Canson, petits papiers et grande histoire

Auteur(s)
PP
Publié le 06 août 2015 - 17:42
Mis à jour le 19 août 2015 - 15:44
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Une pochette Canson des années 1950.
Crédits
©DR
Une publicité, datant des années 1950, pour la pochette Canson.
©DR
Plus de 450 ans d’existence, peu de marques peuvent en dire autant. Mêlant beaux-arts, petite et grande histoire ainsi qu’invention, la saga de l’entreprise Canson, longtemps restée familiale, est hors du commun.

"Laissez parler/ Les p’tits papiers/ A l’occasion…"  papier Canson? Régine aurait pu en faire une rime de sa chanson, tant le nom de la marque est passé dans le langage courant. Car Canson, avec plus de 450 ans d’histoire, est l’une des plus anciennes entreprises de France.

Si elle ne porte ce nom que depuis le début du XXe siècle, la société est née à la Renaissance. Elle a été fondée en 1557 par la famille Montgolfier, papetiers de père en fils depuis qu’un de leurs ancêtres a ramené le secret de la fabrication du papier de Damas, où il était prisonnier durant la deuxième Croisade (XIIe siècle).

Installée dans la région de Lyon depuis toujours, l’entreprise familiale se fixe définitivement (l’unique site de production de papier de la marque y est toujours) dans la petite commune rhônalpine d’Annonay à la fin du XVIIe siècle. La faute à deux des fils Montgolfier, Michel et Raymond, qui se sont épris des filles du propriétaire du moulin à papier de Vidalon, un hameau devenu quartier d’Annonay. La descendance nombreuse (19 enfants pour Raymond!) issue de ces unions ancre la dynastie sur ce territoire.

Devenus célèbres pour la qualité de leur papier vélin, mis au point en 1777, les Montgolfier s’illustrent ensuite dans un tout autre domaine. Le 14 décembre 1782, dans la cour de la manufacture familiale, un curieux sac de papier s’élève et prend son envol… Joseph et Etienne Montgolfier viennent d’inventer le ballon qui prendra leur nom et qui sert encore aujourd’hui de logo à la marque.

La papeterie, devenue entre-temps manufacture royale, est rebaptisée Montgolfier et Canson lorsqu’un des Canson, le gendre d’Etienne (qui n’a eu que des filles), en prend les rênes en 1801. Et, moins de dix ans plus tard, Barthélémy Barou de la Lombardière de Canson s’affirme comme un visionnaire grâce à une invention préparée et mise au point dans le plus grand secret –le papier était alors au centre d’importants enjeux économiques–, le papier calque.

L’art en Canson

L’histoire de Canson est marquée par l’innovation, qu’elle soit industrielle (perfectionnement de la résistance du papier, des méthodes de fixation des couleurs…) ou technique. Et, outre le vélin et le calque, on lui doit aussi la mise au point du papier photo, en 1853, ainsi que de nombreux papiers adaptés aux différentes demandes artistiques.

A propos d’art, la liste des artistes ayant peint, croqué, gouaché, calqué, avec du papier Canson est longue: Degas, Matisse, Ingres, Léger, Warhol, Delacroix… pour ne citer que quelques-uns des plus connus. "Canson a toujours considéré comme important le lien avec les artistes", a assuré à FranceSoir Catherine Barthe, directrice de la marque, qui rappelle que certains produits ont été créés spécialement pour eux. A l’instar du Montval (un papier dédié aux aquarelles et qui se corrige aisément), inventé à la demande du peintre et sculpteur Aristide Maillol, en 1910.

International

Mais c’est à un produit bien plus basique que Canson doit sa renommée populaire. Présente sur les listes de fournitures de tous les écoliers de France, qui se préparent petit à petit à entamer une nouvelle année scolaire, la fameuse pochette Canson, inventée en 1947, a catapulté la marque au rang de monument. Du moins en France, à en croire Catherine Barthe, qui explique que ce produit n’est pas distribué à l’étranger. Un marché pourtant important pour Canson, qui s’est étendue à l’international depuis les années 1920, et qui pèse 75% de sa "centaine de millions d’euros" de chiffre d’affaires.

Mais, au-delà du marché scolaire, c’est le secteur de l’art –la moitié des débouchés de Canson– qui est le moteur de l’entreprise. Et elle fait tout pour que cela continue. Partenariats avec des musées, fonds de mécénat et autres prix artistiques portant son nom: l’entreprise devenue filiale du groupe français Hamelin (Oxford, Super Conquérant, Airness…) fait tout pour rester dans les petits papiers des artistes. Car elle a bien compris que c’est avec eux que continuera à s’écrire son histoire.

 

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