Japon : J-Alert, cette application qui a réveillé les Japonais, leur annonçant le tir d'un missile nord-coréen
La France a son application Alerte Attentat (SAIP de son nom officiel), régulièrement critiquée d'ailleurs pour avoir connu quelques "ratés". Les Japonais, eux, ont "J-Alert". Et si la version hexagonale permet d'alerter les Français des risques d'attentat en temps réel (ce qui est de fait rarement le cas), J-Alert a un objectif propre au Japon: prévenir les populations d'un risque imminent. Comme le tir d'un missile en provenance de la Corée du Nord, ce qui s'est produit dans la nuit du lundi 28 au mardi 29. C'est en effet cette application qui a réveillé à 6h du matin des millions de Japonais les avertissant que Pyongyang avait franchi un cran dans les tensions agitant la région.
"Un missile a été tiré de Corée du Nord. S'il vous plaît, évacuez vers un lieu sûr ou un sous-sol" annonce le message (reçu à 6h02, heure locale).
Alarm from JP Gov. "A missile was fired from North Korea. Please evacuate to a sturdy building or basement." #northkorea #Japan pic.twitter.com/38NNCteqY2
— Chiho komoriya (@Chihokomoriya) 28 août 2017
Le missile est passé au-dessus de l'île d'Hokkaido, au nord du pays, avant de s'écraser dans l'océan Pacifique sans faire de dégâts. Douze minutes après le premier message, un second a été envoyé demandant aux habitants de la zone de ne pas toucher quoique ce soit qui serait "suspect".
En plus de l'alerte reçue par message, une sirène a retenti dans la région concernée, et les trains se sont brièvement arrêtés. Les municipalités sont les premières à recevoir les messages envoyés par l'application J-Alert, dans un délai d'environ une seconde après l'émission. Il faut entre 4 et 20 secondes pour que le message soit transféré à ceux qui ont téléchargé l'application sur leur mobile, selon la performance de leur téléphone.
Problème: si le système est visiblement efficace pour transmettre l'information de la menace en un temps record, les populations ont bien du mal à savoir comment réagir. En effet, J-Alert a, à l'origine, été conçu en 2007 pour prévenir les habitants d'un risque de catastrophe naturelle comme une éruption volcanique, un épisode climatique intense et dangereux, un séisme ou l'imminence d'un tsunami. Or, si les Japonais sont préparés de longue date à savoir adopter le comportement adéquat en cas de cataclysmes, les médias locaux ont rapporté la perplexité des habitants pour l'épisode de cette nuit, se demandant que faire si le missile, avec un risque nucléaire qui plus est, s'écrasait à proximité.
"L'alerte me demandait d'évacuer, mais je n'avais aucune idée d'un bâtiment dans la ville qui résisterait à un tir de missile. Je ne savais absolument pas où aller" explique à l'agence de presse Kyodo News un pêcheur de 38 ans de la région. Interrogé également, un Australien résidant à Sapporo et ne parlant pas japonais a expliqué qu'il n'avait compris du message que les mots "Corée du Nord" et "missile", sans saisir la consigne de sécurité. En principe, hormis les messages purement météorologiques, l'envoi se fait en plusieurs langues (dont l'anglais et le portugais mais pas en français). Si J-Alert s'avère donc plus fiable que SAIP sur le "temps réel", reste encore à savoir comment donner la bonne consigne dans un message concis sur la conduite à tenir en cas de déclenchement d'une attaque nucléaire...
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