Arracher l'ambroisie, un enjeu de santé publique

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Par Céline CASTELLA - AFP
Publié le 18 août 2023 - 09:55
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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DÉPÊCHE — Entre 59 millions et 186 millions d’euros par an : face au coût médical des allergies à l'ambroisie, les autorités tentent d'endiguer cette plante exotique, invasive et hautement allergène, importée en France au 19ème siècle.

En Auvergne Rhône Alpes, une région particulièrement touchée par ce fléau, l'arrivée massive des pollens a eu lieu le 11 août cette année. Elle s'étend sur "une période d'un mois, c'est-à-dire jusqu'à la première quinzaine de septembre", explique Hervé Bertrand, technicien santé environnement à l'ARS Auverne-Rhône-Alpes et référent régional sur l'ambroisie.

"Le problème, c'est que c'est une plante qui est en train d'arriver en fleurs et si on ne coupe pas avant, il va y avoir le pollen, les graines, donc l'idéal, c'est de couper pour éviter que le pollen devienne allergisant (rende allergique)", détaille Gabriel Freire, chef d'équipe au service voirie du département du Rhône, qui procède au fauchage.

Les feuilles de l'ambroisie à feuille d'armoise, une plante très invasive originaire d'Amérique du Nord, sont découpées, vertes sur les deux faces, la tige est plutôt rougeâtre, couverte de poils blancs.

Rhinites, conjonctivites, démangeaisons : "Ce qui est typique de l'allergie à l'ambroisie, c'est qu'elle génère beaucoup plus de risque d'asthme. On n'est pas sur un petit rhume des foins", décrit Hervé Bertrand.

Selon Daniela Muti, allergologue au CHU de Clermont-Ferrand, son pollen "même à des concentrations faibles, donne des symptômes importants". La qualité de vie est très dégradée, jusqu’à mettre la vie des patients asthmatiques en danger si rien n’est fait.

En moyenne, 10% de la population est allergique dans les zones infestées, mais ce pourcentage peut atteindre plus de 25%, selon M. Bertrand.

Le nombre de personnes allergiques pourrait encore croître avec l'augmentation de CO2 dans l'atmosphère, jusqu'à 10 millions en 2041-2060, selon les scientifiques.

En 2020, l’Anses avait estimé que la prise en charge médicale représentait entre 59 et 186 millions d’euros par an, sans compter les pertes de production, comme les arrêts de travail, entre 10 et 30 millions d’euros.

Perte de cultures

En Auvergne-Rhône-Alpes, l'ARS a mis en place des plans d'action dès les années 2000.

La région — notamment la vallée du Rhône — est la plus touchée avec 80% des signalements, explique Frédéric Caray, en charge du plan de lutte contre les ambroisies Auvergne-Loire pour la Fredon, réseau national de surveillance des espèces nuisibles à la santé humaine.

Les départements les plus concernés sont le Rhône, l'Ain, la Drôme, l'Isère : "C'est une plante qui s'est propagée via des travaux routiers et qui a une grande capacité à s'installer dans les grandes cultures. L'est lyonnais réunissait toutes les conditions qui ont facilité son installation", raconte M. Bertrand.

Mais l'ambroisie est capable de pousser de plus en plus haut, notamment sous l'effet du réchauffement climatique.

D'autres départements appelés "zones de front", moins infestés, sont très surveillés comme la Haute-Loire, le Cantal, les Charentes ou la Côte d'Or.

"L'objectif est double : limiter les quantités de pollen pour les zones d'infestation, plutôt par le broyage ou le fauchage, et éviter sa propagation dans les zones de front par arrachage", selon M. Bertrand.

"C'est une lutte qui intéresse tout le monde : collectivités, entreprises et particuliers", assure-t-il.

Des campagnes d'arrachage sont organisées au printemps jusqu'à fin juillet, avant floraison. Une plateforme de signalement a été mise en place et des arrêtés préfectoraux rendent obligatoire sa destruction.

À Vendat dans l'Allier, l'association Les Jardiniers du Bourbonnais organise chaque été une opération d'arrachage : "Cela fait huit ans que nous pratiquons l'arrachage définitif et ça marche, nous n'en avons quasiment plus", se félicite son président Claude Grollet, tout en regrettant que les communes alentours n'en fassent pas autant.

Aux nuisances sanitaires s'ajoutent des baisses de rendements pour les cultivateurs de maïs, soja ou tournesols : "elle prolifère tellement (...) on peut perdre carrément la culture" et "économiquement, ça pèse, donc il faut agir en amont", souligne André Coppard, vice-président de la chambre d'agriculture de l'Isère.

Enfin, cette espèce contribue à l'appauvrissement des milieux qu'elle colonise, explique Frédéric Caray.

Seul intérêt : elle est comestible pour les ovins et les caprins. Des expériences d'écopâturage ont été menées. "Ce peut être une des voies de gestion, mais elle ne suffira pas à l'éradiquer", assure-t-il.

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