Le maire de Cholet démissionne du conseil de surveillance de l’hôpital public

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FranceSoir
Publié le 01 juin 2022 - 15:17
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Gilles Bourdouleix, le maire de Cholet (Maine-et-Loire)
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Jean-Sebastien Evrard / AFP
Gilles Bourdouleix a démissionné en même temps que son adjoint et conseiller départemental Patrick Brault.
Jean-Sebastien Evrard / AFP

"L'hôpital est en crise", tempêtent de nombreux soignants. Ce jeudi 26 mai, le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, a annoncé sa démission du Conseil de surveillance du centre hospitalier de la ville, à travers un communiqué.

"Il est loin le modèle médical français..."

L’hôpital de Cholet est touché comme les autres par la crise du système de santé. Le maire Gilles Bourdouleix a annoncé sa démission dans un communiqué ce jeudi 26 mai.

Suite à une "expérience familiale" qui lui a ouvert les yeux, il s'inquiète de la situation actuelle des établissements hospitaliers. "Humainement, je ne peux pas continuer d’être complice de la maltraitance dont sont victimes les patients choletais en raison du manque de moyens apportés par l’État", annonce-t-il. Il met notamment en cause le "rôle technocratique et inefficace" de l’Agence régionale de santé.

"Il est loin le modèle médical français. L’hôpital est en crise", déplore-t-il. D’après Ouest France, la décision intervient quelques jours après l’accord signé au centre hospitalier de Cholet pour "améliorer les conditions de travail". Un budget d'1,6 millions d’euros et "vingt embauches supplémentaires sur trois ans" ont été actés par la direction de l'hôpital, dans le cadre du Ségur de la santé.

Le maire de Cholet a révélé sur Ouest France, "Lorsque vous voyez quelqu’un arriver à 0h30 aux urgences, qui est vraiment pris en charge, radio et compagnie, à 15 h dans la journée, que la personne attend 17 h pour avoir une chambre… J’insiste sur la qualité du travail des soignants, mais ils font avec ce qu’ils ont, les pauvres".

La démission du maire de Cholet s’est accompagnée de celle de son adjoint et conseiller départemental, Patrick Brault, également membre du conseil.

Pénurie de soignants : le mal persiste

Sur Sud Radio, le maire de Cholet demande pardon à ceux qui avaient déjà alerté : "je présente mes excuses à mes concitoyens, je ne les ai peut-être pas suffisamment écoutés". Il ajoute que lui-même avait déjà rapporté à plusieurs reprises la situation insoutenable des hôpitaux : accueil des urgences en pleine nuit, des patients pris en charge le lendemain matin seulement, n’obtenant des chambres que le lendemain soir...

Dans la même émission d'André Bercoff, l'élu s'interroge, à partir de son expérience, sur une possible volonté de démantèlement de l'hôpital public et d'une privatisation diffuse qui ne dit pas son nom. Et ose la question : "quelles sont les relations entre le pouvoir en place et les dirigeants de certains groupes privés ?"

"Quelles sont les relations entre le pouvoir en place et les dirigeants de certains groupes privés ?"

Gilles Bourdouleix

La crise hospitalière revenant sur le devant de la scène, ses victimes témoignent : sur RMC, Claudine, une retraitée des Yvelines, déclare : "Mon mari est resté onze heures dans la salle d'attente aux urgences, et ils l'ont retrouvé mort par terre, comme un chien".

Une commission d’enquête sur la "situation de l’hôpital public et le système de santé en France" s'était tenue au Sénat en janvier. Constituée à l’initiative des Républicains, la commission s'était penchée sur la fermeture des lits, et principalement sur la démission de personnel soignant. Le jeudi 31 mars, la rapporteure Catherine Deroche (LR), a présenté les conclusions de ce rapport : "autant de signes d’un malaise hospitalier aux ressorts anciens, accentués par deux ans de crise sanitaire", déclare-t-elle.

"Depuis la mi-avril, le niveau de tension a fortement diminué", le directeur de l'hôpital s'exprime

À Cholet, Pierre Vollot, le directeur du centre hospitalier, a déclaré dans un communiqué publié ce lundi que les tensions hospitalières n’étaient plus d’actualité. Il souligne que "depuis la mi-avril, le niveau de tension a fortement diminué. Le centre hospitalier de Cholet confirme qu’il remplit à ce jour l’intégralité de ses missions, notamment pour la prise en charge des urgences". Mettant en avant le fait que l’hôpital a "connu de fortes tensions sur la gestion de ses lits et une saturation de son service d’urgences pendant la période de janvier à mi-avril". Il présente les nombreux facteurs de tension : "Le manque de lits d’aval compte tenu de la fermeture partielle de lits d’EHPAD ou de SSR (Soins de suite et de réadaptation, ndlr) du territoire, l’incidence forte du covid, majorée par les épidémies saisonnières de grippe et de gastro-entérite, l’augmentation de l’absentéisme du personnel".

Le directeur avait évoqué un nombre de passages aux urgences qui avait augmenté de "10 %" en début d'année (Ouest France). Le personnel soignant est à bout et les démissions planent au-dessus des établissements hospitaliers. Le syndicat Sud s'alarme : "tous les jours, on a des appels d’agents qui veulent quitter leur service. Un jour, ça va craquer !"

Rappelons qu'Amine Umlil, le responsable de la pharmacovigilance à l'hôpital de Cholet, est en lutte avec la direction de l'hôpital depuis le début de la crise. Le Dr Umlil a été auditionné le 24 mai 2022 au Sénat, par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) sur les effets indésirables des vaccins contre le Covid-19.

Voir aussi : Amine Umlil sera auditionné au Sénat le 24 mai sur les effets indésirables du vaccin anti-Covid

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