Trois hommes devant les assises pour le meurtre d'une prostituée trans

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Par Anne-Sophie LASSERRE - Paris (AFP)
Publié le 11 janvier 2022 - 21:02
Mis à jour le 12 janvier 2022 - 10:22
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"Regards malveillants", insultes et expulsion du box: plus de trois ans après le meurtre dans le bois de Boulogne de Vanesa Campos, une prostituée transgenre, le procès de neuf Egyptiens s'est ouvert mardi aux assises de Paris dans une ambiance électrique.

Les neuf accusés, âgés de 23 à 34 ans, sont soupçonnés d'avoir fait partie d'une bande qui sévissait depuis plusieurs années dans le bois de Boulogne, détroussant et violentant les travailleuses du sexe et leur clientèle.

Trois sont accusés d'avoir tué Vanesa Campos au cours d'une "expédition punitive" dans la nuit du 16 au 17 août 2018, un meurtre dont ils se renvoient la responsabilité.

Prostituée transgenre péruvienne de 36 ans, en situation irrégulière en France où elle était arrivée à l'été 2016, Vanesa Campos avait été retrouvée agonisante par ses "compañeras" près de son lieu de travail, un abri de fortune dans une partie reculée du bois et dénuée d'éclairage.

Son meurtre avait jeté une lumière crue sur les violences subies par les travailleuses du sexe, des associations incriminant la loi d'avril 2016 pénalisant leurs clients.

Dès l'ouverture des débats, la défense a mis en garde sur la tentation d'en faire un procès "symbole" et demandé à la cour d'écarter la constitution de partie civile de l'association de défense des personnes trans Acceptess-T.

"Le sexe de la victime, son genre, n'a eu aucune influence sur ce qui s'est passé", a plaidé l'un des avocats de la défense, Antoine Aussedat, jugeant important "pour la sérénité des débats" que tout "débat politique" reste "à l'extérieur" de la salle d'audience.

La première journée a été marquée par de nombreux incidents.

Après plusieurs rappels à l'ordre à des accusés qui riaient ou s'interpellaient vivement, la présidente de la cour, Caroline Jadis-Pomeau, en a fait expulser un, Mahmed A., qui venait de commenter le rapport d'une enquêtrice de personnalité, s'attirant une flopée d'insultes de la part d'un de ses coaccusés.

- "Doigts d'honneur" -

La magistrate est aussi intervenue pour demander aux accusés de cesser les "doigts d'honneur" et les "regards dévastateurs" envers les autres mis en cause ou les parties civiles.

D'anciennes collègues et amies de Vanesa Campos, parties civiles au procès, ont ainsi fini par quitter la salle d'audience après que l'un des accusés "a fait un signe d'égorgement à leur encontre", a affirmé leur avocate, Chirine Heydari, qui avait dénoncé plus tôt les "regards malveillants" des accusés.

La cour n'a pu que commencer à examiner les personnalités des accusés, de jeunes Egyptiens parfois arrivés mineurs en France.

L'un a expliqué lors de la procédure avoir commis plusieurs vols dans le bois de Boulogne pour pouvoir se nourrir. Il a aussi affirmé avoir été hébergé par la victime et avoir eu une liaison avec elle, ce que des avocats des parties civiles ont mis en doute.

L'enquête sur le meurtre de Vanesa Campos s'était rapidement concentrée sur ce groupe de jeunes Egyptiens, en conflit depuis plusieurs mois avec des travailleuses du sexe qui avaient engagé un homme pour les protéger.

Le soir des faits, une dizaine d'hommes s'était retrouvés au bois de Boulogne pour, selon l'accusation, une "expédition punitive".

Ils s'étaient armés de bombes lacrymogènes, d'un couteau, d'un taser, voire de branches arrachées aux arbres et détenaient aussi une arme à feu dérobée une semaine plus tôt dans la voiture d'un policier qui se trouvait avec une prostituée.

Mahmoud Kadri, 24 ans, a été désigné par les autres membres du groupe comme l'auteur du tir mortel sur Vanesa Campos.

Il conteste les faits et accuse celui qui se trouve à l'autre extrémité du box: Karim Ibrahim, 29 ans, considéré par des témoins comme le meneur de la bande.

Un troisième homme, Aymen Dib, 25 ans, est aussi jugé pour "meurtre en bande organisée", accusé d'avoir porté un coup de couteau à la victime.

Cinq accusés comparaissent pour avoir participé à l'expédition punitive et un dernier est jugé pour le vol de l'arme au policier.

Verdict attendu le 27 janvier.

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