Assises du Produire en France : pour Yves Jégo, la tendance est à "un retour vers le patriotisme économique"

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Propos recueillis par Damien Durand
Publié le 07 septembre 2016 - 19:00
Mis à jour le 09 septembre 2016 - 10:58
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Yves Jégo.
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©Gilles Bassignac/JDD/Sipa
Une partie du patronat n’est pas en phase avec l’approche que nous défendons" explique Yves Jégo.
©Gilles Bassignac/JDD/Sipa
Le "fabriqué en France" était en 2012 le concept fort d'Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif. Jeudi et vendredi se tiennent à Reims les "Assises du Produire en France", événement de promotion de l'intérêt de produire dans l'Hexagone. Le député UDI Yves Jégo, l'un des organisateurs de la manifestation répond aux questions de "FranceSoir".

Jeudi 8 et vendredi 9 septembre de tiennent à Reims les "Assise du Produire en France"Parrainé par Yves Jégo et Arnaud Montebourg, candidat à l'élection présidentielle, l'événement est consacré à "la défense des produits, des emplois et des savoir-faire français". Au deuxième jour de la manifestation sera même organisé un "Grand oral de l'Elysée" où les principaux candidats à la présidentielle doivent en principe s'exprimer sur leur programme pour faciliter la production sur le territoire national. 

Yves Jégo, par ailleurs député de Seine-et-Marne, maire de Montereau-Fault-Yonne et président de Pro France, qui délivre le label "Origine France garantie", revient pour FranceSoir sur le chemin qu'il reste à parcourir pour faire pleinement accepter les avantages du "fabriqué en France".

 

Que manque-t-il selon vous à la France aujourd’hui pour qu’il devienne évident que "produire en France" est une vraie valeur ajoutée pour les industriels?

"Il faut tout d’abord changer certaines mauvaises habitudes concernant le secteur industriel, et notamment le recours trop massif à la sous-traitance. Il faut aussi mieux attirer le consommateur avec une information encore plus accessible. C’est le sens du label Origine France garantie qui vise notamment à distinguer les produits réellement fabriqués en France de ceux qui le sont +pour de faux+ (typiquement un produit conçu en France mais fabriqué à l’étranger, NDLR).

"Et enfin, il y a encore des questions relatives à la compétitivité des prix. Même si tous les produits ne peuvent plus être concernés, ce débat existe toujours. Mais je reste confiant, les choses bougent de plus en plus".

Pourtant le secteur industriel français continue de s'éroder, année après année. Qu’est-ce qui bloque?

"Une partie du patronat n’est pas en phase avec l’approche que nous défendons. Il ne faut pas se le cacher: la disparition de l’outil de production français vient en partie de la recherche de marges plus importantes. Mais la dynamique actuelle est positive et on voit que tous les grands pays sont en train d’amorcer un retour vers le patriotisme économique".

Le concept de "Fabriqué en France" avait été fortement relancé dans le débat politique en 2012 avec quelques produits phares mis en avant. Mais quid quatre ans plus tard? Les résultats ne sont-ils pas décevants?

"Bien sûr les choses ne sont pas parfaites et il faut accélerer le mouvement. Mais je note que le sujet interpelle maintenant toute la classe politique et que de nombreux candidats viendront s’exprimer à la tribune. Plus concrètement, de mon côté, je continue à remettre pratiquement toutes les semaines des labellisations Origine France garantie à des entreprises, le signe que cette certification est un plus. Et le tout sans avoir à demander le moindre sou d’argent public".

A l’approche des présidentielles, quelles attentes exprimez-vous en tant que promoteur engagé du "produire en France"?

"Les chefs d’entreprise attendent des discours clairs. Des candidats à la présidentielle de 2017 vont venir s’exprimer lors des Assises, et je vous annonce que nous inviterons l’année prochaine celui qui aura été élu pour qu’il vienne donner des comptes sur son action.

"Après, nous défendons une mesure en particulier qui est la création d’un Crédit impôt production qui serait calqué sur le Crédit impôt recherche. Ce dernier visait à accorder une aide fiscale à une entreprise qui rapatriait ou développait en France des capacités d’innovation. Notre idée du Crédit impôt production serait de faire de même mais pour les entreprises qui décident de maintenir leur production en France. Cela n’impacterait pas les autres entreprises qui ont fait le choix de la délocalisation et apporterait une réponse à l’enjeu majeur derrière toutes ces questions: l’emploi."

 

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