Ran, ancien pensionnaire de l'école pendant douze ans, a décrit cette semaine à l'AFP un "lavage de cerveau" et des "châtiments": "ils jettent l'opprobre sur l'un ou l'autre publiquement en disant qu'il +sort du chemin+ et les autres ne peuvent plus lui parler" et "il y a des coups physiques", s'est souvenu le jeune Israélien.

"L'établissement n'est ni une secte ni un centre de redressement mais un lieu d'enseignement religieux pour adolescents en difficulté", ont réagi dans un communiqué transmis à l'AFP Mes Philippe Ohayon et Dan Mimran, conseils du directeur de l'établissement.

Pas de téléphone portable, pas d'internet, étude du soir au matin et peu de contacts avec la société : la yeshiva appartient à l'une des mouvances les plus rigoristes, dite "lituanienne", très présente en Israël et aux Etats-Unis, mais peu en France.

Selon le site internet de l'école, l'institution Ohr Yossef, dont dépend la yeshiva, a été fondée en 1948 par le rabbin orthodoxe Gershon Liebman et "regroupe plus d'une centaine d'étudiants, venant du monde entier".

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